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Comment faire revivre une légende quand deux de ses trois piliers nous ont quittés ? C'est le pari audacieux, presque fou, que relève Carl Palmer avec sa tournée An Evening with Emerson, Lake & Palmer.
Le 14 septembre dernier, au Théâtre St-Denis, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. En tant que fan de la première heure, celui qui était au Stade olympique en 1977, j'étais partagé entre l'excitation et une certaine appréhension. J'en suis ressorti ravi, secoué et incroyablement touché.
Dès son entrée en scène, Carl Palmer, seul survivant du mythique trio, nous parle avec une nostalgie palpable. Il nous donne l'impression de prendre une bière avec un vieux copain qui raconte ses années folles. Et pour lui, Montréal occupe une place de choix dans ces souvenirs. Il a rappelé avec émotion ce fameux concert de 1977 au Stade olympique, l'un des premiers grands stades pour ELP, un moment gravé dans l'histoire du rock montréalais. La connexion étant alors établie, la soirée s'annonçait spéciale.
Pour pallier l'absence des regrettés Keith Emerson et Greg Lake, Palmer ne s'est pas contenté de bandes sonores. Il a recruté deux véritables génies, Paul Bielatowicz à la guitare et Simon Fitzpatrick à la basse et au Chapman Stick.
Ne vous fiez pas à leur jeunesse, ces deux musiciens accomplis ont relevé le défi monumental de s'attaquer aux partitions complexes d'Emerson et de prêter voix, pour Bielatowicz, aux douces mélodies de Lake.
Mais la vraie magie de la soirée opère grâce à la technologie. Sur des écrans géants, des enregistrements d'archives (du Royal Albert Hall, de Montréal et même d'une émission de télé allemande où le groupe jouait, partageant la scène avec un tigre vivant !) nous ramènent Keith et Greg.
Palmer joue sa partition de batterie en direct, en parfaite synchronie avec ses amis disparus. Le trio sur scène se joint parfois à la fête virtuelle. Le résultat est bluffant, un pont entre les époques qui donne la chair de poule.
Ceux qui s'attendaient à un simple « best of » ont été surpris. Oui, les incontournables comme Lucky Man et l'explosive Fanfare for the Common Man étaient au rendez-vous.
Mais Palmer s'est surtout fait plaisir en nous plongeant dans les méandres d'un Tarkus bien assaisonné. C'est là que l'on retrouve sa signature unique : ces rythmes complexes, presque mécaniques, démembrés par des transitions asynchrones qui n'appartiennent qu'à lui. Son célèbre solo de batterie, livré avec la fougue de ses 20 ans, a d'ailleurs mis le feu à la salle. On a assisté à une bonne dizaine de minutes de pure magie : ses membres semblaient se démultiplier dans un mouvement à la fois puissant et d'une fluidité déconcertante, comme s'il possédait huit bras. Et au terme de cette incroyable prouesse, il est apparu impérial, sans même une perle de sueur au front !
Un hommage particulièrement touchant a été rendu à Keith Emerson, avec la diffusion de cette scène d'anthologie où, en plein Fanfare for the Common Man, il se bat avec son orgue Hammond avant de le détruire sur scène. Une folie créatrice typique des grands groupes britanniques de l'époque.
Dans la salle, une mer de cheveux gris, la mienne y comprise. Mais contrairement aux concerts hommages à Pink Floyd ou Led Zeppelin qui attirent les jeunes curieux, l'audience d'ELP était composée de fidèles, de purs et durs. Des gens qui, comme moi, étaient là en 1977. Nous étions entre initiés, et ça rendait l'expérience encore plus précieuse.
En somme, ce spectacle est une magnifique réussite. C'est un voyage nostalgique, mais de la bonne manière. Il nous rappelle à quel point le spectre du rock progressif des années 70 était large.
Si les Beatles et les Stones étaient les maîtres de la chansonnette radio, ELP était, et Palmer l'est encore, le maître des œuvres symphoniques modernes.
Avec la maturité, on décèle aujourd'hui les influences de Stravinsky ou de Bartók dans leur musique, héritage de leur passage dans des formations fondatrices comme King Crimson.
Je lève mon chapeau à Paul Bielatowicz et Simon Fitzpatrick. Remplir les souliers d'Emerson et Lake avec autant de grâce, de classe et de brio n'est pas donné à tous.
Si vous avez vibré au son du rock britannique des années 70, ne manquez pas cette tournée. Et si votre jeune âge explique votre absence à l'époque, venez découvrir que le rock peut aussi être de la grande musique classique moderne.
Bravo aux Productions Martin Leclerc pour avoir programmé le spectacle An Evening with Emerson, Lake & Palmer à Montréal, seule ville canadienne visitée lors de cette tournée.
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