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Le 24 septembre, la pièce Rhinocéros a été présentée en première au Théâtre Denise-Pelletier, lançant ainsi la saison 2025-2026. Revisitée par la metteuse en scène Marie-Ève Milot, cette œuvre de Ionesco reprend vie dans une adaptation toujours aussi criante que nécessaire.
Le Théâtre Denise-Pelletier a entamé sa saison en choisissant une pièce percutante, à l’heure où les conflits et le totalitarisme rongent le monde. Dans une mise en scène de Marie-Ève Milot, qui avait auparavant mis en scène Mama et Docteure, la pièce d’Eugène Ionesco, initialement publiée en 1959, a été remise au goût du jour. À l’époque, Rhinocéros dénonçait déjà la montée du totalitarisme et la réaction passive et incrédule des autres, et sa présentation en ouverture de saison n'a fait que confirmer son importance.
Une grande partie de la pièce repose sur l’humour absurde et les situations grotesques qui s’enchaînent, provoquant des rires dans la majorité du public. On pensera par exemple à la mort du chat avec le jeu de Gabriel Szabo et ses hurlements de terreur, qui feint ensuite un malaise théâtral, provoquant un éclat de rire dans la salle.
Cette simple scène, aussi hilarante que symbolique, met le doigt sur une question qui ne nous quittera jamais : est-il acceptable que des chats soient écrasés par des rhinocéros ? Ont-ils le droit de tuer parce qu’ils sont plus grands ? Faut-il vraiment abandonner la morale pour adopter la loi de la jungle ?

L’humour allège la pièce sans la dénaturer. On expose graduellement le public à des comportements et à des réactions qui semblent irrationnels, voire impossibles, mais qui sont bel et bien réels en temps incertains.
Nous faisons toujours face à la réalité que l’équilibre est fragile et précaire. Alors que certains affichent un air résigné, que d’autres sont révoltés, les interrogations émergent. Comment est-il possible qu’un tel évènement arrive dans un pays civilisé ?
Le rire s’éloigne finalement pour donner un élan plus sérieux à la pièce, comme pour souligner la gravité de la situation.
Le débat fait rage, et ceux comme Bérenger (Christophe Payeur) qui restent humains et résistent deviennent mal compris face à ceux, comme Jean (Renaud Lacelle-Bourdon) et Dudard (Lamia Benhacine), qui finissent par accepter de se laisser emporter devant la montée de la rhinocérite, et « Malheur à celui qui veut conserver son originalité ».

Les décors illustrent parfaitement ce mal qui ronge et qui devient de plus en plus préoccupant. Deux façades de bâtiments sont disposées sur la scène, l’une se déplaçant sur des roulettes pour réduire l’espace disponible. L’étau se resserre à mesure que la rhinocérite se propage et que les derniers humains deviennent de plus en plus rares.
Dans cette pièce, on observe de l’incrédulité, la pensée d'un mythe, la propagande, le détachement, l’acceptation ou encore la paranoïa. Elle trace progressivement et presque en totalité les différentes phases du deuil de l'humanité.
Le tout débute, pour certains, avec le déni de l’existence des rhinocéros. Ensuite arrive la colère ou l’indignation, puis la remise en question, où des personnages viennent à dire que, finalement, ce n’est pas si mal comme situation.

Le sentiment de solitude ou d'exclusion mène d’autres vers l’acceptation, prônant qu’« il faut suivre son temps » ou encore que « Si c’est comme ça, c’est que ça ne peut pas être autrement ».
Marie-Ève Milot sensibilise et apporte les mots justes, pointant du doigt l’inaction, l’accoutumance à un état insensible et naïf. Par peur ou par fatalisme, certains choisissent de rejoindre le mouvement. La violence intériorisée devient banale, à tort. Il faut résister, quoi qu’il advienne. Il faut préserver son originalité, son humanité et demeurer lucide, même si le doute nous assaille et que ceux que l’on croyait être nos alliés finissent par partir.

C’est là toute la subtilité de Rhinocéros, qui ne nomme pas directement, mais dont les propos résonnent et restent remplis de sens. L’écho avec l’actualité est fort : la rhinocérite se répand dans la pièce, tout comme le totalitarisme peut s’installer en un claquement de doigts.
Cette pièce de Ionesco invite à ne pas se laisser emporter par le courant candide, par l’inaction, mais plutôt à résister, sans cesse, sans jamais perdre espoir, et continuer.
Rhinocéros est présentée jusqu'au 18 octobre 2025.
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