La compositrice montréalaise Liberté Anne proposait le 27 août au White Wall Studio (WWS), une nouvelle édition de son concert ONDES avec son groupe FROTAE. La formation qu’elle dirige réunit 5 saxophonistes : Geneviève Gauthier (alto), René Zeledon (ténor), Allison Burik (baryton), Philippe Lauzier (alto, soprano) et Naomi McCaroll-Butler (ténor, glissotar). Le multi-instrumentiste Christopher Edmondson, alias Ivy Boxall, faisait office de première partie.

La musique qui nous était offerte ce mercredi soir puisait toute sa force dans la qualité du souffle de ses auteurs. En compagnie de ces derniers, nous étions invités à respirer amplement et à basculer en périphérie du réel, grâce à une expérience musicale immersive propice au recueillement. Le WWS était rempli de bean bags, coussins et couvertures, sur lesquels le public méditatif était installé. L’espace de création indépendant qui accueillait l’évènement invoquait le calme. Ses hauts plafonds et ses grandes fenêtres nous incitaient à nous poser un moment. 

Ivy Boxall donnait le ton de la soirée avec une performance d’ouverture mélangeant musique expérimentale, électronique et jazz. Le musicien a graduellement élaboré un environnement sonore gonflé de murmures ondulatoires. Boxall nous confiait après le spectacle que la configuration d’instruments qui l’entouraient était nouvelle : synthétiseur, matériel électronique varié, sans oublier le saxophone que l’artiste a merveilleusement bien exploité. Les sons du cornet de métal doré surprenaient. Ils formaient toutes sortes de textures, autant de frictions que de caresses qui venaient décorer l’arrière-plan de drones ondoyants. Puis, les bruits sont devenus subtils et lointains, rappelant des chants vaporeux de sirènes.

FROTAE a pris le relais pour conclure la soirée avec une poésie 100% acoustique, échafaudée sur la respiration de ses interprètes et de leurs instruments à vent. Certaines flûtes utilisées en ouverture étaient conçues de toutes pièces par Naomi McCaroll-Butler. Dès les premières notes, le voyage s’annonçait percutant. Les musiciennes et musiciens ont ouvert un riche dialogue, basé sur une écoute notoire des interventions de chacune et chacun.

Les sons évoquaient la corne de brume d’un bateau perdu en mer, solitaire au creux du brouillard, cherchant à signaler sa présence. La tempête se levait et l’orage éclatait, le volume augmentait et le bateau tanguait, donnant le mal de mer. J’étais présente lors de la dernière édition d’ONDES. Liberté Anne me racontait alors qu’elle souhaitait avec son travail, guider l’audience en direction d’un chemin où le son n'est pas seulement entendu, mais ressenti. 

La musique m’a cogné de plein fouet mercredi, me sortant de ma zone de confort. Les instruments gémissaient par moment, et nous faisaient vivre par le biais de leurs complaintes, un grand trouble. Nous avions parfois l’impression d’être pourchassés par un essaim d’abeilles en furie. Le battement de mon cœur et la cadence de mon souffle suivaient la musique, jusqu’à ces espaces tellement guérisseurs que nous visitions. Il ne s’agissait pas que de malaise, mais parfois aussi de sublimes baisers auditifs, d’une douceur exceptionnelle, qui nous berçaient doucement.

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