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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
ENTRE CHIEN ET LOUP ET NELLY
Au bar de l'hôtel, les fauteuils de cuir sont dispersés comme des pions sur un échiquier. Je vois la ville qui s'illumine doucement entre chien et loup. Un bar d'acier et miroir au dessus duquel une multitudes de verres scintillent discrètement. Une table ronde un peu vide sur laquelle repose un plat de pistaches que je n'aime toujours pas . À ma droite un homme d'affaire mal fagoté ; costard trop grand, mal coupé. Mais on les dit les plus salaces . Ils se cachent derrière leur conservatisme pour mieux surprendre , déstabiliser. Pour DSK c'était son regard paternel, son droit de cuissage, ses qualités d'amant semble-t-il , et surtout son argent et son intelligence qui aurait sûrement fait de lui un excellent président de la France.
Je suis calme, soulagé et excité comme quelqu'un qui vient d'abandonner ou de gagner. Je viens ici cesser de bouger, de penser. La dernière fois c’était il y a 15 ans. Malgré le nouveau mobilier c’est surtout l’absence de fumée qui me frappe. Il y a une femme au bar. Est-ce une escorte? Peux pas dire c'est mon olfaction qui me fait les repérer. Une odeur très particulière qui tend à camoufler le client précédent ,et qui fait éternuer le suivant. J'hésite d'ailleurs entre escorte et avocate. Je pourrais aller vérifier. À part l'odeur, il y a le râteau qui fait aussi la différence. C'est un hôtel du centre ville. Je trouve cela dépaysant. C'est très anglo, très anonyme, pas trop charmant. Il y a un petit clinquant Las vegas pour la clientèle Américaine du grand prix. Le barman, jeune quarantaine cheveux lissés, petite bedaine et souliers légèrement négligés. En dehors de son vocabulaire de barman, tout échange est fait de mimiques.
Je pense soudainement à Nelly Arcand. C'est peut-être la sortie récente d'un livre sur elle de Claudia Larochelle "Je veux une maison faite de sorties de secours". Ou encore du prochain film d'Anne Émond "Nelly". J'aurais payé pour être avec elle. Mais depuis qu'elle est morte, j'aurais plutôt envie de lui parler. Je me console en la lisant. J'ai toujours beaucoup respecté les gens qui se suicident. C'est comme s'ils criaient leur douleur au monde et qu'ils disaient à l'univers qu'il y avait une limite et que c'est eux qui malgré les 40,000 milliards de galaxies qui décideraient lorsqu'elle serait atteinte.
Je suis assis seul à une table parce qu'au bar j'ai toujours eu l'impression que tout le monde se tortille en attendant une table. Il y a du basket à la télé. Je crois que ce serait plus populaire que le baseball à Montréal. La serveuse me demande ce que je désire? Puis, je fixe la porte d'entrée du regard. On m'apporte ma bière. Je la regarde. Il y a un collet assez dense comme j'aime aussi pour les lattés. Je me lève je marche vers les toilettes. Je passe près du bar. Non ce n'est pas une escorte. Je regarde le centre-ville par la fenêtre et j’y vois l'édifice cruciforme. Un des symboles de la modernité des années 60.
Au retour, je me dirige vers le bar; je m'y arrête cette fois-ci pour complimenter la barmaid sur ses magnifiques cheveux roux. Elle me répond que c'est une perruque, car elle n'a pas le droit de travailler avec les cheveux bleus. Je me demande si toutes les femmes qui portent un hijab ont les cheveux bleus? Je fais signe à la serveuse et lui mentionne que je ne boirai pas la bière et que ce sera plutôt un latté très chaud, très onctueux, avec un allongé à côté et un verre d'eau. Je mets 3 sucres dans mon allongé. Mon voisin, pour engager la conversation, me mentionne gentiment que le sucre n'est pas très bon pour la santé. Je me dis qu'il y a des jours où il faut vraiment beaucoup, beaucoup de sucre dans le café pour ne pas atteindre sa limite.