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Vendredi 24 novembre au Théâtre Alphonse-Desjardins, l’association de Repentigny pour l’avancement de la musique (Aramusique) présentait le Duo Fortin-Poirier - réunissant les excellentissimes pianistes et duettistes Amélie Fortin et Marie-Christine Poirier - dans Nuit Blanche, un électrisant programme de piano à quatre mains bonifié d’une projection de leur jeu de mains sur écran géant.
Le Duo Fortin-Poirier, qui en est maintenant rendu à sa 18e année d’existence a créé le concert Nuit Blanche à l’occasion de son 15e anniversaire. « Le thème de la nuit y est exploré dans toutes ses déclinaisons: le doute, l’angoisse, la passion, la fête, l’amour et le rêve s’y côtoient à travers des œuvres pour piano à quatre mains...»
Le duo est notamment « reconnu pour avoir développé le piano à quatre mains chorégraphique, une nouvelle technique inspirée de la nage synchronisée et de la danse. » C'est bien beau la « nage » synchronisée, mais la « page » (musicale) synchronisée, à deux sur un même clavier, ça aussi c'est du sport!
En plus de jouer avec autorité et grande sensibilité, les deux émérites musiciennes sont des plus affables et disertes, n'hésitant nullement à s'adresser à l'assistance pour présenter chacune des œuvres au programme et en expliquer la genèse. Les spectateurs leur en sont d'autant plus reconnaissants que dans l'univers de la musique classique les muets volontaires sont monnaie courante.
Leur programme fait allégrement cohabiter la musique classique des feus Maurice Ravel (1875-1937), Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et Alexandre Borodine (1833-1887) avec le classique moderne du Turque Fazil Say (né en 1970), de la Québécoise Maggie Ayotte (née en 1992), de l’Argentin Victor Simon (né en 1966), de l’Italo-Américain Alfonso Peduto (né en 1987) et du Singapourien Shaun Choo (né en 1991).
En première partie, c’est avec la Rhapsodie espagnole de Ravel, en quatre mouvements, que le concert prend son envol. D’abord avec un lent « Prélude à la nuit », titre on ne peut plus précurseur du thème de la soirée, suivi d’une vive « Malagueña », d’une langoureuse « Habanera » et d’une festive « Feria ».
C’est ensuite Gluck qui vient nous charmer avec son « Ballet » de l'opéra Orphée et Eurydice, dans un arrangement de Greg Anderson, avant que nous soyons happés dans le tourbillon de cinq « Danses polovtsiennes » particulièrement enlevantes extraites de l'opéra Le Prince Igor de Borodine.
Après la pause, le modernisme s’installe à demeure en commençant par l’inusitée et fascinante pièce Night de Fazil Say - qui se veut être l’évocation d’un cauchemar nocturne - au cours de laquelle les duettistes se retrouvent régulièrement à pianoter d’une seule main sur le clavier alors que l’autre main est occupée à l’intérieur du piano à manipuler les cordes pour en altérer le son qui, par moments, semble émaner d’une guitare.
Et puis c’est une douce et lente berceuse de Maggie Ayotte qui vient évoquer l’état de flottement où l’on se retrouve parfois Entre la veille et le sommeil, suivie de Enamorada de Victor Simon, un tango durant lequel Amélie et Marie-Christine font heureux usage d’un mélodica, instrument à vent et clavier dont les sonorités rappellent celles du bandonéon, l’instrument emblématique du tango.
Ensuite, le duo continue d’utiliser son arme de séduction massive pour présenter le petit bijou, autant auditif que visuel, qu’est Nachtmusik – Clockwork durant lequel les deux virtuoses se livrent à une chorégraphie, sciemment voulue et exécutée, qui se traduit par une cascade de notes et un ballet des quatre mains qui se croisent et s’entrecroisent, où les pointes, les glissés, les sauts et les entrechats sont de nature manuelle et digitale. Nos yeux sont éblouis par la chorégraphie et nos oreilles en sont ravies.
Au départ, le mélomane en moi n’est pas particulièrement friand de musique classique moderne qui trop souvent se cherche dans une perpétuelle quête d’innovation, souvent au prix de l’atonalité et de l’absence de mélodie mémorable. Or, j’admets volontiers que le choix de répertoire pour ce concert est des plus judicieux et emballant, et qu’il me réconcilie avec une certaine modernité, d'autant plus lorsqu'elle est, comme ici, visuellement complémentée et agrémentée.
La Nuit Blanche se termine officieusement dans l’allégresse avec Fiestravaganza, un ragtime endiablé de Shaun Choo, et officiellement en rappel avec ce qui est indubitablement « la » Berceuse la plus célèbre d’entre toutes, celle de Johannes Brahms, que nos deux anges de la nuit exécutent dans l'obscurité avec, pour seul éclairage, de petites « veilleuses » (ô combien appropriées pour une berceuse!) attachées aux poignets.
Au final, entre elles et l’auditeur, ça se résume toujours à un « trip à trois ». Qu'est-ce à dire? Que telles des sirènes au chant ensorcelant, les deux surdouées concertistes attirent fatalement l’auditeur dans leur bulle, et le trio ainsi formé appareille pour une mer foisonnante d’harmoniques, irrésistiblement porté par une vague mélodique.
Comme l’a jadis si merveilleusement écrit le fameux poète Charles Baudelaire :
« La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile. »
C’était ma troisième Nuit Blanche en compagnie de ces Dames. Non pas que je sois insomniaque, mais plutôt parce que « je mets à la voile » chaque fois que je me retrouve en présence de cet enivrant duo. Et ce, sans avoir recours à quelque psychotrope que ce soit : c’est ça le pouvoir magique et grisant de la musique, surtout lorsque jouée aussi talentueusement et passionnément!
Dernièrement Amélie et Marie-Christine ont eu le bonheur d’apprendre que leur disque Nuit Blanche est finaliste dans la course 2023 pour l’obtention du prix Opus pour l’Album de l’année – Musiques moderne, contemporaine. Je leur souhaite donc toute la chance et tout le succès qu’elles méritent amplement.
L’enjôleur Duo Fortin-Poirier est actif sur Facebook et vous pouvez le retrouver sur son site internet qu’il vous invite à fréquenter assidûment pour en apprendre davantage à son sujet, consulter son calendrier et même vous procurer des billets pour une prochaine prestation. Gâtez-vous! Offrez-vous un concert du Duo Fortin-Poirier. Après tout, vous le méritez bien. Mise en garde cependant : bien que sa musique soit une drogue douce, elle entraîne néanmoins l’accoutumance dès la toute première audition. Tenez-vous-le pour dit!