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Jusqu’au 27 avril, le Théâtre de Quat’Sous rend hommage à la dramaturgie islandaise contemporaine avec Helgi, une adaptation québécoise du texte de Tyrfingur Tyrfingsson, mise en scène par Marie-Ève Milot. Dernière pièce de leur saison 24-25, elle nous propulse, dès les premières minutes, dans un univers tordu, hilarant, grinçant — quelque part entre Tim Burton, un cauchemar basque et une satire nordique sous acide. Et autant vous dire que le soir de la première frappait fort : l’auteur, figure majeure du théâtre en Islande, était présent dans la salle.
L’intrigue s’ouvre sur Helgi, jeune embaumeur désabusé dans l’entreprise funéraire paternelle, qui croise à nouveau Katrin, avec qui il a récemment partagé une nuit. En toile de fond : une prophétie grotesque, annoncée par son propre père, surgissant du néant. Entre tout ça : une relation sexuellement tordue avec un boulanger, une petite fille qui imite un lapin en quête d’un père, des morts, des cadavres, du sang et une bonne dose de musique islandaise.
Ce récit nous amène dans des recoins inattendus, loin des conventions dramaturgiques auxquelles on est habitué au Québec grâce à l'adaptation limpide et brillante signée Maxime Allen. Le rythme est éclaté et la structure est déroutante. L’humour trash flirte constamment avec l’absurde et le tragique. Marketplace, Facebook, Instagram : le texte est aussi farouchement contemporain. Tyrfingsson injecte dans ses dialogues une langue contemporaine, décapante, crue et qui claque. Certaines répliques, telles que « Qu’est-ce que tu vas être beau quand tu vas être un cadavre », frappent comme un coup de poing.
Sur scène, Gabriel Lemire incarne un Helgi magistral : un être profondément dérangé, pathétique et fascinant. Sa gestuelle hallucinée, ses ruptures de ton et son regard à la dérive confirment qu’il est sans doute l’un des comédiens les plus brillants de sa génération au Québec. Vu récemment dans Le Projet Riopelle de Lepage, L’éveil du printemps d’Olivier Arteau et La vengeance et l’oubli, au Quat’sous, l’an dernier, il impressionne une fois de plus. Mention spéciale aussi à Alexandre Bergeron, qui incarne le boulanger, dont la sensibilité doucement révélée ajoute une touche inattendue dans ce monde en perdition.
La mise en scène de Marie-Ève Milot est intelligente. Le plateau en biais qui remonte vers le fond offre des angles de jeu inédits, exploitant tout l’espace pour traduire le déséquilibre psychologique des personnages. La scénographie trouble, presque irréelle, amplifie ce sentiment de glissement permanent. Et la bande-son, islandaise à souhait, est tout autant agréable que dérangeante, nous gardant constamment en haleine de ce que nous voyons. On rit beaucoup aussi, souvent à contrecœur.
Helgi, c’est ça : une tragédie trash qui fait rire jaune, une comédie noire islandaise, un monde où tout le monde est frustré, sans filtre ni rédemption. Une œuvre surprenante, portée par une équipe audacieuse qui ose aller là où c’est laid, là où ça gratte. Un ovni scénique à ne pas manquer, on vous le conseille !