Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
L'ordre public est bousculé depuis le début de cette dernière semaine d’avril par une série de phénomènes météorologiques déstabilisants. Avant la matinée de tempête de neige de mercredi suivie d’un spectaculaire ensoleillement de fin de journée, nous avons eu droit mardi à un inusité et électrique programme double au Ritz : les Brooklynois Gustaf accompagnés de l’étoile montante du stand-up Edy Modica (Jury Duty, Made for Love, Nicole).
Venue d’abord et avant tout dans l’intention de savourer le son playful et dansant de Gustaf, j’étais persuadée que j’aurais du mal à prêter davantage qu'une oreille distraite au one-woman-show qui ouvrait la soirée. À mon propre étonnement, j’ai été immédiatement happée par le charisme névrosé et sexy de Modica. Les confidences salées, livrées sous la forme d’un crescendo d’audace -qui flirtait dangereusement mais délicieusement avec l’excès- constituaient les préliminaires parfaits pour la suite. Gustaf a pu monter sur scène devant une foule dont les tensions internes et les refoulements étaient déjà relâchés, grâce à de bruyants éclats de rires qui avaient préalablement massé et détendu les systèmes nerveux.
Le groupe post-punk new-yorkais est formé depuis peu. Leur premier LP, l’excellent Audio Drag for Ego Slobs, remonte à 2021. Dans cet album et le suivant, Package Pt. 2, sorti tout juste le 5 avril dernier, la formation investit avec efficacité mais sans nécessairement réinventer quoi que ce soit un genre musical qui connaît un renouveau et un regain de popularité depuis plusieurs années déjà: synthétiseurs syncopés, riffs à l’énergie brute, rythmique irrégulière, voix qui oscille entre spoken word (mot parlé), cris et chant.
C’est par sa personnalité et sa présence sur scène que Gustaf prend toute son ampleur et déploie son caractère distinctif. Le groupe se distingue déjà, sur album, par son esprit et son humour absurdes, par les paroles incisives, à la fois drôles et enragées, des chansons. Mais il faut les voir en chair et en os, je crois, pour comprendre. Le sac à surprise infini de Tarra Thiessen, la cohésion de l’ensemble, les cheveux ébouriffés et le regard exalté de Lydia Gammil (qui est issue, je l’ai su récemment, du milieu du stand-up), entre Dr. Emmet «Doc» Brown et David Byrne.
On peut dire qu’en gros, il y a deux attitudes possibles pour faire face aux aléas de l’existence et à ce constat qui s’impose souvent que le monde et les gens sont quand même assez moches au final: le rire et les larmes. Cette alternative est illustrée par l’opposition consacrée entre le tragique Héraclite et le comique Démocrite. Jean qui rit, Jean qui pleure.
Ça fait sans aucun doute parfois du bien de se laisser aller à pleurer sur son propre sort et celui de l’univers. Mais en général -et nous l’avons goûté ce mardi- la dérision est une arme beaucoup plus redoutable et surtout tellement jouissive.