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La pièce Catarina et la beauté de tuer des fascistes, présentée du 26 au 28 mai dernier au Théâtre Duceppe de la Place des Arts, offrait une singulière expérience théâtrale. Par le biais du spectacle, des entre-déchirements d’une famille portugaise pétrie de conflits internes, mais réunie sous la bannière de la lutte antifasciste, était donné au spectateur l’occasion de s’observer dans un étrange miroir déformant.
L’œuvre de Tiago Rodrigues (directeur du Théâtre d’Avignon depuis 2022) nous plonge au cœur des luttes intestines qui agitent les membres d’une famille, réunie à l’occasion de la perpétuation d’une étrange tradition. Leur aïeule Catarina a commis, il y a plus d’un demi-siècle, un acte de bravoure. Elle a assassiné son propre mari, après qu’il ait été le témoin passif du meurtre par un fasciste d’une femme innocente, dont le seul crime était de protester légitimement à propos de ses conditions de travail.
Depuis, chaque année, le clan se réunit pour liquider une personne coupable d’être fasciste, mais de la même façon que le mari de Catarina: coupable par sa couardise et sa complicité silencieuse. Chacun, pour l’occasion, revêt le nom et les habits de l’héroïne, dans une sorte de perpétuation folklorique de la résistance, dans laquelle doit s’instaurer par mimétisme une forme d’identité entre les protagonistes. D’emblée, l’accusation portée par le clan s’étend donc de bon droit potentiellement à toute la foule à qui on offre ce spectacle, puisque ne pas réagir devant la violence est présenté comme une violence au moins également condamnable.
L’étrange rituel est cependant remis en cause par les atermoiements de la plus jeune des Catarina, pour qui est venu le tour de commettre son premier assassinat. Au moment d’appuyer sur la détente se présente à elle un doute, un soupçon: et si le fait de tuer un criminel, de combattre la violence par la violence, était aussi un crime? Et si alors les justiciers sont criminels, qui demeure innocent?
S’ensuit alors une série de débats entre les personnages, où chacune des Catarina est amenée tour à tour à tenter de convaincre la cadette d’assumer sa responsabilité en portant à son tour le flambeau sanglant de la résistance. Se donnent à voir dans cette danse toutes les contradictions et les hypocrisies plus ou moins conscientes de soi d’un discours de gauche essoufflé qui lutte, semble-t-il, autant pour s’auto-légitimer que pour convaincre.
Cette joute verbale culmine dans une scène spectaculaire et glaçante. Les Catarina finissent par s’entre-tuer littéralement, libérant tout l’espace scénique pour le déploiement du flot intarissable d’inepties du politicien d’extrême droite épargné par leur autosuppression.
Voici donc, à l’issue de la pièce, l’assistance - probablement constituée de sympathisants consensuels d’une gauche vague - ramenée au dilemme qui déchirait le clan et qui pose à tous la question des limites de la responsabilité et de la complicité. Que doit-on faire face à la propagation de la violence et de l’injustice? Mi-joueur, mi-sérieux, le public n’a pu réagir que par une vague impuissante de huées et de départs hâtifs.