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Jusqu’au 13 mai, la scène du Théâtre des Quat’Sous accueille la dernière pièce de sa saison 22/23 : Wollstonecraft. Si vous ne savez pas à quoi cela fait référence, Mary Wollstonecraft Godwin était une femme de lettres du XVIIIe siècle, pionnière de philosophie féministe, et principalement connue et reconnue internationalement pour son oeuvre Frankenstein ou le Prométhée moderne. La pièce originale écrite par Sarah Berthiaume et mise en scène par Édith Patenaude rend à la fois hommage à cette autrice visionnaire, tout en faisant un constat actuel, et assez jubilatoire, de notre société contemporaine. Une excellente surprise de cette fin de saison théâtrale avant l’arrivée des festivals. Un spectacle divertissant et très intelligent !
Marie est autrice en quête d’instinct maternel. Perceval est poète, plus souvent sur le mush qu’autres choses et utilisateur à outrance d’une intelligence artificielle pour l’aider à créer. Claire est une comédienne désabusée, recyclée en madame Tupperware qui fait cent cinquante mille dollars par année, heureuse propriétaire d’une Tesla, féministe mexicaine et businesswoman dans l’âme.
On est dans un futur proche, bien que peu délimité. Les hôpitaux sont remplis, les feux de forêts détruisent les environs, les glaciers fondent et la quantité de plastique sur la planète offre un nouveau et septième continent.
Marie, qui a perdu tout engouement pour écrire, cherche, désespérément, à tomber enceinte. Elle enchaîne les fausses-couches. Une. Deux. Trois. Elle conserve ses fœtus au congélateur dans l’espoir de les soumettre à des tests qui l’éclaireraient sur son infertilité. À bout d’espoir, elle rompt avec Perceval puis assemble ses fœtus grâce à une machine futuriste Tupperware… Marie doit alors faire face à l’ampleur de sa nouvelle création dans ce monde géré par les intelligences artificielles, les percées scientifiques, les angoisses, les catastrophes, les amours et les deuils.
Dès les premières minutes de la pièce, nous sommes plongés dans cet univers rocambolesque alors qu’une intelligence artificielle communique avec nous, les spectateurs. Le décor de cuisine respire les années 60-70 et la bande-sonore, aux notes de clavecin, nous transporte dans un univers baroque, accentué par la culotte bouffante de l’ère victorienne du personnage de Marie. Sur le papier, cela peut paraitre excessif, certainement, mais, aussi surprenant que cela puisse paraitre, c’est un délicieux mélange qui offre un environnement extravagant auquel on s’attache instantanément.
Sur scène, les trois personnages, Marie, Perceval et Claire, se complètent à merveille. Leurs personnalités et leurs anxiétés, symboles de l’ère moderne et de notre jeunesse, viennent nous chercher droit au coeur par des dialogues et des monologues brillamment écrits. C’est intelligent, jouissif et hilarant. L’écriture de Sarah Berthiaume a encore frappé. Elle livre un texte assez magistral qui offre une magnifique balance entre une satire sur nos générations actuelles et une réécriture du mythe de Frankenstein.
Si vous l’attendez, la réponse est oui : la deuxième partie du spectacle met en scène la créature de Marie, son Frankenstein à l’ère des intelligences artificielles. Dans une période charnière de notre société où Dall· e 2, ChatGPT, les chansons d’artistes internationaux et les photographies qui récoltent des prix mènent chaque nouvelle info journalistique, les questions soulevées par Sarah Berthiaume ne pourraient être plus actuelles. Les notions de créateurs/créatures, artistes/outils, humains/algorithmes sont remises en questions et traitées intelligemment.
Ariane Castellanos, Jean-Christophe Leblanc et Ève Pressault livrent de très belles performances, justes, drôles, tout en rythmique et en écoute avec leurs partenaires et leurs spectateurs. Cette œuvre au réalisme magique, parfois étrange, parfois cocasse, est certainement à ne pas manquer !