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Du 17 février au 12 mars dans la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier le Théâtre de l’Opsis présente That moment - Le pays des cons, une traduction de la pièce moldave de Nicoleta Esinencu. Un jeu très physique pour transmettre un texte dense et complexe, dans lequel l’humour soviétique jaillit de tous ses feux, mais rend parfois perplexe un public qui y est peu acclimaté.
Il faut savoir à quoi s’attendre quand on va voir une pièce d’Europe de l’est.
« Inspirée de faits réels ayant eu cours en Moldavie, cette œuvre grinçante cerne les contours floutés de la corruption, du mensonge et de la cupidité. » Voici les termes avec lesquels le Théâtre Denise-Pelletier tente de prévenir ses spectateurs. Très peu de légèreté au programme, même s'il s'agit tout compte fait d'une espèce de tragi-comédie où fusent les blagues.
La culture de l’Europe de l’est peut surprendre ceux qui ne la connaisse pas par sa grande distinction d’avec les cultures européennes auxquelles on serait tentés de l’associer. Très cynique, très direct, le ton est bien souvent d’une crudité qui surprend. À ce titre, That moment - Le pays des cons est un excellent exemple et pourrait très bien servir de baptême de feu pour les curieux, car son puissant deuxième degré désarme et fait rire jaune.
Traitant de la corruption, qu’elle soit littérale (un juge peut-il être exempté des lois) ou une corruption de l’âme (est-ce que l’américanisation a tué le communisme en Europe de l’est), le texte d'Esinencu choque et les spectateurs laissent à peine échapper des rires hésitants. Si le cynisme soviétique est hilarant là-bas, il laisse bouche bée le public d’ici.
Incursion dans un pays qu’on connaît très peu, la pièce nous amène à faire des liens entre la culture américaine patriotique et divisive et même la culture québécoise, car la Moldavie est également une petite nation dont la langue et la culture est historiquement menacée par des empires, et dont une minorité ethnique -disons les Roms là-bas et les Premières Nations ici- sont encore plus malmenés et incompris.
Alors que les peuples du monde sont de plus en plus divisés par de nombreux enjeux (pandémie, environnement, politique identitaire, etc) l’adaptation de cette pièce nous renvoie un miroir assez déplaisant des chocs idéologiques et du type de culture à laquelle ils peuvent donner naissance. Entre le nécessiteux et le roi il n’existe alors que quelques fourberies, traduction réaliste du rêve américain, à la sauce de l’est.
La mise en scène génialissime de Luce Pelletier en collaboration avec le chorégraphe Sylvain Émard joue de cette distorsion entre ce qu’on peut dire et ce qu’on ressent. Interprétant tous ensemble ce qui semble être une seule et même personne (après tout le texte original est un monologue), les comédiens floutent encore plus les contours de ce personnage contradictoire. La corruption devient alors le symptôme d’une société entière et de son hypocrisie.
Par une habile combinaison de jeu physique et de danse, ils semblent parfois possédés, parfois en train de se noyer, de s’étouffer, de s’envoler, mais jamais vraiment heureux ni en contrôle. Cette force qui les malmène n’est jamais nommée, mais sa présence fantôme intrigue et terrifie. À travers l’humour noir d’un être qui se veut détaché vient transparaître que si la bouche rit, le corps soumis à cette puissance supérieure trahie son dilemme.
Si elle déstabilise, la pièce porte surtout à réfléchir. Alors qu'on se choque devant les atrocités soulevées par l'auteure en Moldavie, on ne peut s'empêcher de frissonner en s'y reconnaissant. Si vous cherchiez un prétexte pour aller refaire le monde avec un ami, il s'agit d'un excellent point de départ pour des conversations fascinantes.
Si That moment - Le pays des cons vous intéresse, il reste encore quelques billets que vous pouvez réserver au denise-pelletier.qc.ca/pieces/that-moment-le-pays-des-cons.