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Que se passe-t-il quand les créateurs de South Park et le compositeur de Frozen nous donne une satire musicale de l'église la plus emblématique d’Amérique ? Et qu’arrive-t-il à deux missionnaires mormons plongés dans l’Afrique du sida et des guerres de clans ? The Book of Mormon !
Alors qu’on attend le début du spectacle, c’est un tapis de nuage d’où émane une lumière céleste qui remplit la toile de fond. L’avant-scène, elle, est encadrée par une structure de vitraux pastels aux allures de décor de télé évangélistes.
Ce cadre prophétique que surplombe la statue girouette de l’ange Moroni, et auquel ne manque que la descente câblée d’un Jésus-Christ bienveillant, nous rappellera tout au long des deux actes que The Book of Mormon doit être vu avec les lunettes d’une foi aveugle.
Décors et costumes américanisés
Le scénographe porte cette vision très américanisée du monde avec des décors volontairement naïfs, qui permettent le contraste caricatural souhaité par Stone et Parker : aborder les thèmes de l’Afrique aussi réels que le sida, l’excision et les guérillas dans un environnement bien plus proche du Roi Lion que de la réalité africaine.
Les costumes jouent eux avec un autre contraste : le triste accoutrement bien connu des protagonistes mormons (veston noir, chemise blanche) avec les costumes colorés des villageois africains. Les scènes regorgent de chorégraphies où se heurtent la sobriété choisie des missionnaires et l’exubérance colorée mais imposée aux Ougandais par leur manque de ressource.
Deux acteurs efficaces
Conner Peirson a la tâche difficile de reprendre le rôle façonné par Josh Gad alors que The Book of Mormon débutait à Broadway en 2011. Les intonations criardes mais hésitantes de Gad, que le Olaf de Frozen ont rendu mondialement célèbres, définissent parfaitement le personnage au physique ingrat et à la faible estime de soi qu’est Elder Cunningham. Conner Peirson transpose fidèlement l’interprétation approuvée et éprouvée qu’a conçue Josh Gad.
Gabe Gibbs lui prend le rôle originalement interprété par Andrew Rannells. Son personnage narcissique, plus soucieux de devenir le champion des missionnaires que de vraiment aider les autres est bien retranscrit par sa gestuelle. À grand renfort de coups de hanches et de jets de mains, il prouve que la vision rigide de l’église mormon n’empêche pas d’être le centre de l’attention.
Robert Lopez, champion du livret comique
Robert Lopez, qui est tristement connu pour avoir co-signé les chansons de Frozen dont l’entêtante Let it go, a collaboré avec Trey Parker et Matt Stone pour produire toutes les chansons de The Book of Mormon. Après Avenue Q il prouve encore à quel point il est à l’aise avec un livret comique. Notre oreille n’est même pas déstabilisée quand, au milieu d’un morceau classique, un villageois pousse le chant : « J’ai des asticots dans mon scrotuuuuuum !»
Des missionnaires en Afrique centrale
L’histoire suit deux jeunes mormons, le bon élève Elder Price qui veut devenir le prophète parfait, et le maladroit et mythomane Elder Cunningham alors qu’ils partent missionner en Ouganda.
Là-bas, ils vont être confrontés à la réalité africaine que les missionnaires déjà sur place leur conseillent d’oublier avec la chanson Turn It Off.
« Éteignez vos sentiments, comme une lampe de chevet ! ».
Leurs personnalités vont aussi évoluer lorsque Elder Cunningham décide de mentir aux villageois pour leur rendre espoir et faciliter leur endoctrinement. La fille du chef de village réclame même un baptême ! Il va enfin devenir un vrai missionnaire avec le duo romantique Baptize-me. On ne peut évidemment pas s’empêcher de penser à Can You Feel The Love Tonight d’Elton John ou d’autres titre hollywoodiens où un couple d’ingénus succombe à un amour… religieux ! Ici c’est un amour religieux : « Je vais te baptiser ! Puis te baptiser encore ! Oh oui baptise-moi ! »
Bien sûr de son côté, Elder Prince ne parvient pas à devenir le mormon parfait et affrontera son pire cauchemar d’enfance : l’enfer.
Dans un tableau mythique, les créateurs de The Book of Mormon recréent un enfer burlesque comme ils l’avaient fait dans South Park: Bigger, Longer & Uncut. Mais ici, pour nous rappeler que personne n’est à l’abri de leurs railleries, ils peuplent les ténèbres de Genghis Khan et de l’avocat d’O.J. Simpson, Johnny Cochrane !
Au sortir de son mauvais rêve, Prince rejoindra Cunningham et les autres missionnaires pour tenter de délivrer les villageois du chef de clan qui les menace…
Une dérision réussie et toute en contrastes
Aidés par la musique de Robert Lopez, les décors de Scott Pask, les costumes d’Ann Roth et un ensemble digne de Broadway, Trey Parker et Matt Stone, comme dans South Park ou Team America, caricaturent par les contrastes.
Le contraste évident entre la sobriété puritaine et l’exubérance païenne. Le contraste plus subtile entre la maladresse libératrice et la rigueur émasculante.
Le contraste, enfin, entre les espoirs de survie et de liberté d’un peuple préoccupé par le sida ou les excisions, et les rêves puériles de missionnaires privilégiés qui cherchent à impressionner leur parents et… vivre à Orlando.
The Book of Mormon est une dérision réussie qui nous invite à réfléchir à notre rapport à la foi, alors que sont mis en scène ces missionnaires, ces prophètes et ces villageois qui, dans un aveuglement commun chantent les prouesses de la religion et de ses mensonges bienveillants.
The Book of Mormon, du 21 au 23 avril 2017 à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Achetez-vos billets ici