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Il n'est qu'un endroit au monde où les humains peuvent se rencontrer vraiment, et c'est au niveau du cœur... Voilà la phrase qui me vient, pour résumer cette jolie fable, créée et interprétée par Eric-Emmanuel Schmitt, sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), du 22 février au 4 mars.
Après plus de 600 représentations en France et un mois de tournée l'an dernier au Québec, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran vient clore un cycle sur les planches du prestigieux TNM. Comme le dit si bien son producteur, Didier Morissonneau, une pièce n'est pas tout à fait « sanctifiée » tant qu'elle n'a pas été présentée au TNM... et la salle, de s'esclaffer!
En ce soir de grisaille métropolitaine, il faisait bon de se retrouver tout autour d'une fable parlant d'amour, d'amitié et de ponts entre les humains.
Moïse – alias Momo –, jeune garçon juif de 12 ans, vit dans une banlieue pauvre de Paris. Abandonné par sa mère, et vivant seul avec un père froid et distant, il trouvera réconfort et amour auprès de l'épicier du coin, M. Ibrahim, musulman croyant. Ces deux êtres trouveront l'un dans l'autre l'amour qu'il leur manque. On saura bien plus tard dans la pièce que M. Ibrahim est seul lui aussi, sa femme étant décédée il y a longtemps. C'est donc au hasard de ses courses à l'épicerie, que Momo fera graduellement la connaissance de l'épicier. Une belle relation de confiance et d'affection naîtra entre eux. Moïse choisira de se faire appeler Momo, parce que ce nom peut aussi être le diminutif de Mohammed.
Les événements tragiques auxquels devra faire face Momo le rapprocheront toujours davantage de M. Ibrahim, qu'il considérera finalement comme son propre père. Lorsque le père biologique de Momo décidera de partir, abandonnant son jeune fils à lui-même, c'est vers le vieil épicier que Momo se tournera. Lorsque la mère biologique de Momo reviendra, 12 ans après l'avoir abandonné, pour reprendre contact avec lui, Momo la répudiera, s'identifiant désormais davantage à la filiation choisie avec M. Ibrahim. Nonobstant leur religion respective, ces deux êtres en quête d'amour et d'amitié deviendront inséparables. C'est au cours d'un voyage en voiture, offert par M. Ibrahim, que ce dernier trouvera la mort. Il a cependant tout prévu dans son testament. C'est ainsi que Momo deviendra propriétaire de la petite épicerie de M. Ibrahim, et qu'il continuera à exercer cette profession.
La morale de cette histoire...
Cette simple et jolie fable parle, au fond, du choix des relations dans la vie et de l'espoir qu'on ne doit jamais abandonner, quelles que soient les affres de la vie. Elle parle aussi d'amitié sincère et désintéressée.
L'auteur nous livre quelques messages d'espoir et de résilience. Il nous dit, entre autres, que la famille est importante, mais n'est pas tout. La vie est plus large que cela. D'aucuns auraient pu se décourager, après les multiples abandons que subit Momo. Cependant, il trouve sur son chemin une main tendue. Quelle que soit la couleur de cette main, si elle est bonne et secourable, il faut la prendre et la chérir comme il se doit. Tel est le message que nous livre Eric Emmanuel Schmitt. Ainsi va la vie,large et ouverte, lorsqu'on sait s'ouvrir à elle plutôt que de se refermer sur son malheur.
Ici, la religion n'est qu'un prétexte, selon moi. C'est loin d'être le centre de la pièce, comme tout un chacun s'est empressé de l'affirmer... (Il est de bon ton, par les temps qui courent, de chercher partout des bouées de sauvetage pour soigner notre très grand sentiment de culpabilité engendré par le fossé des religions.) Ici, les préceptes et les diktats de la religion musulmane ne sont pas du tout abordés ; seuls le nom de la religion (l'Islam) et son livre sacré (le Coran) sont mentionnés, sans plus. Le thème de la pièce est donc plutôt, selon moi, la rencontre de l'Autre, d'un être différent de soi, soit par la couleur de la peau, la classe sociale, la religion, ou par toute autre différence. Ce que nous dit M. Schmitt, c'est que, lorsque l'on fait fi de ce qui nous sépare, la Rencontre peut avoir lieu. Lorsque le cœur est au centre de la relation, l'amitié peut exister. C'est donc plutôt un hymne à l'amitié qu'à la tolérance qui, selon moi, nous est livré ici.
Le décor dépouillé laisse toute la place au texte, véritable moteur de la pièce. La mise en scène d'Anne Bourgeois est juste et bien adaptée au texte. Eric-Emmanuel Schmitt, seul en scène, donne une excellente performance, toute en subtilité et en sobriété.
Bref, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran est une jolie fable, simple et abordable par tous, qui nous laisse au cœur un parfum de douceur...