C’est dans un décor feutré aux jeux de lumière sur rideaux dorés que nous accueille Pierre Lapointe en terrain conquis à l’Usine C pour le lancement de sa tournée Pour déjouer l’ennui ce 26 février enneigé. Un concert livré tout en douceur et en humour avec la fraîcheur d'un artiste qui sait se réinventer.

On se connait, on se redécouvre

Retrouver Pierre Lapointe sur scène c’est comme revoir un vieil amant qui nous fait du bien;  on le connaît, on est sûr de s’aimer pour la soirée. Pierre le sait, il en joue, confiant et badinant sur scène entre pièces connues et nouvelles compositions issues de son dernier album paru en octobre 2019. Et pourtant la saveur est une peu différente cette fois-ci. Il nous a prévenu “ce sera un show tout doux”.  Pas de rock, ni de punk et surtout… pas de piano. Voici de quoi nous déstabiliser et pourtant on se laisse volontiers bercer dans un univers acoustique avec des accents parfois latinos qui se marient parfaitement bien avec les succès que l’on a connus résolument rock. Imaginez Deux par deux rassemblés ou Tel un seul homme susurrés à nos oreilles, prenant soudain une tout autre dimension.

L'harmonie à corde

Fraîchement décoré de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français, Pierre Lapointe est aussi visiblement boosté par la bande de musiciens qui l’accompagne. À eux 5 ils forment une belle famille sur scène et chacun sait prendre sa place sous la lumière dorée des projecteurs. L’harmonie qui règne entre ces artistes joue beaucoup dans la décontraction du spectacle, on aurait presque envie de partir sur la route avec eux. Le groupe ne manque pas de souligner le travail de Daniel Bélanger, d'Albin de la Simone et d'Hubert Lenoir ainsi que de son frère Julien Chiasson sur certaines chansons du spectacle. Guitare acoustique, folk, violoncelle, contrebasse et ukulele  font oublier l’absence du piano et permettent à un Pierre Lapointe dénué d’artifice de chanter en toute simplicité. 

L’amour toujours

Les thèmes chers au chanteur se retrouvent dans ses nouvelles chansons, l’amour, le sexe, la mélancolie ou encore la douleur font partie de ses marottes. D’une chanson à l’autre, on se demande parfois si ce n’est pas déjà entendu, mais en y prêtant une oreille attentive, les nuances dans les textes et dans les mélodies nous confirment que le talent de Pierre Lapointe se cache souvent dans les détails.

Rares sont les artistes capables de parler d’érotisme et de sensualité sans complexe et sans avoir l’air vulgaires. Mais non, Pierre n’est pas vulgaire, il chante Sais-tu vraiment qui tu es? habillé d’un austère manteau noir avec les mains dans le dos, seul le petit dodelinement de tête qui lui est si caractéristique laisse paraitre la passion sous le plastron. Les mots « Tu préfères jouer les agresseurs - T'adores faire l'amour à quatre pattes » nous sont livrés comme le prêche d’un curé. Quelle délicieuse dissonance aux accents blasphématoire.

Pierre Lapointe emprunte le chemin d’une tournée d’un an avec Pour déjouer l’ennui. Il parcourra la France avant de faire le tour du Québec. N’hésitez pas à suivre ses dates ici.