Bien qu’il se définisse comme étant un gars qui aime beaucoup rire, Laurence Castera chante une poésie sombre et imagée : « exploiter une certaine douleur, c’est inspirant! », nous confie-t-il. Le 24 avril dernier, Le Ministère était plein pour recevoir son nouvel album, Les hauts lieux. En entrevue avec lui, nous revenons sur cette nouvelle aventure.

Sur ce deuxième album, Laurence trouve que sa poésie est plus directe : il a utilisé moins de métaphores dans ses textes et il assume davantage ses propos. Quelque chose de nécessaire selon lui lorsqu’on écrit en français, un exercice difficile parce que c’est une langue belle et riche avec laquelle il aime travailler, mais dans laquelle on doit bien transporter les mots pour que leur sens résonne.

Entre mots et musiques

La musique est arrivée tôt dans la vie de Laurence. Par la guitare d’abord, quand il avait huit ans, puis par un cursus en musique classique au cégep et des bands en parallèle. La chanson est arrivée un peu par hasard, par un besoin de voix de soutien, mais elle est toujours restée. Très vite, Laurence, qui voulait chanter son propre contenu, s’est mis à écrire.

« Éclisses », sa chanson préférée de l’album, a été écrite à la dernière minute, alors que le contenu de l’album était déjà décidé et que cette dernière ne devait pas s’y retrouver.

C’est une direction sonore qui a décidé la composition de l’album, le but de faire vivre une expérience musicale, avec une progression des rythmes. Les Hauts Lieux s’écoute donc avec avantage du début à la fin. Or comme par magie, « Éclisses » s’est glissée dans cette feuille de route.

La chanson titre de l’album est aussi la première à avoir été terminée avec son band. Elle est plus rock et sonne bien sur scène. Mais celle qui a été choisie comme introduction, « Jouer le jeu », présente un rythme qui monte tranquillement, à la fois planant et rock et qui met bien la table pour un album au très bel univers instrumental.

Ma chanson préférée de l’album, c’est « Reviens », ce qui décourage légèrement Laurence, encore impressionné devant le succès de ce texte qui lui ressemble moins. Ce sont ses musiciens qui l’ont convaincu de l’enregistrer. À l’origine, c’était une commande, une co-écriture. Et même s’il l’apprivoise encore, « Reviens » vit très bien dans les doigts de Laurence.

La tournée, pour faire vivre les chansons

Le plaisir d’un lancement, c’est à la fois une libération et un stress : livrer un nouveau produit, mais surtout, quitter le contexte du studio, jouer pour vrai, pour découvrir comment vont vivre les chansons sur scène et comment va réagir le public.

Au lancement du Ministère, Laurence et son band ont beaucoup ri, des échanges dynamiques et enjoués contrastant des pièces plus sombres et introspectives. « Je suis tellement fan de mes musiciens, je me suis surpris à oublier mes paroles parce que j’étais trop occupé à les écouter jouer. » On retrouvait sur scène, entre autres, P-E Beaudoin à la batterie et Simon Pedneault à la guitare, qui est aussi le producteur de l’album.

En tournée cependant, la bande de musiciens varie en fonction des horaires et des obligations de chacun. Mais, pour Laurence, c’est un avantage de changer de musiciens, ça change aussi les impressions données à la musique, c’est un peu comme voir un spectacle différent à chaque fois.

C’est d’ailleurs l’objectif ultime d’un album : la scène et la tournée. Pour Laurence, les chansons vivent mieux sur scène. C’est pourquoi on risque de le voir dans quelques Festivals cet été, dont il faudra surveiller les annonces au cours du mois de mai.

D’ici là, Laurence Castera démarre une tournée de trois semaines, en mai, en région Suisse-allemande, pour réaliser 65 concerts dans les écoles, et parler de langue française avec les élèves. C’est la deuxième année qu’il se prête à l’exercice. Un programme chargé de quatre à cinq concerts par jour, avec des conférences pour ces jeunes qui l’attendent et qui analysent déjà des textes spécifiques de l’auteur.

Et « De l’autre côté » de cette entrevue ? Pendant que cette chanson m’emballe un peu plus à chaque écoute, je vous dirige vers le site web de Laurence pour connaître ses dates de spectacles, entre autres du côté de nos Cantons, à la Chapelle du rang 1, à Lac-Mégantic, quelque part en août.