Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Désormais grande dame de la musique africaine, Fatoumata Diawara – aussi appelée Fatou – faisait salle comble hier au National, rue Ste-Catherine. Celle qui a vu son plus récent opus Fenfo nommé album de l’année dans la catégorie « Musique du monde » lors des Grammy Awards 2018, peut non seulement expliquer l'engouement pour son œuvre grâce à sa musique, mais surtout, grâce au message qu’elle y transmet. Car avec Fatoumata, on a affaire à une artiste entière, mais surtout, à une militante de cœur.
La femme avant l'oeuvre
À ce propos, c’est tout naturellement que le titre de son nouvel album signifie « quelque chose à dire » en Baramba, langue nationale du Mali. C’est que, forte d’un parcours personnel et professionnel aussi bien tortueux que remarquable, on retrouve aujourd’hui la chanteuse – sept ans après la sortie de son premier album – irradiante, sublimement grandie et prête à faire déferler sa sage vision du monde par-delà la musique et l’oralité. Il faut dire que Fatoumata Diawara possède, depuis ses tout débuts, une force de conviction mêlée à un charisme ensorcelant qui laissent difficilement indifférent. Ses atouts, elle les aura d’abord exploités comme actrice dans le long-métrage Timbuktu et au cœur de l’adaptation théâtrale de Kirikou, puis comme chanteuse au travers de sublimes collaborations à l’international (Amadou & Mariam, Bobby Womack, Lamomali avec Matthieu Chedid, pour ne nommer que ceux-là!) et, finalement, comme auteure-compositrice-interprète avec le sublime afrofolk intimiste de son premier album éponyme, Fatou.
Avec Fenfo, c’est plus que jamais pour promouvoir un avenir fait de paix et de diversité que la femme met à profit ses talents en exploitant librement une musicalité située quelque part entre le blues du Mali, le son traditionnel « wassoulou » et les sonorités contemporaines du jazz, de la pop et de l’électro.
Cet album, la chanteuse l’a interprété hier devant un public conquis d’avance, lors d’une soirée qui nous a permis de découvrir une figure féminine africaine aussi puissante qu’aimante. Remarquable performance.
Rassemblement festif
C’est avec les accords chantants de la douce ballade « Don Do » que l’artiste donnait le coup d’envoi du spectacle, sans manquer d’abord de présenter ses musiciens. Dès les premières notes, la voix sensuelle et au registre large de Fatoumata prenait d’assaut la salle du National, alors que les spectateurs s’abandonnaient à ce premier voyage d’acclimatation vers l’univers coloré d’un Mali conjugué au présent. C’est après s’être présentée avec un « Moi, je suis Fatoumata Diawara du Mali, Africa », arborant fièrement une superbe tenue traditionnelle composée d’une robe blanche et d’un turban jaune éclatant, qu’elle nous a expliqué la signification de la pièce « Kokoro », dans laquelle elle tente de créer un dialogue entre l’héritage traditionnel et l’avenir de la génération actuelle. C’est ainsi que les chansons se sont enchaînées, entrecoupées des nombreux messages porteurs de sens de Diawara, qui résonnaient jusque dans les applaudissements du public. C’est dans cette même lignée que la femme a offert un puissant hommage oratoire aussi bien aux chanteuses africaines étant parvenues à se démarquer au sein de l'industrie musicale (Miriam Makeba, Oumou Sangaré), qu’aux enfants de pays en guerre et plus universellement aux nomades de la terre, reliés dans leur diversité par la similitude des battements du cœur. En scandant le besoin urgent de cesser de détester notre diversité, un cri des plus actuels avec la situation politique concernant l’immigration, la musicienne a offert une brillante introduction à la chanson « Timbuktu Fasso ».
Puis, c’est avec des pièces telles que « Ou Y’an Ye », « Negue Negue » et « Nterini » – dans lesquelles on a d’ailleurs pu constater son aisance à la guitare électrique! – que la chanteuse est parvenue en un rien de temps à enflammer et à faire bouger le National, elle-même semblant avoir un plaisir évident à être sur scène, dansant, sautillant et ne se prenant pas au sérieux un seul instant. Beau paradoxe que représente cette femme, dont le message profond côtoie la joie de vivre de l’adolescente survoltée! C’est ensuite en admiratrice investie, puis transcendée, que Fatoumata a offert une interprétation géante de l’afrobeat de Fela Kuti, puis du jazz unique de Nina Simone avec le classique « Sinnerman », instant magique qui s’est terminé par une danse tourbillonnante et psychotique qui a eu tôt fait de subjuguer la foule. En fait, ce qui surprend et charme plus que tout chez la Malienne, c’est sa folie.
Cette frénésie dansante et joyeuse, la chanteuse est parvenue à la transmettre jusqu’à la chanson finale, lors de laquelle elle a invité les spectateurs à se joindre à elle sur les planches, pour une magnifique réunion collective festive et bienfaitrice.
Fatoumata Diawara, c’est cette amie qui vous veut du bien, de la lignée de celles qui donnent sans chercher à recevoir. On ose croire que sa présence à Montréal en musique et en sourire fût cathartique pour ceux qui étaient du rendez-vous. Pour la découvrir, ou mieux encore la retrouver, c’est ici.