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Samedi soir, 19 novembre 2016, le rideau est tombé sur la 4e et dernière représentation, par l’Opéra de Montréal, du « Don Giovanni » de W.A. Mozart, présenté à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, mettant ainsi un terme aux innombrables emportements libidineux d’un notoire, invétéré et impénitent coureur de jupons.
Leporello, le valet de Don Giovanni, a compilé une impressionnante liste des nombreuses conquêtes de son maître, révélant rien de moins que 640 beautés en Italie, 231 en Allemagne, 100 en France, 91 en Turquie et 1003 en Espagne. C’est que, voyez-vous, « être fidèle à une femme c’est trahir toutes les autres » selon Don Giovanni qui aime bien courir plus d’une levrette à la fois et qui, finalement, (attention, je m’apprête à vendre le punch final) en subira les conséquences en étant précipité en enfer.
Comme c’est souvent le cas à l’opéra, bien que l’histoire soit tarabiscotée ou cousue de fil blanc, la partition, en revanche, regorge de dentelle, d’enjolivures et de fioritures. Wolfgang Amadeus était un génial maître artisan sachant admirablement travailler le tissu musical pour mieux nous enrober de rêverie et de ravissement. Chanter du Mozart c’est confier à ses cordes vocales un pur travail d’orfèvrerie; tandis qu’en jouer, c’est mettre son talent et sa virtuosité au service de la grâce et de l’élégance.
Il m’a semblé que tous les protagonistes, étaient en voix et de calibre, et que Mesdames Emily Dorn (dans le rôle de Donna Anna), Layla Claire (Donna Elvira), Hélène Guilmette (Zerlina) ainsi que Monsieur Alain Coulombe (Commandatore) étaient tout particulièrement audibles en terme d’émission de décibels. Gordon Bitner dans le rôle-titre ainsi que Jean-Michel Richer (Don Ottavio) et Daniel Okulitch (Leporello) ont également donné la pleine mesure de leur talent en y allant d’une solide performance.
Je suis éminemment conscient que cette appréciation qualitative (du volume sonore émis par chacun) demeure celle d’un seul homme, et qu’elle est forcément et indiscutablement influencée par mon amour inconditionnel pour les grandes voix…de stentor. Je dois admettre avoir grandi en écoutant de l’opéra dès que j’eu atteint l’âge de mettre moi-même la chaîne stéréo en marche et de poser un vinyle (ce détail trahit mon âge) sur la table tournante.
Mes parents m’ont exposé dès l’enfance à l’écoute des grandes, illustres et, surtout, puissantes voix, ce qui m’a rendu particulièrement exigeant en matière de projection vocale, de volume sonore atteint, d’interprétation et de diction. Bref, j’apprécie d’abord et avant tout les chanteurs dits « à voix »; je vibre lorsque les notes hautes sont au rendez-vous, en quantité, en qualité et en volume, dans la tonalité exacte prévue par le compositeur, et non pas transposées vers le bas ou étouffées à cause de l’incapacité de l’interprète. Fin de ma confession.
J’ai une réserve à formuler au chapitre des décors et des costumes ainsi que de la mise en scène.
C’est le même décor grisâtre du début à la fin, seul l’éclairage change. Le crépuscule et le clair-obscur y règnent souvent. Les costumes donnent nettement dans le noir et blanc avec quelques trop rares accents de couleurs. En fait, si cette production devait être filmée en noir et blanc, pour la postérité, elle n’y perdrait strictement rien au change. Bref, visuellement, c’est plutôt terne.
Malgré tout, en dépit de cette grisaille, l’ambiance est résolument joyeuse par le propos du livret, bien sûr, puisqu’il s’agit d’un dramma giocoso, et surtout par le jeu inspiré en enjoué des chanteurs-comédiens qui nous surprennent régulièrement par des trouvailles humoristiques savamment concoctées et sûrement attribuables à l’excellente direction du metteur en scène, Monsieur David Lefkowich.
Cependant, là où j’accroche, et où même je décroche, c’est dans le choix d’actualiser l’opéra en le mettant en scène dans la modernité. Bien que l’action soit sensée se dérouler à l’époque dite classique, elle est ici transposée dans un décor, des costumes et des accessoires volontairement contemporains. À mes yeux, ce n’est pas un plus.
Ce que j’aime découvrir, entre autres choses, dans un opéra, c’est la vision personnelle du génie qui l’a créé. Le compositeur s’inscrit dans une époque, une mode vestimentaire, une tendance musicale, une mentalité, un contexte social, politique et religieux donnés et ces éléments influencent et imprègnent son œuvre. Au moment de la composer et de coopérer avec son librettiste, il s’en forge une idée qu’il s’efforcera ensuite de nous rendre par une mise en scène appropriée. En actualisant le tout, la mise en scène moderne trahit, selon moi, la vision originale et l’intention initiale du concepteur de l’œuvre et ça, c’est une perte. C’est une fenêtre fermée qui nous prive d’une vision espérée du passé.
Assister à la représentation d’un opéra qui s’efforce de restituer fidèlement une atmosphère d’époque, c’est effectuer un voyage dans le temps tel qu’imaginé et conçu par son créateur. Hier, je me suis franchement amusé, j’ai apprécié la grande qualité du chant et de la musique mais j’ai été privé de mon voyage dans le temps. Je me souhaite meilleure chance pour la prochaine fois.
En conclusion, ce fut mission accomplie pour l’ensemble de la distribution qui a tiré son épingle du jeu avec brio, appuyée en cela par un orchestre efficace, discret et jamais envahissant, dirigé de main de maître par Maestro Jordan De Souza.
Devant une salle quasi comble, ce célèbre opéra-bouffe a triomphé encore une fois et la production s’est méritée une ovation debout spontanée et des applaudissements nourris et amplement mérités.
Voilà donc comment j’ai vu et apprécié le spectacle à travers la lentille teintée de ma subjectivité.
Longue vie à l’Opéra de Montréal!