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Samedi le 4 mai, à la salle Wilfrid-Pelletier, c’était soir de première à l’Opéra de Montréal. L’Orchestre Métropolitain, sous la baguette du maestro Alain Trudel, le Chœur de l’Opéra de Montréal, Les Petits Chanteurs du Mont-Royal, et une distribution entièrement canadienne, ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour faire à nouveau triompher le Carmen de Charles Bizet dans une mise en scène annoncée, et attendue, du réputé cinéaste Charles Binamé.
Carmen, créé en mars 1875, est possiblement l’opéra le plus populaire de tout le répertoire. Cette œuvre est une valeur sûre qui est fréquemment montée, un peu partout à travers le monde, et qui remporte invariablement un franc succès, lorsque la distribution est à la hauteur de la tâche.
La présente production est des plus impressionnantes car elle exige les efforts combinés de 374 personnes dont quelque 90 (solistes, choristes, figurants) sur scène. C’est un formidable travail d’équipe qui mérite certainement reconnaissance et admiration.
La distribution des rôles
Dans les rôles principaux ont retrouve la soprano Krista Da Silva (Carmen), le ténor Antoine Bélanger (Don José), le baryton Christopher Dunham (Escamillo), la soprano France Bellemare (Micaëla), la mezzo-soprano Pascale Spinney (Mercédès), et la soprano Magali Simard-Galdès (Frasquita).
La qualité des voix et du son
À mon avis, qui n’engage que moi et que nul n’a donc obligation d’endosser, l’imposante dimension de la salle Wilfrid-Pelletier exige des chanteurs qu’ils possèdent une voix particulièrement volumineuse pour être clairement entendus et appréciés jusqu'aux confins du balcon, et même du parterre. Bien qu’aucun d’entre eux n’ait une voix de stentor, le niveau sonore m’a semblé être suffisant, à défaut d’être excellent, du moins de mon siège situé dans la rangée W au parterre.
Je considère qu’à certains moments, une certaine amplification serait avantageuse. Mais tradition oblige, la généralisation de l’usage systématique du micro personnel n’est pas pour demain, puisque cette pratique ne cadrerait pas avec les us et coutumes de l’opéra, bien que cela se fasse couramment en récital ou en concert. Entre temps, on se concentre, on tend l’oreille, on porte attention à l’action, et on consulte assidument les sous-titres.
Malgré ce bémol, j’ai néanmoins trouvé toutes les divas particulièrement en voix. Krista Da Silva, France Bellemare, Pascale Spinney, et Magali Simard-Galdès savent autant projeter que jouer de façon convaincante. Ceci dit, Antoine Bélanger et Christopher Dunham ont également fort bien tiré leur épingle du jeu. En fait, « l’équipe Canada » au grand complet peut légitimement clamer mission accomplie !
L’orchestre a magnifiquement porté et secondé tous ces chanteurs sans jamais les noyer sous les décibels. Alain Trudel a dirigé de main de maître.
Le décor
Le décor de style espagnol, qui occupe toute la hauteur et la largeur de la scène, et qui est censé représenter une arène andalouse, est composé de trois panneaux dans lesquels 33 arcades, au total, ont été découpées. Au premier coup d’œil, cela a évoqué chez moi le pourtour d’une place publique espagnole, plutôt qu’une arène.
De plus, à travers chacune de ces arcades, on peut clairement apercevoir une partie des échafaudages derrière le décor. La non dissimulation de la tubulure métallique me laisse perplexe. Selon moi, cette exhibition délibérée de quincaillerie brise le charme d’un lieu que le décor devrait évoquer et recréer. Il y a même de la tubulure parcourant l’avant de la structure qu’on croirait être en fin de construction ou en cours de rénovation. Est-ce vraiment là l’effet désiré ?
Incidemment, je cherche encore à comprendre la signification et l’utilité des trois colossaux stores horizontaux, aux larges lamelles de bois, qui ont été déployés en début de troisième acte. Mystère !
La tenue vestimentaire de Carmen
Carmen est une gitane, ouvrière, séductrice compulsive aux amours volages et éphémères que l’on imagine aisément vêtue d’une étincelante robe blanche ou rouge, au décolleté jonglant avec les limites de la décence. Or, dans la présente version, Carmen fait initialement son apparition drapée du coup jusqu’aux chevilles dans une robe noire qui lui donne l’aspect d’une femme en deuil, dissimulant ses charmes, plutôt qu’une femme en chasse, les étalant. En raison de sa personnalité, je l’aurais préférée plus lumineuse, dévêtue, délurée, à l’attitude plus provocante et à la démarche plus lascive.
Cette Carmen-là émerge de l’usine où elle travaille dans une tenue qui franchement étonne et détonne en comparaison de celle de ses consœurs. Cependant, les costumes des autres personnages m’ont semblé être tout à fait de circonstance et de l’époque évoquée.
La mise en scène
Dans l’ensemble, la mise en scène m’apparaît originale et innovatrice, même si certains choix m’ont rendu un tantinet dubitatif. Tel le fait de regrouper tous les brigadiers ensemble d’une part, et toutes les cigarières ensemble d’autre part, durant le fameux aria « Habanera » de Carmen, que cette dernière chante presqu’entièrement face au public plutôt qu’en circulant d’un homme à l’autre, comme on s’y attendrait, dans son irrépressible envie de séduire. Il ne m’apparaît pas naturel que les brigadiers et les ouvrières sorties de l’usine ne se mélangent pas et restent regroupés en deux masses distinctes immobiles. Tout ce beau monde restant étrangement discipliné, voire froid et distant, durant la « récréation » (la pause ouvrière) où Carmen se donne pourtant en spectacle en flirtant avec tous les mâles en uniforme.
Au début de l’opéra, Carmen traverse la scène d’un bord à l’autre revêtue d’une robe noire à très longue traîne rouge qu’elle laisse choir à mi parcours. Et à la toute fin, lorsqu’elle se fait assassiner et gît sur le plancher, une longue banderole triangulaire rouge, pointant vers le bas, est déroulée de haut en bas de la scène, et la pointe en est symboliquement ramenée sur la poitrine de Carmen. J’avoue ne pas être certain de la signification précise de ces tissus écarlates. Serait-ce d’abord la vision prémonitoire du destin tragique qui attend Carmen? Et ensuite, la symbolique du sang répandu? Possiblement !
La touche Binamé-Trudel
À noter que les dialogues ont été adaptés par Charles Binamé en plus d’être accompagnés d’arrangements musicaux réalisés par Alain Trudel. Leurs apports respectifs ont de toute évidence été réalisés avec doigté et maestria puisqu’ils se sont incorporés sans heurt, et tout en douceur, à la trame de l’œuvre. Messieurs, bravo et chapeau pour votre savoir-faire.
La tombée du rideau a été accueillie par une ovation debout spontanée et une vague déferlante d’applaudissements.
Malgré mes timides réserves, j’ai globalement apprécié cette version Binamé que je vous recommande sans hésitation. Elle sera encore à l’affiche les 7, 9, 11 et 13 mai. Vous pouvez vous procurez des billets en accédant, ici, au site internet de l’Opéra de Montréal.