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À partir de notre seule et unique perspective, considérant toutes ses limites, il peut être difficile de concevoir le Monde tel qu’il est réellement. Cependant, en reliant d’autres points de vue à cette perspective, celle-ci devient plurielle, ce qui a pour effet de préciser notre compréhension de la réalité. La semaine dernière, en allant visiter l’exposition du World Press Photo Montréal au Marché Bonsecours à Montréal, ce fut exactement ce que je ressentis.
Figer le temps
Relatant les événements marquants de l’année 2015 tels les attentats de Paris, le séisme au Népal, la crise des réfugiés et les tensions au Moyen-Orient, des artistes-reporters-photographes de 128 pays ont réussi à figer dans le temps des scènes troublantes qui ne peuvent laisser le public indifférent.
Lorsqu’une image vaut 1000 mots
Matthieu Rytz, producteur de l’événement, Anaïs Barbeau-Lavalette, porte-parole du World Press Photo 2016, et Francis Kohn, président du jury du concours World Press Photo 2016 et directeur photo de l'Agence France-Presse.
« Pour la 11ème édition du plus prestigieux concours annuel de photographie professionnelle au monde, 83 000 images ont été soumises par 5 775 photojournalistes », explique Francis Kohn, président du jury et directeur photo de l’Agence France-Presse. C’est en février dernier, à Amsterdam, que lui et les membres du jury ont dû délibérer afin de décerner le premier prix à 41 photographes de 21 pays.
Lors de la visite commentée réservée aux médias tenue le jour de la première de l’exposition, nous eûmes l’honneur d’être guidés par Monsieur Kohn lui-même qui allait d’une station à l’autre afin de nous expliquer les catégories et les différents critères de sélection du concours. « La photo de l’année est choisie parmi tous les prix décernés, premier, deuxième, troisième. C’est l’étape finale où l’on a décerné tous les pris, et là, on regarde les images sur un grand écran à haute définition et les tirages sur papier et on procède par élimination », explique Francis Kohn. « On vote chaque fois et on élimine. Au bout d’un moment il n’y a plus que deux photos et quand il n’y a que ces deux photos, il faut choisir avec un vote à l’unanimité. Il y a donc un débat entre les deux photos qui restent. Un débat de contenu, un débat esthétique. On a tous voté pour cette photo », dit-il en pointant le rendu de Warren Richardson, le photographe australien qui remporta le Grand prix photo ainsi que le 1er prix Nouvelles générales. « Pourquoi? Eh bien, on a trouvé que cette photo était très singulière. Assez unique. Elle est prise de nuit, en août 2015, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Les frontières se resserrent, on érige des murs et des barbelés. Malgré cela, il y a des gens qui continuent à passer. Alors, pour eux c’est la nuit. Il n’était pas question de faire un flash. Ils ne voulaient pas se faire repérer, bien sûr… À la fois en terme d’information, d’esthétique, en terme de pouvoir émotionnel, cette photo est très forte. Elle a quelque chose de particulier. »
Francis Kohn lors de la visite guidée réservée aux médias.
En effet, cette photo n’est pas un statement, c’est la scène d’un bébé qu’on passe sous les barbelés. Le visage de l’homme qui reçoit l’enfant exprime un mélange d’inquiétude, d’anxiété et d’espoir. Nous ne connaissons pas la relation entre les deux hommes. La photo est floue… Mais qu’en est-il de la qualité technique? « Parmi le jury, il y avait des photographes. Moi, je ne suis pas photographe, précise F. Kohn. Je leur ai demandé si ce photographe a fait ce qu’il avait à faire et il a fait exactement ce qu’il fallait faire. Il a ouvert le diaphragme au maximum, il n’a pas utilisé le flash, c’est la nuit. La technique, c’est aussi de savoir s’adapter aux circonstances. » Ce qui démontre la complexité de la tâche du jury de ce concours.
Quelque chose de rassurant dans l’espèce humaine
Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice, auteure et porte-parole de la présente édition, a eu carte banche pour la conception d’une exposition qu’elle consacre aux nouveaux arrivants syriens à Montréal. À la fin de notre visite, quelques journalistes et moi-même avons pris le temps de la rencontrer afin de réaliser un point de presse concernant son projet photo, Je ne viens pas de l’espace, qu’elle réalise grâce à une collaboration avec Guillaume Simoneau, photographe. « Il y a quelque chose de rassurant dans l’espèce humaine quand on voit ces rencontres-là », révèle A. Barbeau-Lavalette en parlant de son contact avec les immigrants syriens. Avec cette exposition, la réalisatrice a sensiblement voulu favoriser un début de compréhension.
Guillaume Simoneau, photographe de l'exposition Je ne viens pas de l'espace.
Depuis la crise syrienne, nous sommes tous témoins, ici et là, de commentaires révélant des amalgames absurdes entre les Syriens et les terroristes de l’E.I. « J’ai demandé aux familles syriennes : Êtes-vous conscient qu’il y en a qui ont peur de vous parce qu’ils vous associent aux terroristes? Ce n’était pas sûr qu’ils le savaient. Il disait : Si toi t’as peur des terroristes, regarde-moi. Et c’est Nidal qui parle, lui qui a parcouru des kilomètres et des kilomètres avec 7 enfants mineurs pour réussir à fuir les terroristes. S’il y a bien quelqu’un qui a peur des terroristes, c’est bien Nidal. Ce n’est pas normal qu’on puisse confondre un père comme Nidal avec ceux qu’il craint et que beaucoup de gens craignent par ignorance », poursuit A. Barbeau-Lavallette.
J’ai ensuite demandé à la réalisatrice pourquoi elle avait choisi de travailler avec Guillaume Simoneau sur ce projet. « Guillaume Simoneau a une approche sensible de la photo et c’est important avec ces gens-là de ne rien forcer. C’est pas le cadre qui forme la photo, c’est le protagoniste. Les gens qui devant toi vont décider de la valeur de la photo et toi, il faut que tu aies une certaine souplesse pour te plier à ce qui nait naturellement devant toi. Et Guillaume Simoneau avait la délicatesse et l’humanité pour s’approcher de ces gens-là. De les photographier sans rien forcer. », conclut-elle.
Une expo qui vaut assurément le déplacement
Réparties entre le rez-de-chaussée et la mezzanine du Marché Bonsecours - en plus des 150 images primées du concours et le projet Barbeau-Lavalette-Simoneau - trois autres expositions satellites occupent l’espace de la mezzanine du 325 de la rue de la Commune dans le Vieux-Port de Montréal. Regards d’Oxfam-Québec : À la recherche des milliards perdus qui traite des inégalités sociales et économiques à travers le monde et les initiatives porteuses d’espoir, ICI RDI qui relate le travail sur le terrain de ses correspondants à l’étranger, en terminant, une sélection de courts métrages issus de Cartes blanches du Festival du nouveau cinéma.
Ouvert tous les jours de la semaine entre le 31 août et le 2 octobre 2016, le Word Press Photo est un regard porté sur le monde qui dévoile des scènes troublantes et qui favorise assurément l’émergence de l’empathie naturelle.
Les partenaires de l’édition 2016 :
Oxfam-Québec, ICI RDI, La Presse+, Newad, La Vitrine culturelle, Nightlife.ca, Urbania, Narcity Media, Publicité Sauvage, L’Itinéraire, le Festival du nouveau cinéma (FNC), Fineau, Groupe Antonopoulos, Glutenberg, Photosynthèse et Arte e farina, avec le précieux soutien de la Ville de Montréal et de la SDC Vieux-Montréal.
L'exposition se tient du 31 août au 2 octobre 2016 au Marché Bonsecours à Montréal. Pour plus d'informations, visitez le site du World Press Photo Montréal.
Sources : http://www.worldpressphoto.org/francis-kohn
Mariklöde Tardi
Reporter indépendante
Collaboratrice au Fil Culturel de atuvu.ca
Auteure àFeather And Birds