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Né en 1965 à St. Marys (Ontario) et de descendance crie et irlandaise, Kent Monkman explore les représentations des Premières Nations dans l’art. Que cela soit à travers ses peintures, ses installations, ses films ou encore ses performances, l'artiste s'exprime et réalise ses œuvres sous le nom de Miss Chief Eagle Testickle, son alter ego féminin spirituel.
Prenant à contre-courant l’assimilation de la culture amérindienne, Kent explore avec humour et finesse les relations de domination entre les communautés immigrantes blanches et les Autochtones à travers les thèmes de la conquête, du racisme et de la pauvreté.
Spectatrice de tous les grands moments de l’Histoire des Premières Nations, Miss Chief revient sur les 150 ans du pays – notamment sur les pages sombres ayant enfanté les politiques d’extermination dévastatrice des Premières Nations –, ainsi que sur la résilience des peuples autochtones, entre assimilation, persécution et volonté affichée d’annihiler leur culture.
Le premier volet de l’exposition revient sur les débuts de la colonisation. Une installation grandeur nature représente de façon romantique le moment décisif où les Blancs, peu nombreux car arrivant tout juste, faisaient littéralement la cour aux diverses nations amérindiennes. Celles-ci, encore maîtresses de leur immense territoire, se voyaient courtiser pour avoir toujours plus de fourrures luxueuses ou de castoréum prisé par l’industrie du parfum, dans le but d'assouvir la soif de mode des élégantes de l’Ancien Monde. Miss Chief, sur une balançoire de lianes de fleurs et parée d’une robe rehaussée de fourrure à la mode de l’époque, écoute et se laisse bercer de mots doux prononcés par un notable anglais, pendant qu’un autre lui tend un bouquet pour attirer son attention. Le jeu de la séduction commence.
Les hommes se font, eux, offrir des fusils en cadeaux ou en troc contre les marchandises du Nouveau Monde. Les Indiens apprécient ces nouvelles armes ainsi que les manières différentes de penser de ces jésuites, sans pour autant les adopter. Seuls les castors, à ce moment là, paient le prix fort, comme l’illustre si bien cette toile du Massacre des innocents. En effet, cette époque sonne le glas des ingénieux mammifères, premières victimes collatérales de la conquête du Nouveau Monde. On y voit là le signe funeste de la suite des événements.
Puis, vient le temps de la Confédération. Les Blancs de plus en plus nombreux se servent des vieilles rivalités entre communautés autochtones pour prendre petit à petit le contrôle de l’Est du pays, s’appropriant ainsi définitivement les terres des Premières Nations qui y vivaient. C'est ce que Kent essaie d’illustrer à travers son tableau Subjugation de la réalité. Les deux chefs cris Big Bear et Poundmaker, fers aux pieds devant les chefs anglais (qui, eux, sont libres), se voient contraints d’accepter les conditions édictées pour essayer autant que possible de protéger leur peuple affamé par l’extermination volontaire des troupeaux de bisons par les Blancs. Ils sont, de plus, forcés à vivre dans des réserves où ils se font décimer par les maladies ramenées de l’Occident et contre lesquelles ils ne sont pas immunisés.
Si les atouts des chefs indiens sont leur parole et leur nudité face aux forces des éléments, l’homme blanc est quant à lui cupide et avide, n’hésitant pas à mentir pour mieux réaliser ses ambitions. Dans le Tableau des pères, Miss Chief, assise sur un tissu aux couleurs de la Baie d'Hudson, trône nue et seule face aux fondateurs de la Confédération. Ceux-ci sont tous blancs et en train d’instaurer un régime à leur image, loin des lois de la Nature observées jusqu’alors par les Premières Nations.
Puis, vient le temps de régler la question autochtone. Pour s’assurer leur totale assimilation, le Premier ministre Macdonald instaure alors les tristement célèbres pensionnats autochtones pour dissoudre les enfants d'ascendance amérindienne dans la culture blanche dominante, et les déraciner définitivement en mettant fin à la transmission orale de la culture amérindienne.
Dans son tableau Le cri, hommage au célèbre tableau de Munch, Kent Monkman illustre toute la brutalité et le non-sens de cette politique où les prêtes et bonnes sœurs, aidés des soldats canadiens, viennent arracher les enfants dans les bras de leur mère; vidant les communautés de leurs forces vives et de leur avenir. La propre grand-mère paternelle de Monkman fut enlevée à sa famille dans les années 1920 et, sur les 13 membres de sa fratrie, seuls 3 atteignirent l’âge adulte. Les pensionnats ont bien réalisé leur lavage de cerveau, car il faudra attendre les années 1980 pour que la parole des survivants de ces horreurs subies en silence se libère, et que la société canadienne prenne conscience de la dette morale contractée envers les Premières Nations.
C’est cela que l’artiste cherche à représenter dans les deux dernières salles de l’exposition: les impacts actuels sur la culture amérindienne de l’emprisonnement forcé de ceux qui refusaient l’assimilation, les sombres conséquences des pensionnats sur les communautés, et la vie dispendieuse et dénaturée dans les réserves.
Dans son installation Scène de la nativité, l’artiste nous confronte ainsi à toute la précarité de la vie actuelle des Autochtones, vivant dans des habitations de fortune où peaux de castor et bouteilles de Coca-Cola cohabitent, et où l’on prie la naissance d’un nouveau-né avec un chapelet sur lequel l’artiste a substitué le Christ par un castor crucifié. Sur les étagères, le visiteur peut voir quelques boîtes de conserve hors de prix car, oui, ce sont bien les étiquettes originales qui y sont apposées. Ne manquez pas non plus le trompe-l’œil en arrière, où l’on peut encore apercevoir un rapt d’enfant par des dépositaires de l’autorité catholique.
Dans la dernière salle, Monkman nous confronte aux problèmes modernes auxquels les communautés font face: suicides, gangs, violence et prostitution. Dans les forêts de béton de nos villes modernes, les Autochtones déracinés et démoralisés par un siècle de politique d’une extrême cruauté sont à nouveau les victimes oubliées des perditions de l’Homme blanc moderne.
Dans Voir rouge, Miss Chief se perche sur ses talons aiguilles en arborant un lumineux habit de toréro qui lui donne des formes très généreuses, pour nous interpeller sur la route difficile des peuples amérindiens. L'enfermement et les dépositaires de l'autorité sont toujours là en arrière, prêts à intervenir et, en avant, on voit les violences liées à la précarité de leur réalité actuelle.
Monkman nous invite à travers cette exposition à nous faire réfléchir sur l’avenir des populations canadiennes, au sein desquelles les Premières Nations doivent se réinventer pour trouver finalement leur place dans la société.
L’exposition Kent Monkman – Honte et préjugés se tiendra du 8 février au 5 mai 2019 au Musée McCord. Pour plus d'information, suivez le lien.