Les grands ballets présentent Cendrillon du 31 mai au 4 juin 2023 et du 8 au 10 septembre à la Place des Arts. Ce ballet, chorégraphié par l’Australienne Jayne Smeulders et composé par Sergei Prokofiev, est un pur moment de bonheur et de nostalgie qui transportera toute la famille dans un monde féerique et étonnamment drôle, inspiré du célèbre conte des frères Grimm.

À peine arrivé dans le hall de la salle Wilfrid Pelletier je suis déjà absorbé dans un conte de fées. En effet, le public tout entier est venu en robe de princesse et c’est avec joie que j’observe défiler les parures et diadèmes, tous plus beaux les uns que les autres. Il y a un vrai culte de Cendrillon chez les petits comme chez les grands!

Plus loin, des jeunes distribuent des échantillons de crème pour le visage, rien ne m’étonne plus: le spectacle est sponsorisé par Clarins donc ça fait du sens, ils sont même sur l’affiche! C’est au bout de dix minutes que le portier s’avance vers moi prudemment : "Monsieur vous êtes dans le passage et vous mettez les gens mal à l’aise en les dévisageant ainsi… Et puis… Vous avez oublié de vous déguiser en prince, Monsieur!"

Ayant oublié mon costume de prince charmant, je me faufile humblement dans les rangées et découvre avec stupéfaction la célèbre journaliste : « La femme au Ruban rouge ». Elle me regarde avec un large sourire en m’invitant à m’assoir: « vous ici ? Et bien, nous nous croisons énormément ces temps-ci, êtes-vous un fanatique de contes vous aussi? Paraît-il que le Cendrillon que nous allons voir ce soir est un brin différent de celui des Grimm. »

En effet, le rideau s’ouvre sur la mort de la mère de Cendrillon sauf que la méchante belle-mère et ses filles sont déjà là… Le mari n’a pas perdu de temps on dirait ! C’est quand même plus pratique pour la mise en scène. La femme au Ruban rouge me chuchote à l’oreille « C’est Myriam Simon la belle-mère, une danseuse étoile de légende qui prendra sa retraite après ce ballet. » D’autre part, dans cette version, le lien avec la mère sera représenté par une cage à oiseau plutôt qu’un noisetier offert par le père et planté près de la tombe de la mère. Quoiqu’il en soit, la cage servira elle aussi à parler à sa mère au travers des oiseaux. J’imagine qu’il s’agit d’un choix esthétique et symbolique pour représenter la condition de notre héroïne. Sera-t-elle capable de se libérer de sa cage? L’histoire est donc sans surprise celle qu’on connait bien, et emprunte essentiellement le ton et les éléments du dessin animé de Walt Disney comme les couleurs vives, le carrosse et la fée marraine (Maude Sabourin) qui interprète à merveille la mère perdue et la protection nécessaire au développement de l'enfant… La grâce et l'élégance des danseurs ainsi que la chorégraphie ludique de ce ballet aura de quoi vous replonger en enfance avec un sourire béat.

Ma plus grande surprise a été les rôles des deux vilaines sœurs, Isabella (Vanesa G.R. Montoya) et Anastasia (Anya Nesvitaylo). C’est en effet avec un œil clownesque que la chorégraphe s’attaque à ces deux antagonistes. Elles vont incarner la maladresse avec un impertinent talent; allant même jusqu’à voler la vedette du spectacle et à provoquer des fous rires dans l’assemblée en délire. Les deux sœurs sont d’une part vêtue de couleurs fluorescentes et d’autre part tentent désespérément de suivre le reste du corps de ballet avec des mouvements toujours plus saugrenus. Vulgarité et grâce mises côte à côte provoquent un effet doublement loufoque. Seul hic, on ne suit plus le reste de la chorégraphie tellement notre œil est sollicité par les pitreries ostentatoires de ces deux génies de la danse.

Chapeau bas les artistes, à quand le spin-off sur les deux sœurs ? La foule en redemande! 

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