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Aux portes de la ville-usine de Cirkopolis, l’imaginaire de la condition humaine se déploie dans un large éventail d’horizons. À la suite d’une tournée mondiale très mouvementée, les artistes du Cirque Éloize retournent au bercail pour présenter une nouvelle série de représentations. Après un premier arrêt à Québec, «Cirkopolis» sera de passage au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts de Montréal du 14 au 16 avril prochain. De sa Belgique natale, le directeur artistique en tournée et artiste Emmanuel Guillaume a bien voulu discuter avec nous du spectacle et de son évolution constante au fil des représentations.
Depuis ses débuts en 2012, l’univers de Cirkopolis mêle l’humour et la poésie avec « la prétention de secouer un peu les consciences ». Accompagnés d’une scénographie, de projections vidéo et d’une musique originale, dix acrobates, jongleurs, contorsionnistes et autres artistes multidisciplinaires racontent le triomphe de l’individualité sur l’oppression du système. Provocante, souple et muette, la production inspirée de l’esthétisme du film «Metropolis» de Fritz Lang aborde la solitude et l’affirmation de soi, mais aussi la solidarité humaine dans le langage universel des corps.
Propulsée en tournée mondiale depuis bientôt trois ans, la troupe du spectacle a récemment vécu de véritables montagnes russes d'émotions. « Je crois que j’ai vu concrètement sur le plateau la naissance de certains des artistes, pas seulement parce que plusieurs sont finissants, mais aussi par rapport à la situation.»
L’équipe s’est en effet retrouvée à Paris dans tous ses émois lors des événements du 13 novembre dernier. «Ça a ébranlé les artistes pour la plupart. À Paris et dans d’autres endroits en Europe comme à Bruxelles, c’était étouffant. », se rappelle Emmanuel Guillaume. « Dans un spectacle qui parle justement de liberté, les attentats étaient porteurs d’un sens particulier pour toute l’équipe. Ils ont d’abord ciblé des artistes dans une salle de spectacle où il y avait des musiciens sur scène. C’était un lieu de culture et non un symbole politique comme Charlie Hebdo et le fait que ces endroits ont été choisis par des terroristes montre que le spectacle, la liberté d’expression dérange. Avec un évènement comme celui-ci en pleine tournée, on réalise qu’on a un pouvoir quand on monte sur scène, que c’est un acte collectif.»
Même cri d’alarme en Turquie aussi victime d’attentats où le Cirque Éloize s’est retrouvé avec au moins deux représentations annulées. «Je sais que les événements ont provoqué chez les artistes un réel questionnement : ‘À quoi sert ce métier? Qu’est-ce que ça veut dire, tout ce monde qui parle de culture et de liberté?’ », rapporte Emmanuel Guillaume. « Les artistes ne font pas leur métier pour la reconnaissance, mais bien pour la rencontre avec le public, ce moment particulier et en quelque sorte privilégié. » Deux ou trois semaines plus tard, on a dénoté une ambiance plus festive en Allemagne, dont le directeur artistique se souvient : « les gens en avaient besoin, après être passés tout près de la mort. Il y avait une sorte d’euphorie dans l’air.»
Outre le défi de ces imprévus, les barrières culturelles, tout comme les fenêtres sur d’autres traditions ont aussi influencé la tournée. « De tout temps depuis Molière, le côté itinérant est quelque chose de propre aux artistes de cirque. Le fait de voyager comme ça, de se retrouver dans cette Vieille Europe permet de pouvoir goûter à ce qui se passe bien chez soi. Ça ouvre les horizons. » conclut Guillaume.
Devant un scénario déjà écrit, la troupe s’efforce tout de même de s’adapter au public auquel il s’adresse. « Certains auditoires versent plus dans l’humour, dans la douleur, ou dans la retenue. Les réactions sont quasiment absentes dans des endroits comme Dubaï ou Abou Dabi, parce que le ressenti se fait de l’intérieur. Il y a des publics qui n’applaudissent pas pendant les représentations ou juste à la fin par exemple », décrit Emmanuel Guillaume. « Sur le plan de la mise en scène, certains torses nus vont être plus habillés, une manche nue plus allongée au niveau de l’épaule. C’est déstabilisant pour un artiste habitué à davantage de réactions, mais ce sont simplement des codes différents. » Du reste, aucune limite d’âge n’existe pour voir Cirkopolis. « Le spectacle est avant tout familial. Mon fils l’a vu à six ans, donc il n’y a vraiment pas d’âge pour le voir. »
Pourrait-on dire que Cirkopolis représente toutes les villes? Selon Emmanuel Guillaume, des cités comme celle illustrée dans le spectacle peuvent exister. « La liberté de s’affirmer dans son caractère, dans sa silhouette est un thème fort véhiculé par Cirkopolis. » Pensons notamment à la femme qui enlève son lourd manteau gris de ses épaules et qui révèle sa robe rouge représentant en quelque sorte sa féminité. Plus tard, ces hommes qui débarquent dans la roue allemande symbolisent également le refus de continuer à être uniquement des machines.
Cependant, «Cirkopolis» se défait de l’apanage de la violence qui colle aux révolutions pour une image plus solidaire, plus humaine. « Le propos n’est pas de tout casser et de se ficher de tout », précise Guillaume, « on se penche plutôt sur une libération. C’est peut-être idéaliste de ma part, mais je crois qu’on peut continuer à travailler vers un projet commun tout en s’affirmant comme être humain. Je crois que c’est universel, surtout dans le contexte actuel de la mondialisation et qu’il est d’autant plus important de se souvenir de l’être humain à l’origine de tout ce mouvement.»
Toutefois ici, qui dit art engagé ne dit pas spectacle inaccessible. « On n’a pas cette prétention d’être des intellectuels. On fait notre travail d’amuseurs, de rêveurs et c’est magnifique ainsi. », déclare Emmanuel Guillaume. « Avec des mots, on a tendance à enfermer, à cibler le propos. Le spectacle fonctionne plutôt avec un système d’images : la musique, le son, la chorégraphie, et ce, toujours dans la légèreté propre aux circassiens. »
Après la Place des Arts de Montréal, le Cirque Éloize désire faire une première incursion dans le marché culturel florissant de la Chine avec le promoteur Shanghai Fresh Vogur de juin à septembre prochain. La tournée chinoise amènera aussi Cirque Éloize et ses créateurs à produire, pour la première fois, une deuxième mouture du spectacle au Adrienne Arsht Center de Miami du 7 au 31 juillet 2016. Pour le directeur de tournée, ces nouvelles relations risquent d’aller au-delà de l’industrie: « que ce soit avec la Chine ou n’importe quel autre pays, on y va avec la seule attente d’avoir la liberté d’être ensemble pendant 1 h 30 de performance. On recherche surtout un dialogue, plutôt que de faire des affaires.»
400 représentations, 85 villes et 23 pays plus tard, l’œuvre de Jeannot Painchaud, Dave St-Pierre et ses nombreux autres artisans a définitivement grandi : « le spectacle évolue tout le temps, et il appartient aux artistes. Il change selon les représentations, mais je pars toujours d’eux et ce sont eux qui ont le dernier mot sur le produit final de la prestation». La beauté et l’esthétisme sont des critères qui reviennent souvent pour juger de la qualité d’un spectacle, et à ceux-ci le Cirque Éloize ajoute la portée de la rencontre entre le public et les artistes. « Cirkopolis, ce sont avant tout des êtres humains qui partagent une expérience semblable, bien au-delà des frontières. »
Cirkopolis est une production du Cirque Éloize et à l'affiche du 14 au 16 avril au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Visitez la billetterie de la Place des Arts pour acheter vos billets.