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Raphaël Personnaz, le nom vous est famillier? Non. Alors son visage l’est sûrement puisqu’il est la vedette d’une quinzaine de films français depuis le début de la décennie. Si Raphaël Personnaz est moins connu au Québec, chez lui, il s’est imposé comme un des jeunes acteurs incontournables du cinéma français à l’instar de Romain Duris, Louis Garrel et Pierre Niney. De passage au Festival Cinemania pour promouvoir son nouveau film Dans les forêts de Sibérie, atuvu.ca a eu l’occasion de s’entretenir avec lui à propos de ce tournage plus grand que nature et de sa vision du métier d’acteur.
Vous avez été contacté à peine trois semaines avant le début du tournage de Dans les forêts de Sibérie. Avez-vous hésité avant d’accepter le rôle de Teddy?
Non, pas du tout, parce que j’avais lu le livre à sa sortie, cinq ans auparavant, et j’étais tombé amoureux de ce livre et surtout de la philosophie de ce que ça racontait. […] Ce n’était pas plus mal qu’on me le propose trois semaines avant parce que fallait que j’apprenne le russe, fallait que je reprenne des cours de patin à glace parce que, chez nous, c’est moins habituel de pratiquer le patin à glace… Enfin des choses très concrètes comme ça. Donc, je n’avais pas le temps de trop psychologiser les choses. Du coup, je n’avais pas l’impression de me préparer à un tournage, mais à un voyage. Un petit peu comme le personnage. Comme on a eu la chance de tourner pas mal de chose, au début, dans la continuité, je vivais les choses en même temps que lui.
Vous avez précédemment tourné au Tadjikistan et au Cambodge. Pour ce film vous êtes allé en Sibérie. Est-ce que cette expérience de tournage était comparable aux précédentes?
Non, ce n’était pas comparable, parce qu’au Tadjikistan c’était un film un peu militaire avec un scénario qui ne permettait pas la possibilité d’improviser. Pareille avec le Cambodge, c’était un film historique. Donc, on ne pouvait pas trop se permettre de liberté. Là, il y avait une dimension de quête humaine. C’est un vrai film d’aventure intérieur et extérieur. Donc, on pouvait se permettre d’improviser, de jouer avec les Autochtones […] qui ne sont pas des acteurs. Si moi, devant ces gens-là, j’avais commencé à jouer, ça aurait été ridicule. Ils sont tellement entiers, rien que leur visage c’est un vrai paysage. On voit le temps qui est passé. Face à ça, si vous commencez à faire un numéro de chien savant c’est ridicule. […] Au contraire, il faut être dans le regard et dans la générosité. Ce personnage c’est l’inverse d’une performance, c’est un non-jeu très calme et très humble. C’est ce que raconte le film : quelqu’un qui devient très humble par rapport à la nature.
Est-ce que vous seriez prêt à dire que faire ce film n’était pas seulement un tournage, mais une expérience en soi?
Oui, je suis d’accord. Si ça n’avait été qu’un bon souvenir de tournage, ça n’avait pas d’intérêt. Je trouve que le film correspond exactement à ce qu’on a vécu pendant le tournage parce qu’on a un réalisateur qui a su capter ces moments-là. Vous voyez, au début, il y a une scène avec une petite dame qui me fait une chanson. Ce n’était pas prévu. [...] Safy Nebbou rencontre cette dame qui potentiellement pouvait apparaître dans le film et elle lui fait cette chanson. […] Il m’a dit : « Voilà, il y a cette dame. Je vais te filmer et tu vas voir, elle va faire un truc. » Je vois cette petite dame qui chante et je suis saisi parce que je viens d’arriver de France… Ouais, ça m’a ému. Voilà, c’est que des petites choses comme ça où [...] toute l’équipe faisait le voyage en même temps que le personnage. Une trentaine de Français, trente solitudes réunies comme ça. Il y a une sorte de communion dans la solitude de chacun.
En parlant du métier d’acteur, vous avez dit à Paris Match : « Ce regard très bourgeois porté sur le métier d’acteur qui fait que, si la presse ou la télé ne t’a pas légitimé, tu n’existes pas » À notre époque, un acteur peut-il être légitime sans passer par l’appareil médiatique?
Oui. J’ai l’impression que le système médiatique en France est assez bourgeois et ne va légitimer que les choses qui existent déjà. Si on n’a pas 20 ans de carrière, on n’existe pas en clair. Moi, par exemple, pendant 10 ans, j’ai tout le temps travaillé. J’ai fait des trucs plus ou moins bien, j’ai été plus ou moins bon. Puis, d’un coup, arrive le film de Tavernier, La Princesse de Montpensier, et il y a un gros projecteur sur moi. D’un coup j’ai été légitimé par ça. D’un coup, des gens, même dans ma propre famille, qui me disent : « C’est génial ce qui t’arrive! » Ils n’avaient même pas vu le film, mais parce qu’il y a eu ce regard des médias, d’un coup, vous étiez légitimé. J’ai même des mecs qui m’ont proposé des films, après ce film-là, sans même avoir vu le film. C’est très déstabilisant. […] C’est le jeu, c’est comme ça. C’est profondément injuste pour plein d’artistes, absolument légitimes et très bons, qui ne seront sans doute jamais légitimés par le système médiatique, mais qui auront un travail tout au long de 50 ou 40 ans de carrière.
Étant donné ces opinions que vous avez sur le monde artistique et médiatique, vous considérez-vous comme un acteur qui va à contre-courant de certaines tendances dans cet univers?
Ça vient de plus en plus. Les forêts de Sibérie ç’a été un révélateur. Vous commencez un métier, moi je l’ai commencé parce que j’admirais des gens, et puis, après, vous êtes pris dans un système parce que vous commencez à travailler. Le moment, comme Les forêts de Sibérie, où vous pouvez prendre un peu de recul et vous dire : « Pourquoi j’ai commencé ce métier? Quels étaient mes exemples au début? Est-ce que c’est ce que je suis en train de faire dans un système donné? Est-ce que je veux rester fidèle à certaines convictions? » Le film est sorti en juin, je suis en promo depuis avril et je pourrais continuer à en parler parce que je trouve qu’il a vraiment un sens. Je pense que, si dans dix ans, on me demande, je pourrai encore en parler. En fait, j’ai fait ce métier pour échapper à des cadres et comme ce métier à de plus en plus de cadres, ça m’étouffe très vite. C’est un réflexe primal que dès qu’on veut me mettre dans une case, je me casse.
Dans les forêts de Sibérie est à l’affiche au Québec le 11 novembre.