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J’ai récemment eu le bonheur, et le privilège, de mettre la main, en primeur, sur le premier album (CD) en carrière de la soprano colorature québécoise Marianne Lambert, et de l’écouter à satiété. Pandémie de coronavirus oblige, son lancement officiel se fera en ligne sur la page Facebook « Marianne Lambert, soprano », le vendredi 15 mai à 19h30. Les amateurs de belcanto y sont conviés en grand nombre. Ne manquez surtout pas ce rendez-vous auquel vous pourrez vous rendre en cliquant sur ce lien.
En guise d’entrée, pour vous mettre en appétit et piquer votre curiosité, j’ai posé quelques questions à Marianne. Elle a très aimablement accepté d’y répondre. Mon appréciation de l’album suit immédiatement après.
Rappelez-nous durant quelles années vous avez été membre de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal.
J’ai été membre de l’Atelier de 2007 à 2009.
Quand l’idée de ce premier CD a-t-elle germé?
Depuis l’Atelier, j’ai collaboré à divers albums, dont «Le Gala du 30e anniversaire de l’Opéra de Montréal », le « Quatuor Bozzini », et « Orbis » de la harpiste Valérie Milot. Depuis des années je rêvais de produire mon album solo, mais j’avoue que le courage me manquait. Lorsque j’ai gagné le Prix du Récital An die Musik au 25e Concours international de chant de Clermont-Ferrand en 2017, je me suis dit : Bon, vas-y Marianne, tu es capable! Tu es une artiste accomplie et tu dois aller jusqu’au bout de tes rêves! C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre les devants. J’ai adoré toutes les étapes de création.
Au total, pendant combien de temps le travail de réalisation de ce CD s’est-il étalé?
C’est à partir du concours (2017) que j’ai commencé à élaborer le concept et le programme en collaboration avec le pianiste Julien LeBlanc. Une fois cette étape initiale franchie, j’ai cogné aux portes de certains producteurs. C’est Michel Bérard, qui est à la tête de la direction de Fidelio Musique, qui a pris le pari de m’encadrer dans ce processus de création. C’est à compter de janvier 2019 que nous avons commencé à travailler très fort pour trouver une équipe qui me convenait, dénicher un commanditaire, et faire les demandes de subventions. Nous avons enregistré en décembre 2019, à mon retour de la France. Ça m’aura donc pris une année entière pour réaliser ce magnifique projet.
Nous avons eu trois semaines de répétition et quatre jours d’enregistrement.
Le fameux ténor Mario Lanza (1921-1959) était réputé pour être le roi du « one take only, perfect the first time ». Y a-t-il du Mario Lanza en vous? Ou avez-vous fignolé chaque pièce à répétition et à la perfection?
Nous avons eu très peu de temps pour ce programme chargé. Certaines pièces ont été plus difficiles que d’autres. Je pense notamment à la pièce « Un tombeau dans un parc » du cycle « Mélodies Passagères » de Samuel Barber qui a été réalisée en une seule prise. Cette pièce évoque la mort d’une enfant, exprimée avec beaucoup de douceur et de lumière. Après cette prise j’ai pleuré. En 2010, nous avons enterré notre fille Emma, morte à la naissance. Ce fût une de mes plus grandes épreuves dont je suis néanmoins ressortie grandie. Nous parlons souvent d’elle à notre fils Gael. C’est notre petit ange gardien.
Qu’est-ce qui a guidé votre choix des pièces?
Nous avons basé notre répertoire sur le magnifique cycle de Samuel Barber « Mélodies Passagères ». Ce cycle exprime des passages obligés, parfois doux et amers, que la vie nous impose. Nous nous sommes inspirés de ces thèmes et de ces couleurs exotiques en voguant parmi les compositeurs suivant : Bizet, Massenet, Barber, Delage, Paladilhe, Granados et Lavallée.
Je tenais également à mettre en lumière le cycle des 4 poèmes hindous de Maurice Delage qui est très peu exécuté. Cela fait plusieurs années qu’il fait partie de mon répertoire et je rêvais du jour où je pourrais enfin l’immortaliser.
Comment avez-vous sélectionné votre pianiste accompagnateur?
En 2013, Julien LeBlanc et moi étions engagés à donner un récital à Moscou pour l’opéra Novaya. Nous avons aussitôt connecté artistiquement, d’où notre commune volonté de poursuivre notre collaboration. Depuis, nous travaillons ensemble.
Avez-vous un autre projet de CD en vue?
Oui! Une fois le lancement terminé, je vais me remettre au travail sur un nouveau projet d’album. Je ne peux en parler davantage puisque ce n’est encore qu’une ébauche.
Après cette substantielle entrée en matière, voici mon appréciation toute personnelle et subjective de ce premier opus qui en met plein les oreilles.
Mélodies Passagères est un festin musical composé de 21 services tout aussi appétissants les uns que les autres grâce aux différentes saveurs proposées.
Si Marianne était à la recherche d’un éloquent véhicule promotionnel, d’un argument de vente convaincant, et d’une attrayante carte de visite, cet album remplirait parfaitement bien cette triple fonction.
Au gré des multiples pièces, dont certaines très courtes (moins de deux minutes), Marianne nous révèle, de magistrale manière, la vaste étendue de son registre vocal qu’elle exploite très efficacement, avec grande souplesse, évidente maîtrise technique, agilité certaine, grâce patente, douceur exquise, ou puissance impressionnante doublée de passion débordante.
Gymnaste vocale accomplie, virtuose de la vocalise, de l’enjolivure et de la fioriture, elle s’acquitte aisément des difficultés techniques, tout en communiquant efficacement les subtilités de chacune des œuvres interprétées.
Ce qui m’a naturellement manqué lors de l’audition c’est de pouvoir observer la gestuelle et le faciès toujours hautement expressifs de la diva qui joue aussi bien qu’elle chante.
À mon humble avis, pour pleinement apprécier chacune des chansons, l’écoute doit se faire en ayant le livret à la main pour en lire le texte, décidément poétique, avant même d’écouter la chanson, ou pour en suivre le mot à mot durant l’exécution. En effet, parce que la voix donne souvent dans l’aigu et le suraigu, il est plutôt difficile de saisir toutes les paroles, tout particulièrement quand le débit s’accélère ou que l’émission sonore augmente.
Si je puis me permettre un bémol humoristique, l’album est intitulé Mélodies Passagères, et il m’a souvent semblé que, sur plusieurs pistes, elles l’étaient effectivement…passagères. Lorsque je croyais en avoir détecté une, le temps de quelques notes au piano, elle se faisait aussitôt évanescente. Sauf exception, nous ne sommes pas ici en présence d’airs enjôleurs et racoleurs tels qu’on en retrouve dans les opéras et opérettes, ou dans les chansons napolitaines par exemple. Nous sommes en présence de poésies en chansons dont les musiques sont plutôt sévères.
J’ai trouvé la définition suivante de la mélodie, qui rejoint parfaitement ma conception personnelle de la chose : ensemble de sons successifs (par opposition à harmonie) formant une suite musicale reconnaissable et agréable. Synonyme : air. J’en retiens particulièrement les mots « reconnaissable » et « air ».
Pour quiconque vient d’entendre une des chansons (sauf exception), en siffloter ou en fredonner spontanément la mélodie relève carrément du défi. Ce ne sont tout simplement pas des airs facilement reconnaissables et donc aisément mémorisables. Mais les très notables exceptions que voici pourraient vous valoir de tenaces vers d’oreille :
Piste 11, « Les adieux de l’hôtesse arabe » de Georges Bizet
Piste 18, « Gracia mia » de Canciones amatorias d’Enrique Granados
Piste 19, « Les filles de Cadix » de Léo Delibes
Piste 20, « Nuit d’Espagne » de Jules Massenet
Piste 21, « Andalouse » de Calixa Lavallée
Bien que la mélodie soit souvent passagère, je suis néanmoins d’avis que toutes les chansons, sans exception, nous offrent le splendide spectacle de la colorée pyrotechnie vocale dont l’émérite diva est capable et nous gratifie généreusement. Mes favorites ci-dessus découlent de mes goûts personnels subjectifs, qui n’engagent que moi et ne présagent en rien ce que seront les vôtres.
En définitive, l’harmonie, la beauté, et l’atmosphère enveloppante sont de précieuses constantes sur toutes les pistes de cet excellent CD, qui ne se démarque pas tant par son homogénéité que par l’incontestable virtuosité de l’interprète, autant que celle de l’accompagnateur. Je leur lève mon chapeau, je les salue bien bas, et je souhaite sincèrement que leur bébé établisse des records de vente.
Vous pouvez en apprendre davantage sur Marianne Lambert et Julien LeBlanc en fréquentant leurs sites internet, respectivement ici et là. Ils sont également présents sur Facebook.