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La première fois où j’ai assisté à une représentation de Tu te souviendras de moi, pièce de théâtre écrite par François Archambault, c’était en 2014, au théâtre de la Licorne. Ma mère était alors souffrante de la maladie diffuse à corps de Lewy, une maladie dégénérative proche de l’Alzheimer. L’auteur et dramaturge québécois avait trouvé les mots pour me réconforter, mais aussi pour m’ébranler.
L’année suivante, je l’ai revue avec mon père. Ma mère était alors décédée depuis plusieurs mois et j’espérais que cette soirée fasse du bien à mon père. On se sent toujours moins seul quand on réalise que d’autres ont une histoire semblable à la nôtre; dans ce cas-ci, celle de Madeleine, l’épouse d’Édouard, ressemblait à ce que mon père avait vécu.
La vision de l’auteur
Dans une entrevue qu’accordait François Archambault à Jean-Denis Leduc de La Licorne, il racontait ce qui l’a amené à écrire ce texte : la relation entre son beau-père, atteint d’Alzheimer, et ses proches. Quand il le visitait, le vieillard pouvait lui demander trois ou quatre fois d’affilée ce qu’il faisait dans la vie. Comme on le fait tous, Archambault avait tendance à lui faire remarquer qu’il avait déjà posé la question; mais sa belle-mère lui conseillait de ne pas faire ce genre de commentaires.
Comme il avait la chance de travailler sur plusieurs projets, François Archambault ne lui donnait alors jamais la même réponse. Ce qui en soi n’était absolument pas grave puisque le vieil homme ne se souvenait pas de la précédente. Mais imaginez comment ce qui a un fort potentiel dramatique peut facilement tourner au comique… ce qu’on ressent bien dans la pièce.
La semaine dernière, j’ai revu cette pièce pour la troisième fois, mais avec une nouvelle distribution et dans une autre langue. Bobby Theodore, qui a traduit au moins 25 pièces, l’a transposée dans la langue de Shakespeare. Cependant, il a gardé les mêmes prénoms francophones : Madeleine, Édouard, Bérénice, Isabelle et Patrick.
Les personnages
Dans la version française, le personnage principal était magnifiquement interprété par Guy Nadon. Au Centaur, c’est le comédien et musicien Jean Marchand qui incarne Édouard.
Et il le fait avec brio lui aussi. Il n’a rien à envier à Guy Nadon. Chacun a sa façon d’interpréter le personnage, mais autant l’un que l’autre est crédible et juste dans le ton. Jean Marchand n’a aucun accent; normal, il a été élevé dans les deux langues, sa mère étant new-yorkaise et son père québécois.
Parlons d’Édouard. C’est un professeur et historien à la retraite. De par son travail, il a souvent été la vedette, la personne qu’on écoute et qui aime s’exprimer. Il rayonne quand il a un public; il a le sens du spectacle et est même un peu prétentieux. Il est brillant, articulé, fonceur, drôle; loin d’être affaibli comme on peut imaginer une personne malade. Il a un humour bien à lui.
Malgré la maladie, il se souvient avec force détails, de l’Histoire, du passé. Mais c’est l’actuel qui est difficile. Un peu pour lui, mais beaucoup pour Madeleine, jouée par Lally Cadeau.
D’ailleurs la pièce commence ainsi : Madeleine arrive chez sa fille Isabelle (Johanna Nutter) pour lui laisser son père pendant quelques jours, le temps de reprendre son souffle. Mais Isabelle, journaliste, s’apprête à aller couvrir une inondation, une affectation de plus de 24 heures. Patrick (Charles Bender), son nouveau conjoint, accepte de prendre soin d’Édouard pendant la fin de semaine. Cependant, puisqu’il avait déjà prévu aller rejoindre ses chums pour s’amuser un peu, il demande à son adolescente de fille, Bérénice (Amanda Silveira), de garder le vieillard.
Bérénice trouve cette obligation pénible au départ, mais une relation bien spéciale se développe entre les deux. La limite entre le rêve et la réalité est parfois difficile à faire; ce qui permet à Édouard de réinventer le passé et de panser des blessures.
Comme il le dit lui-même, François Archambault n’a pas écrit une pièce sur la maladie, mais plutôt sur la mémoire, la famille et les liens. C’est une histoire touchante, qui bouleverse tout en apaisant.
Les décors et la mise en scène
Dès l’entrée dans la petite salle du Centaur, j’ai été impressionnée par le décor; une scène partiellement sur deux étages afin de permettre plus de possibilités et rendre l’histoire plus évidente pour les spectateurs. Et ça fonctionne bien : il y a la maison d’Isabelle et de Patrick, et aussi l’extérieur : la forêt et le feu de camp, des espaces où Édouard s’évade et se souvient…
Chapeau au metteur en scène Roy Surette et aux comédiens. Sincèrement.
Ne manquez pas d’assister à cette pièce qui est présentée jusqu’au 2 avril prochain; pour Édouard et Madeleine ou pour Monique et Yves – mes parents. Pour mettre un baume sur ce que vivent les malades et leurs proches pendant plusieurs mois.
Ah oui… Je gage que vous retournerez à la maison avec un ver d’oreille, car l’auteur utilise dans la pièce, la chanson écrite par Marc Gélinas en 1965 : Tu te souviendras de moi
Oh, oh, oh, oh, que la vie est triste
Oh, oh, oh, oh, quand tu n'es pas là
Oh, oh, oh, oh, la vie sera douce
Oh, oh, oh, oh, quand tu reviendras
Tu te souviendras de moi.
Si vous réservez vos billets pour le jeudi 23 mars ou le dimanche 26 mars, vous aurez la chance de rencontrer les comédiens et le metteur en scène qui vous feront pénétrer dans les coulisses. Intéressant!
Pour réserver: centaurtheatre.com