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Du 17 janvier au 11 février, le TNM présente La bonne âme du Se-Tchouan, pièce phare du théâtre de l'Allemand Bertolt Brecht, écrite en 1938 - en pleine montée du nazisme en Europe – et jouée pour la première fois en 1943, dans un cabaret à Zurich. Cette fable musicale à grand déploiement pose la question toujours actuelle, mais difficilement résoluble : « La bonté est-elle possible dans un monde où l'extrême misère sévit? » Poser la question, c'est presque y répondre...
Ce classique intemporel, posant un regard critique sur la condition humaine, a été remis au goût du jour par la plume puissante, directe et métaphorique de Normand Canac-Marquis, qui en a extrait une superbe version française. Quant à la musique de la vingtaine de chansons présentées dans ce cabaret ludique, elle a été réinventée par Philippe Brault. Grande admiratrice de l'oeuvre de Brecht, Lorraine Pintal, metteure en scène, s'est fait plaisir en montant cette pièce qui, par le procédé de distanciation cher à Brecht, permet à l'auditoire de réfléchir et de tirer ses propres conclusions de la pièce au lieu de s'identifier simplement aux protagonistes. Ainsi, toute la liberté de pensée est remise aux spectateurs.
L'histoire
Dans un village réinventé de la Chine, une grande misère matérielle et humaine sévit. Les gens crèvent de faim et se battent pour un morceau de pain ou de viande. Dans un tel contexte, la bonté, l'altruisme et la générosité sont-elles possibles? C'est la réflexion à laquelle Brecht nous convie, à travers cette fable, par ailleurs festive, ludique et musicale.
Le personnage central de la pièce, Shen Te (l'excellente Isabelle Blais), est une prostituée (protagoniste typique de l'univers brechtien, qui choisit toujours des personnages venus des bas-fonds...) Cette Shen Te, donc, a très bon cœur et une âme pure, prête à aider tout le monde, souvent à son propre détriment.
Un jour, Dieu arrive au village, à la recherche « d'une bonne âme » pour l'héberger pour une nuit.
Alors que toute la ville refuse de l'héberger - ne serait-ce qu' une nuit - Shen Te, elle, accepte. C'est donc à cette « bonne âme » que sera confiée la mission d'aider les autres... Pour sa bonne action, elle reçoit un montant d'argent substantiel, qui lui permet d'acquérir un petit commerce de tabac, et donc, de sortir de la prostitution.
Commence alors toute une série de péripéties où les gens du village cherchent tous (à l'exception d'un couple de personnes âgées) à tirer profit de sa nouvelle situation, enviable à leurs yeux. Ainsi, comme dans la vraie vie, chacun essaie de lui extirper le plus d'argent possible, sans aucun égard pour elle. Comme elle est bonne - et peut-être même inconsciente - elle tente d'aider tout un chacun en lui prêtant ou en lui donnant de l'argent. Bien entendu, elle retombe derechef dans la misère. Brecht a alors eu l'idée géniale de lui adjoindre un personnage d'alter ego, qui fera contrepoids à cette excessive bonté. En effet, c'est sous les traits de son cousin Shui Ta (Isabelle Blais également), que la rationalité, l'économie et la dureté des affaires reviendront en force, pour contrebalancer l'excessive générosité de Shen Te. (Il est intéressant que la metteure en scène ait choisi de faire jouer les deux personnages- qui sont en fait les deux côtés de la même personne- par la même comédienne : Isabelle Blais.) Ainsi, nous dit Brecht en sous-entendu : nous avons tous en nous les deux revers de la même médaille : la bonté et la dureté. À nous de choisir ou de savoir doser les deux parties. Jouez à y9 des jeux en ligne pour les enfants.
Comme les âmes abîmées se reconnaissent, une histoire d'amour se tisse entre Shen Te et Yang Sun, (Emile Proulx-Cloutier) un aviateur privé de son rêve de pouvoir piloter à nouveau, faute d'avoir un avion. Shen Te comprend son désespoir et tentera de l'aider. Bien que Yang Sun en veuille plus à son argent qu'à son amour, la jeune femme ne lui est pas totalement indifférente. L'alter ego Shui Ta se rendra compte de la méprise et rejettera pour un temps Yang Sun.
Mise en scène
Cette pièce de Brecht, au contenu chargé et à la réflexion profonde, aurait pu être lourde et difficile à digérer. Pourtant, il en est tout autrement. Cela est dû à la mise en scène joyeuse, festive et empreinte d'allégresse même, que ce mariage entre la joie et la réflexion est possible et fécond. « C'est le divertissement engagé cher à Brecht », nous rappelle Lorraine Pintal. « Comme dans les cabarets de Berlin à l'époque de Karl Valentin, qui sensibilisaient le peuple allemand aux atrocités de la guerre par le rire et le déguisement. » De plus, le fait que le personnage principal soit une femme forte, enchantait la metteure en scène.
La pièce se passe ici aussi dans un cabaret, où 19 comédiens chantent et dansent, tout au long des quelque deux heures que dure la pièce. C'est un spectacle de théâtre épique, haut en couleurs, extrêmement divertissant, où des chœurs entrent et sortent. En tout, une vingtaine de chansons sont interprétées par des comédien(nes)-chanteur(se)s tels Louise Forestier, Marie Tifo, Isabelle Blais, Linda Sorgini, France Castel, Emile Proulx-Cloutier – et j'en passe. De plus, un orchestre «live», composé de 4 excellents musiciens, exécute les chansons avec brio. Et comme si le spectacle n'était pas suffisamment coloré, un apport visuel - sous forme de vidéos - nous transporte dans l'ambiance de la Chine.
Bref, La bonne âme de Se-Tchouan, présenté au TNM jusqu'au 11 février, est un spectacle époustouflant, génial et éclaté, auquel les spectateurs ravis ont offert spontanément une ovation debout.
Deux heures de délices, à ne pas manquer!