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Perdre un enfant est la pire épreuve qu’un couple puisse traverser. Encore bien peu de livres racontent l’immense peine, la profonde détresse vécue et la vie après cette épreuve. Il y a, certes, de plus en plus de couples qui s’ouvrent, qui partagent; mais bien souvent ce deuil se fait dans l’intimité la plus sombre. Dans son premier roman, Comme les nuages, l’auteure Louise Gaudette nous parle d’Élisabeth et Saul, de leur rencontre à la naissance de leur petite fille Sofia, naissance qui n’aura duré que l’instant d’un souffle, et de leur vie après cette perte indescriptible.
Louise Gaudette a fait des études en traduction et en littérature et a publié un recueil de nouvelles en 1999, Contre toute attente. Son premier roman, Comme les nuages, reflète la fragilité de la vie, l’impermanence des nuages blancs ou gris, le ciel qui éclate sur la mer pour ensuite la soulever en douceur, selon la houle, selon les vagues.
Comme les nuages est un cri de l’âme de ce petit-être qui n’a pu crier à sa naissance, de Sofia, fille d’Élisabeth et Saul. En donnant la vie à un enfant, on lui donne automatiquement la mort puisque c’est la suite des choses, la suite logique, mais s’attend-on à ce que cet enfant meurt avant même de naître, en nos entrailles, lui qui déjà faisait partie de nous et de nos projets futurs?
Comme les nuages est l’histoire d’Élisabeth et Saul, de Sofia aussi, et se déroule sur une année. Bien plus qu’une histoire, le livre Comme les nuages est un legs précieux pour tous ces couples qui vivent l’inimaginable, l’inacceptable. L’auteure dévoile ses personnages dans toutes leurs failles, leur amour, leur peine; mais surtout, elle souffle en eux une résilience désarmante, finalement, en laissant le temps « arranger les choses », en laissant la vie guérir les plaies les plus vives. Mais il y aura beaucoup de poussière qui retombera avant de pouvoir à nouveau croire en la vie et en sa beauté.
Le vent nous portera
Élisabeth a 38 ans et est professeur de tai-chi. Elle rencontre Saul lors d’un party chez Pierre, son ex et ami. Avant de rencontrer Saul, elle avait déjà entamé un processus d’adoption en banque mixte, mais la vie n’avait pas fait en sorte qu’elle adopte l’enfant si longtemps attendu.
Très rapidement, Saul et elle vivent un amour passionné, comme si le temps pressait, la peur de « manquer le bateau », la peur que la vie s’écroule, un besoin d’engagement peut-être, d’ancrage, de se laisser porter par le vent!
« Les jours et les semaines ont passé, magiques, dans un tourbillon de rencontres, d’appels et de textos. Emportés par le désir et le plaisir, nous ne prenions pas de précautions. Je n’avais pas de temps à perdre, et toi, tu voulais bien, déjà, me rendre heureuse. »
Élisabeth porte la vie en elle. Elle qui n’avait que soif de liberté est maintenant pleine d’amour et d’espoir. Le bébé va bien, il est en bonne santé, la grossesse se déroule normalement, sans tracas précis, la chambre de bébé est prête à accueillir cet enfant déjà tant aimé. Le 14 mars, aux prémices du printemps, Élisabeth accouche d’une petite fille, Sofia. Le nourrisson ne respire pas. Son âme a déjà quitté son petit corps. C’est le début du naufrage d’Élisabeth.
« Nous étions deux dans ce naufrage, mais c’est envers moi, la mère, que les gens de notre entourage ont manifesté le plus de sollicitude […] Toi aussi tu as veillé sur moi. Tu m’as écoutée et as tenté d’alléger ma culpabilité. Tu m’as rassurée et consolée. Tu m’as incité à consulter une psychologue ou à chercher un groupe de soutien, mais je ne voulais pas d’aide; je voulais m’en tirer seule. »
Élisabeth désire vivre son deuil seule, sans Saul, sans personne. Elle s’isole comme un animal blessé, crache sur la compassion des autres et grogne lorsqu’on s’approche de trop près de sa douleur. Les mots ne veulent plus rien dire. Elle est seule au monde, vide, son corps n’a pas su mettre la vie au monde alors plus rien ne compte plus dorénavant.
« Nous avons quitté l’hôpital les bras vides. Ni nous ni les autres ne savions comment parler de ce qui s’était passé. Autour de nous, la vie continuait. Les mères étaient omniprésentes, les femmes enceintes aussi; je ne voyais qu’elles dans les rues, les commerces et les parcs, arborant leur ventre arrondi ou promenant leur bébé dans la poussette […] »
Les amoureux vivent chacun à leur manière le terrible drame qui les unit. Saul trouve refuge dans le travail et part en tournée en Europe avec son groupe de klezmer. Il visitera Auschwitz pour retracer une partie de son histoire, lui qui est issu d’une famille juive décédée dans les camps. Au milieu des murmures de ses aïeuls, la vie prend un sens nouveau, le passé et le présent s’entremêlent, le silence se fait conseiller.
« Tristement, c’est par sa mort que Sofia m’a prouvé son existence. J’avais participé à sa conception, vu le corps d’Élisabeth se transformer, senti sous la paume de ma main ce qui semblait être ses coups de pied, mais ma fille demeurait une abstraction […] Dans la chambre de Sofia, rien n’a bougé, sauf les objets qu’Éli déplace compulsivement […] J’aimerais que nous déménagions, mais Éli ne veut pas. Je n’ai jamais connu de femme aussi obstinée. Nous aurons une enfant, me crie-t-elle, en colère, lorsque j’exprime mes doutes ou ma vision d’une vie possible sans enfant. »
Dans le ciel infini des adieux
Juste avant le départ de Saul, Élisabeth quitte Montréal pour Cape Cod où elle ira pleurer sa rage en toute liberté et boire sa peine jusqu’en être malade s’il le faut! Pourvu que toute cette tristesse et ce mal qui la grugent sortent!
Peu à peu, elle se lie d’amitié avec le vieux Théo, propriétaire de la maison qu’elle loue à Cape Cod, qui a perdu sa femme d’un cancer et sa fille dans un accident.
« Lorsque j’ai appris la mort de ma fille, j’ai eu l’impression qu’on venait de m’arracher brutalement une partie de moi-même. Des images d’elle bébé, enfant, fille et femme tourbillonnaient dans ma tête. Celle que j’appelais affectueusement ma "joie de vivre" n’était plus; ni ses doux sourires, ni sa tendresse, ni sa candeur. Je ne m’en suis pas remis. »
Élisabeth rencontre aussi Clara dans un cours de tai-chi. Cette éclopée de la vie se confiera à Élisabeth en toute confiance et toute amitié sur son alcoolisme, ses dépendances affectives, la mort de sa maman.
« Les gens disent qu’il faut savoir tourner la page et passer à autre chose, laisser le temps faire son œuvre. Ils disent n’importe quoi les idiots. Ils font tout pour ne pas penser à la mort et surtout pas à la leur. »
En s’ouvrant peu à peu à la souffrance de ceux qui l’entourent, Élisabeth comprend qu’elle n’est pas seule dans son deuil; d’autres souffrances peuplent la vie des autres et nous lient, inconsciemment, à la même douleur. À force d’échanger avec Théo et Clara, elle arrivera à sortir de sa propre douleur pour avoir un regard plus large, plus empathique, face au deuil, celui qu’elle porte en elle, mais aussi celui qu’elle voit en les autres.
Les personnages n’ont rien d’extraordinaire et c’est là toute la beauté de ce roman; ils sont vrais, nus, pas de masque, pas d’images, les mots sont crus, le cœur a mal, on souffre de les lire, on se prend rapidement d’affection pour eux, pour leurs maux, parce qu’ils nous ressemblent, parce que leur souffrance est si palpable et leur colère si aiguë.
Il n’y a mot assez honorable pour décrire ce délicieux roman. Chacun des cinq personnages a dû aller au bout de lui-même afin se réconcilier avec la vie et les autres, malgré la perte d’un être cher, un accident ou des amours perdues. L’auteure Louise Gaudette possède une plume sensible et bienveillante, une compréhension profondément humaine de la douleur d’autrui et une désarmante façon de nous l’exprimer. On lit Comme les nuages d’un souffle; on inspire selon le mouvement des personnages, on expire au même rythme que le ciel s’épanche sur eux.
Sincèrement merci, madame Louise Gaudette. Pour en savoir plus, consultez le site des Éditions de la Pleine lune.