Tant que ce sera l’été, troisième roman de la jeune auteure Marianne Brisebois, nous présente Emma et Gabriel, 19 et 21 ans, deux survivants d’une secte.  Ensemble, ils quittent ce monde qui a forgé leur vie, leur être tout entier, en direction de la belle Gaspésie, là où l’horizon n’a pas de fin, là où ils pourront se reconstruire à “l’école de la vie” de Florence et William. Paru aux Éditions Hurtubise, ce roman plein d’espoir et d’amour nous guide vers la résilience, l’émancipation et le désir ardent d’être unique dans un monde calqué.

"(...) j’ai du mal à comprendre comment il peut être possible de vivre ailleurs."

Ils sont jeunes et vieux à la fois. Il l’amène avec lui sans trop savoir pourquoi. Elle était là, ils sont partis. Il sait où il va, elle le suit. Est-ce que tout ira mieux ailleurs? Ni Gabriel ni Emma ne peuvent le dire. Prendre le risque. Elle ne pouvait le prendre seule alors elle est avec lui, en route vers ce qu’elle ne connaît pas et vers ce qu’il a peut-être oublié lui-même, lui qui était déjà parti il y a trois, mais qui est revenu. 

Gabriel a déjà pris ce chemin de liberté, a déjà connu le grand amour dans les bras de William et dans le regard tendre et amical de Florence. Comment l’accueilleront-ils cette fois, cette deuxième fois? Lui ont-ils pardonné son départ sans nouvelle, ce jour où il a décidé de revenir vers ce qui l’a toujours manipulé?

"On ne peut pas donner la liberté à d’autres alors qu’ils choisissent leur propre prison, qu’ils y retournent chaque soir sans savoir faire autrement."

Parfois le grand bonheur fait peur et on revient à sa vie d’avant, celle qui ne change pas, celle qui nous domine et à qui on donne tout sans rien garder pour soi. Gabriel amène Emma vers le seul autre endroit qu’il connaît en-dehors de la Cité, vers les deux seuls êtres qui l’ont un jour regardé en pleine face. 

Un livre où l’auteure donne un nouveau souffle de vie à ses personnages

Marianne Brisebois nous a offert Sauf que Sam est mort et Quelques solitudes avant ce troisième livre. Pleine de compassion, d’écoute, d’empathie, l’auteure accueille Gabriel et Emma dans leur silence pour nous en livrer toute l’humanité, l'humilité et la résilience. Dans chacun de ses romans, Marianne Brisebois dévoile des humains complexes, oubliés parfois, des êtres qui méritent qu’on se pose pour les entendre et les voir dans toute leur grandeur. En ouvrant le livre Tant que ce sera l’été, on n’a plus le choix d’écouter Gabriel et Emma. Et on en ressort grandi, plus aimants, plus tolérants aussi. 

"Ma vie n’est pas un film avec plein d’intrigues à décortiquer. Il n’y a rien à comprendre, seulement de la souffrance à endurer. Parce qu’elle est là pour de bon. Malgré elle, malgré lui, malgré la beauté des lieux. Elle ne peut pas me réparer en essayant de me faire comprendre l'absurdité derrière l’essentiel de ce que j’ai connu en vingt ans."

Comment peut-on se sortir de ce qui fait partie de nous depuis des années, comment bâtir sur un sol contaminé, qui sera là pour nous ce jour où, cherchant l'horizon, on ne trouve rien d'autre qu'un puit sans fond? Il faut une force inestimable pour sortir du chaos fatal. Et qui peut nous soutenir dans cette quête, car il faudra bien que quelqu'un nous tende la main? 

"La Cité se présente en sauveur, en grande communauté qui viendra nous soutenir, nous épauler, nous donner droit à de la solidarité."

La liberté d’être, de ressentir, de se connaître soi en tant qu’être à part entière, sans dictature, sans être ce que l’on attend de soi. Cette quête est aussi enivrante que terrifiante. Le bonheur qui a toujours été hors de sa portée n’est qu’à une main tendue, celle de Florence, celle de William, deux êtres dont le cœur est aussi grand que l’étendue de la mer qui borde leur coin de pays, cette Gaspésie si merveilleuse, pure, si grande dans sa beauté.

"On dirait que ça me fait mal de le dire, mais c’est une douleur d’amour. Un trop-plein d’émotions, une liberté qui surprend mon propre corps, qui redouble d’ardeur pour laisser échapper tout ce qu’il retient depuis tant d’années."

Gabriel et Emma apprennent tout doucement à vivre, à se connaître, à reconnaître leurs besoins, leurs désirs, à savoir ce qui fait partie d’eux ou de la Cité. Jamais bien loin, il y a Florence et William, deux jeunes adultes pleins de vie qui leur apprennent "l’école de la vie".

De ces quatre humains se dégagent un abandon total des cloisons, un amour plus riche que tout acte de trahison, une croyance en l'amour absolu.

Connaître le véritable amour, la sincérité des gens, le don de soi sans craindre de devoir payer de sa vie ensuite est la plus grande aventure qui soit. 

"Quand on goûte à la plénitude, à l’impression d'être comprise, enfin dévoilée sous son vrai jour, on ne peut plus nous l’enlever. Pas après une vie entière à l'écart, où je me cachais ma propre personne. Maintenant, quelqu'un sait et m’aime malgré tout."

Dans chacun des romans de Marianne Brisebois on note la grandeur d’âme de l'humain, ce que l’amour pour soi et pour l’autre peut graduellement transformer, la bonté même qui se cache dans notre cœur, l’acceptation totale de ce qui est. Chaque récit de cette auteure nous pousse à croire que l’être humain est puissant dans sa nature même.

À la fin de Tant que ce sera l’été, il y a un événement déclencheur qui servira d’ancrage au prochain tome, Mais l'automne est arrivé, qui paraîtra à l’automne 2023. Comment Gabriel et Emma réagiront-ils face à ce drame? On a déjà hâte de lire la suite.

Tant que ce sera l’été

Marianne Brisebois

Éditions Hurtubise

https://editionshurtubise.com/livre/tant-que-ce-sera-l-ete/