Geneviève Bérubé a étudié en orthopédagogie à l’Université de Montréal et travaille depuis des années dans des écoles primaires auprès d’enfants en difficulté d’apprentissage. Mère d’une petite fille ayant souffert de mutisme, elle s’est inspirée de son vécu personnel et professionnel pour écrire Le mutisme sélectif chez l’enfant paru aux Éditions Midi Trente afin de démystifier ce trouble anxieux qui atteint plusieurs enfants. 

Le mutisme sélectif touche entre 0,1 % et 2,2 % des enfants. L’enfant atteint de mutisme sélectif présente quelques traits facilement observables: il est peu souriant, il évite les contacts visuels, il est très sensible à tout ce qui l’entoure et a de la difficulté à répondre, que ce soit de façon verbale ou non-verbale,  il se cache, il pleure. S’il doit parler ou manger en public, il se met en colère, il est anxieux lorsqu’il est pris en photo ou en vidéo. L'idée d’utiliser les toilettes publiques le rend très anxieux et il a souvent besoin de se faire rassurer.

La différence entre un enfant timide et un enfant mutique est qu’un enfant timide finira par s’adapter aux situations et à parler alors que l’enfant mutique n’y arrivera qu’avec un suivi spécifique et personnalisé.

L'auteure Geneviève Bérubé nous explique en termes clairs les symptômes du mutisme sélectif et nous propose des pistes de réflexion sur le sujet dans son dernier livre, Le mutisme sélectif chez l'enfant. 

Comment accompagner un enfant mutique

Geneviève Bérubé a fait un gros travail de recherche pour offrir aux lecteurs un outil pertinent pour accompagner l’enfant mutique tant pour les professionnels que pour l’entourage personnel de l’enfant. Elle a aussi intégré plusieurs citations de professionnels qui se sont monopolisés sur le sujet.

Dans la majorité des cas, le  mutisme est un symptôme d’anxiété. Il est important d’intervenir tôt, car plus l’enfant évite longtemps certaines situations, certains lieux ou certaines personnes, plus il s’ancre dans un cycle difficile à dénouer. Chaque cas de mutisme est différent et les causes sont propres à chaque enfant. Par contre, il est possible de reconnaître certains facteurs de risque tels que l’immigration, le contexte familial, environnemental et social de l’enfant ou encore son tempérament naturel et son hérédité. 

Les enfants diagnostiqués tardivement risquent davantage de développer des troubles psychiatriques, des phobies spécifiques ou un trouble anxieux généralisé allant même jusqu’à une dépression majeure à l’âge adulte. 

Le soutien des parents s’avère indispensable dans toutes interventions auprès de l’enfant. 

«Si ces derniers entretiennent l’idée qu’il s’agit simplement de timidité et que “ça finira par passer tout seul”, il est bien probable que s’ils ne mettent aucune stratégie d’intervention en place, que le mutisme perdure et que d’autres complications surviennent.» 

Les parents doivent reconnaître les défis de leur enfant, accepter qu’il ait des besoins particuliers et doivent faire preuve de patience et de cohérence auprès de leur enfant. Les parents peuvent aider l’enfant à faire des choix, à suggérer des pistes de réflexion, mais toujours à laissant l’enfant expérimenter son choix. 

Des pistes pour aider l'enfant, chez soi ou à l'école.

Pour accompagner l'enfant, on mise sur des trucs de relaxation, des moyens de mieux gérer ses émotions et son anxiété et on mise sur ses forces et sur chaque pas fait à chaque jour. Chaque progrès compte. 

Les comportements à privilégier sont d’inclure l’enfant dans toutes les activités de la classe, lui permettre  de communiquer par des gestes ou par un système d’images/mots pour répondre ou pour faire connaître ses besoins, placer des camarades appréciés par l’enfant autour de lui et le faire travailler en petit groupe.

«L’objectif doit être choisi selon le stade où l’enfant est rendu dans la hiérarchie des situations anxiogènes qui a été préalablement établie avec lui.» 

Évitez de forcer l’enfant à parler, de le réprimander, de le punir ou de  l'ignorer s’il n’atteint pas ses objectifs. De courts et simples objectifs amèneront l’enfant à vivre des réussites et à rehausser son estime. En cas d’échec, on revient sur les objectifs atteints et on motive l’enfant à persévérer. 

Liens entre mutisme et anxiété

L’approche cognitivo-comportementale permet d’identifier les pensées, les comportements et les émotions de l’enfant. Un enfant anxieux présente des distorsions cognitives, des pensées qui ne représentent pas la réalité, et travailler sur celles-ci permet de surmonter ses peurs et de changer son discours intérieur. Il est important que l’enfant saisisse ce qui se passe en lui lorsqu’il est anxieux. 

«(...) l’adulte doit l’accompagner afin de l’aider à remplacer ses pensées anxieuses par des pensées courageuses dans les situations qui lui font peur ou qui sont nouvelles. Même s’il ne réussit pas du premier coup, il est judicieux de l’encourager à expérimenter ses défis d’une autre manière et à persévérer.»  

L’auteure suggère de créer avec l’enfant une valise dans laquelle il pourra placer des objets qui l’aident à se calmer ou des livres ou des petits trucs inscrits sur des bouts de papier pour calmer ses pensées envahissantes. Aussi, elle propose une boite de réussites où l’enfant peut y déposer des dessins ou des écrits sur ce qu’il a réussi dans sa journée. Lorsqu’il est en crise, il pourra toujours se remémorer ces moments où il a pu vaincre son anxiété. 

Geneviève Bérubé inclut dans son livre plusieurs trucs simples à appliquer avec l’enfant mutique. À la fin du livre, on retrouve des suggestions pour gérer les comportements d’opposition et les crises chez un enfant mutique et des techniques de relaxation et de respiration autant pour les enfants que pour les adultes. Le livre  Le mutisme sélectif chez l’enfant est un outil essentiel à se procurer tant dans le domaine de l'intervention que pour la maison.

Crédit photo: Éditions Midi Trente

Le mutisme sélectif chez l’enfant, Geneviève Bérubé, Éditions Midi Trente.