À l’heure où métavers et NFTs font débat même s’ils sont généralement incompris de la population moyenne, j’ai été à la rencontre de deux passionnées qui travaillent très fort à démocratiser la création numérique. Au sein de la Société des arts technologiques (SAT): la directrice  de l’innovation et de la formation Véronique Paradis, et la responsable de la formation Béatrice Jolicoeur.

J’ai beau être journaliste culturelle, je suis encore néophyte dans certaines formes d’art. C’est le cas des arts numériques, domaine vaste et fascinant que nous côtoyons au quotidien. À la SAT, on s’adapte au niveau des élèves de tout acabit, des tout-petits jusqu’aux professionnels, en passant par les simples curieux. 

Si jusqu’ici vous vous demandez «C’est quoi exactement, l’art numérique?»

À la SAT on divise généralement en quatre grandes catégories. 

Culture numérique:  Les sujets chauds comme les NFT par exemple, ou encore des formations générales sur l’art numérique. Ici, il s’agit surtout de s’initier à certaines pratiques, la formation pouvant parfois s’étaler sur une seule séance de trois heures.

Création visuelle: Il s’agit de projeter des créations sur le dôme de la Satosphère par exemple, ou de n’importe quelle surface, via la technique du videomapping. Ça peut aussi être de créer des films en réalité virtuelle, ou des œuvres interactives. 

Création audio: L’art du mixage audio ou bien du DJing par exemple, ou encore des formations pour se perfectionner dans l’usage de synthétiseurs. 

Téléprésence: Un concept digne de la science-fiction permettant de créer des événements en direct et en webdiffusion simultanément. Rien à voir avec les webdiffusions de spectacles qu’on a pu voir pendant la pandémie: cette technologie avant-gardiste promet de changer la face du monde artistique moderne.

Tout le monde peut faire de l’art numérique

C’est ce qui ressort le plus de mon entrevue avec Véronique et Béatrice: la SAT souhaite démocratiser la création numérique pour tous les profils imaginables. Entre son programme pour adolescentes Les filles et le code (en partenariat avec Concertation Montréal), un projet de partenariat avec des programmes en géni, un autre avec des résidences pour personnes âgées, et finalement des formations visant les artistes visuels qui n’ont pas nécessairement d’affinités avec la technologie, quiconque intéressé à apprendre sur ce domaine y trouve son compte. 

Les artistes qui font appel à la SAT pour des formations de débutant sont anxieux à l’idée de devoir programmer, mais curieux: 

Je pense que le fait qu’on soit dans un domaine artistique, ça reste des pionniers, des défricheurs, des expérimentateurs, donc ils sont ouverts à ces choses-là, c’est juste qu’ils veulent être accompagnés. 

Véronique Paradis

Dans l’idée qu’on s'inscrit pour apprendre et non pour se sentir stupide, chaque heure de formation est accompagnée d’un exercice pratique. À la fin de la formation, les participants connaissent les bases leur permettant de naviguer leurs nouvelles pratiques avec aisance, et bénéficient d’un suivi auprès de la SAT s’ils ont des questions. 

Un jeu d’enfant

Il est presque gênant de constater à quelle vitesse les jeunes apprennent à maîtriser les nouvelles technologies. Pour la SAT, il est évident que l’obsession qu’ont les jeunes envers les médias sociaux et les jeux vidéos est une porte d’entrée vers l’apprentissage.

Soit ils sont tellement sur leur téléphone ou sur leur ordinateur et que c’est les parents qui souhaitent que leurs enfants deviennent un peu plus créateurs que consommateurs, soit c’est eux-même qui se rendent compte qu’ils ont des outils mais qu’ils veulent faire du montage autre que sur Tik Tok.

Béatrice Jolicoeur

Devant cet intérêt certain, Béatrice déplore que les programmes de musique et de multimédia peinent à garder le rythme. La flûte à bec -qui n’a jamais vraiment eu la cote soyons honnêtes- devient drôlement plus intéressante lorsqu’on apprend à faire du mixage! C’est pourquoi la SAT offre au aux enseignants de venir tester des activités pour se familiariser avec de nouveaux concepts, pour ensuite accompagner avec  confiance leur classe lors d'une sortie scolaire. Les jeunes apprennent en utilisant des logiciels professionnels et repartent avec une création de leur cru. De quoi impressionner papa et maman! 

D’ailleurs, pour les parents: en plus des cours qu'elle donne pendant l'année, la SAT offre une variété de camps de jour pour les 9 à 12 ans et les 13 à 17 ans pendant l’été! 

La formation continue: un produit très en demande

Il est impératif pour les artistes numériques d’être à jour, puisque leurs créations sont directement influencées par l’innovation technologique. Ce besoin de continuellement développer leurs connaissances de différents programmes et techniques reste pourtant difficile à combler. 

Il semble y avoir très peu d'offres de formation continue pour ce type de besoin-là. Ces gens-là ont besoin d’un accompagnement un peu plus personnalisé: ils ont souvent déjà leur démarche artistique et sont à l’aise avec les outils technologiques, donc ils veulent apprendre à utiliser leurs propres outils dans leur processus de travail. Ils ont comme attente d'avoir accès à des profs expérimentés.

Véronique Paradis

Chaque atelier professionnel de la SAT est encadré par un professionnel et s’étale sur plusieurs séances. Dans une formule très personnalisée, ils se déroulent en petits groupes où les artistes sont invités à parler de leur démarche personnelle et de ce qu’ils espèrent tirer de la formation.

Pour ceux qui ne trouvent pas ce qu’ils veulent parmi les formations, ils peuvent communiquer directement avec le Campus SAT pour des formations personnalisées. De plus, des partenaires comme Service-Québec et Desjardins permettent à la SAT d’offrir des prix raisonnables grâce à des subventions, des résidences, et des bourses. 

Pour en savoir plus sur les formations offertes par la SAT, visitez le sat.qc.ca