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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
Sarah Berthiaume est écrivaine, dramaturge, actrice, et metteure en scène québécoise.
- Est-ce que l’on doit être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Je pense qu’un bon technicien peut bien performer dans la plupart des domaines. Mais sans la passion, il y a une petite distance que le bon technicien ne pourra pas franchir. Une étincelle qui se voit, par quelqu’un de passionné par son métier.
- Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette, ou qui chantent en playback?
Ce n’est pas l’essence d’un spectacle. Pour moi, c’est comme apprendre un texte. C’est de la mécanique, ou de la poutine qui doit être bien faite. Cela ne doit pas nuire à l’objet artistique.
- Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence, dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et votre quotidien, de quoi est-il fait?
Je recherche davantage la ressemblance, au niveau des valeurs entre autres. Mon chum et moi, on se ressemble sur plein de points. Je suis une fille assez consensuelle. N’aimant pas beaucoup le conflit et la friction, je vais instinctivement vers des gens qui partagent cet amour de la communication et de la bonne entente. Je crois même à une humanité qui se rassemble autour de principes communs. D'ailleurs, j’ai déjà fait un spectacle, « le ishow », dans lequel contrairement au discours ambiant, on pouvait reconnaître l’humain derrière la machine et ses réseaux sociaux. On faisait jouer une scène d’amour de Cyrano de Bergerac, n’importe où au monde et ça fonctionnait très très bien. Oui, je te dirais que je crois en la ressemblance.
- Est-ce que l’habillement vous en dit long sur les gens?
Oui, je pense que l’habillement en dit long sur les gens : c’est une manière de comprendre le rapport qu’ils ont à leur image, leur façon de se représenter aux autres, le maniement des codes sociaux. J’aime toujours réfléchir aux costumes de mes personnages, ça m’aide à les comprendre, à les rendre vivants.
- Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Complètement dans l’acceptation. Des fois, je trouve que c’est même problématique. Dans les pièces que j’écris, mes personnages sont beaucoup dans la confrontation. Ça répond à un besoin car dans la vie, je ne suis pas du tout une fille de conflit. J’en ai même peur.
-Souffrez-vous de la rage au volant?
Absolument pas; je n’ai pas d’auto d’ailleurs. J’aime beaucoup conduire dans un contexte de road trip. La longue route sans s’arrêter, où on peut écouter de la musique; lorsque la voiture représente la liberté. Mais conduire en ville, cela m’emmerde. Côté écolo, je ne crois pas que c’est bien d’avoir une voiture en ville. Ceci dit, j’ai fait des crises dans des voitures en ville, et cela... toujours contre moi. Rarement contre les autres.
- Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant: la gentillesse du service, ou la qualité de la nourriture?
Je vais surtout au café. C’est un peu mon bureau. Et c’est clairement l’ambiance et le
service.
- Êtes-vous davantage attirée par des gens pour qui la vie coule de source, ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Je combine les deux. La vie coule de source pour les gens qui forment ma garde rapprochée, dont mon copain. J’ai aussi des amis tourmentés pour qui je crois pouvoir être apaisante. D’ailleurs, pour moi, l'humour est la clé des relations.
- Jusqu’où la liberté d’expression peut-elle aller, selon vous?
C’est une question épineuse: il y a le principe et les sensibilités. Par principe, c’est dangereux de réglementer la liberté d’expression. Moi, comme artiste, j’ai beaucoup de mal à aller de l'avant avec une oeuvre où je sentirais les gens extrêmement offensés, ou attaqués dans leur intégrité. Dans le cas de Charlie Hebdo, il faut dénoncer. C’est effroyable ce qui est arrivé; même si ce n’est pas le type d’art auquel j’aime me rallier. On a aussi récemment beaucoup discuté dans mon milieu de l’appropriation culturelle. Je crois qu’en tant qu’auteure de théâtre, mon travail c’est d’écrire sur l'autre. Si je ne parle que de moi, ce sera toujours la même pièce et pas intéressant. Un auteur c’est quelqu’un qui porte un regard sur le monde qui l’entoure. Il y a forcément une grande part de subjectivité là-dedans, sinon on fait du documentaire. Le problème, ce n’est pas de parler des autres, c’est que l’on puisse en arriver à ce que tout le monde puisse parler de tout le monde.
- Votre but dans la vie est-il d’être heureuse?
Oui.
- Le dicton « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » ou vice versa s’applique-t-il à vous ?
Je crois qu’il faut lutter contre ça. Je sais que si une de mes pièces est à l’affiche, ce n’est pas celle d’un autre; mais en fait, dans le milieu, il y a de petites familles artistiques qui sont bienveillantes. Je sais qu’il y a des gens autour de moi qui seront aussi heureux que moi de mes bons coups. Mais on est dans le milieu de comparaison, c’est humain. Si l’autre tombe à côté, cela veut dire que toi tu n’es pas tombé.
- Qu’est-ce que l’amour?
C’est le grand projet. C’est le plus beau et le plus grand projet d’une vie. L’amour de mon chum et mon fils. C'est un refuge, une énergie extraordinaire. Une équipe.
- L’être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Grande question. Je pense qu’il est bon, mais qu’il est facilement corruptible: la chute n’est jamais loin. C’est pour dire que l’humain est bon que mes pièces ne finissent jamais vraiment mal.
- Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami coupable?
Grosse question. C’est quand même l’amitié ou la droiture... Si c’est une question d’argent, je choisirais la droiture. Une question de vie ou de mort, je sauverais mon ami.
- Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin, sans autre considération?
Oui! Je pense que oui.
- Croyez-vous que Bertrand Cantat doive continuer à s’exprimer artistiquement?
Quelle grande question! Oui, on a un système de justice. Il a purgé sa peine et recouvré le droit de s’exprimer artistiquement. Mais moi, est-ce que j’irais l’applaudir? Je pense pas. Le statut d’artiste, c’est un privilège; c’est être devant sa cité, écouté et félicité. Je n’ai pas envie de participer à cette congratulation là.
- Un défaut, un vrai?
Ma grande, grande peur de la confrontation. En fait, je suis un peu lâche. Ça c’est un vrai défaut.
- Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Je suis plutôt contre; à moins que, si l’on crée des organes de rechange à base de cellules souches, ils doivent être accessibles à tous et non pas qu’aux gens favorisés.
- Estimez-vous que l’homme doive continuer de protéger la biosphère, ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
J’ai une amie diabétique, Dominique Leclerc, qui cherchait une façon plus moderne de traiter sa maladie; car les pharmaceutiques maintiennent un système complètement désuet vu qu’il génère beaucoup d’argent. Elle est donc entrée dans le monde du biohacking, où il y a des gens qui sont en train de développer des prothèses pour toutes sortes de « trucs » afin d’augmenter la vue, les aimants dans les doigts, etc. Les gens deviennent un peu surhumains; des cyborgs. Il y a un risque de créer des classes d’humains, et cela me fait très peur. Dominique a fait un spectacle « post humains » qui traite de ces choses là, on est déjà là-dedans. Je fais de l’asthme, j’ai des pompes: il y a 200 ans, je serais déjà morte. Où tire-t-on la ligne? Tant qu’à la biosphère, je ne peux pas être dans le déni complet et dire: « Allons-y dans le mur »! Après, ce que je trouve déplorable, c’est que l’on est en train de culpabiliser les individus alors que les grandes entreprises, ça leur passe complètement par-dessus la tête. L’effort combiné de milliers d’individus, ça ne vaut rien si ces méga-entreprises polluent comme elles le font présentement.
- Croyez-vous à une vie après la mort?
Non, malheureusement. Je trouve ça très terrifiant et anxiogène.
- Avez-vous peur de la mort?
Oui, et je ne dirais pas que je suis en paix avec ça. Je n’ai pas eu d'occasion, dans ma vie, de l’envisager ou de la regarder en face. Personne de très proche dans mon entourage est décédé. Ça reste quelque chose avec lequel je n’ai pas fait de chemin.
- Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui, absolument. Oui, oui, j’y crois. Je crois que le Québec, par contre, doit être accueillant et considérer que l’anglais fait quand même parti du paysage québécois. Il y a aussi des anglophones, au Québec, qui ont le droit d’être. La moitié des Montréalais sont anglophones, puis c’est très bien. On a survécu si longtemps en dépit de situations extrêmes. Moi, je ne vois pas le portrait noir, du tout. J’ai des amis anglophones, qui parlent très bien français. On doit valoriser la communication entre les deux solitudes. Il faut aussi donner aux jeunes le goût de lire. Ils vont apprendre des mots, avoir le goût de parler la langue, et ils vont l’écrire; parallèlement aux textos.
- Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Ma pièce Nyotaimori joue au Centre du théâtre d’aujourd’hui, jusqu’au 3 février. Je fais une chronique « Écrivains sur le terrain » avec mon ami Alain Farrah à l’émission de radio « Plus on est de fous, plus on lit ». Je travaille aussi à l’adaptation de ma pièce Yukonstyle pour le cinéma, ça va être réalisé par Anaïs Barbeau Lavalette. J’écris un peu de télé, et j’ai d’autres projets dont je ne peux parler pour l’instant.