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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC MARTINE DELVAUX
Femme de lettres Québécoise. Professeure à l'Université du Québec à Montréal. Elle est essayiste et romancière.
Est-ce que l’on doit être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
De manière générale? Ça dépend sans doute du métier qu’on fait. J’imagine qu’il y a plein de gens qui font un métier qui ne leur demande pas d’être passionnés. On n’est pas obligé de mettre notre âme dans toutes les tâches que l’on fait dans notre vie, y compris dans le travail. Mais je dirais qu’en ce qui concerne l’écriture, oui, il faut être passionné.e. Au Québec, on vit difficilement de l’écriture. Si on écrit, c’est parce qu’on a ce feu-là.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette?
Drôle de question. Je ne me la suis jamais posée. Je ne sais même pas si je la remarquerais l’oreillette. Je ne suis pas sûre si ça me poserait problème. Je ne suis pas une puriste à ce niveau-là. Ce n’est d’ailleurs pas tant le jeu des comédiens que le texte lui-même qui va m’interpeller.
Recherchez-vous davantage la ressemblance, ou la différence, dans vos relations personnelles et dans votre vie en général?
Je pense que je ne recherche rien. Que les choses arrivent. Après, est-ce que mes amitiés se construisent davantage sur des ressemblances ou de différences… je crois que c’est un mélange des deux. J’ai des ami.es qui me sont très semblables et d’autres très différent.es. Dans tous les cas il y a un minimum de ressemblance ou de différence. Mais je n'aurais sans doute pas comme ami.e quelqu’un qui serait politiquement à mes antipodes. Je pense que ça, c’est la limite.
Est-ce que l’habillement vous en dit long sur les gens?
Mon dieu, tu as vraiment de drôles de questions! Je remarque comment les gens sont habillés, oui. Ça dit un certain nombre de choses, mais ce n’est pas un « deal breaker ». Il y en a plein d’autres éléments que je remarque chez quelqu’un.
Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation, aux gens, au temps, aux insuccès?
Dans mon rapport aux gens, je suis plus dans l’acceptation. Quant au social, au système, je suis davantage dans la confrontation. Mais pas d’emblée!
Souffrez-vous de la rage au volant?
Je ne conduis pas. Par contre, je n’aime pas trop quand les gens s’accaparent le trottoir. On voit parfois des groupes, souvent d’hommes d’ailleurs, qui vont marcher en bandes sans penser à céder la place. Il faut les contourner. J’essaie, de mon côté, d’occuper le plus possible l’espace avec les autres.
Au restaurant, si vous aviez un choix à faire entre la qualité de la nourriture et la gentillesse du service, lequel feriez-vous?
J’ai déjà privilégié la gentillesse, lorsque j’allais toujours au même café et que j’avais développé un rapport humain avec les gens qui étaient là. Mais d’un resto dont on me dirait que la bouffe est bonne mais le service dégueulasse, probablement que j’y irais quand même.
Êtes-vous davantage attirée par des gens pour qui la vie coule de source, ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Sûrement par les gens tourmentés. Malgré que tout le monde l’est, tourmenté. On n’a accès à ce tourment, ou pas. Mais les gens que je ne tolère pas ce sont ceux qui sont dans le jugement des autres.
Votre but dans la vie est-il d’être heureuse ?
Non! Je ne sais pas ce que c’est que ça. L’injonction au bonheur qui n'a rien à voir avec la réalité. Moi, mon but dans la vie, c’est d'être juste.
Le dicton ''le malheur des uns fait le bonheur des autres ou vice versa '' s’applique-t-il à vous ?
Je ne comprends pas ça! Mais ça dit beaucoup de la médiocrité de l’humanité. J’essaie de ne pas être dans cette fragilité-là du moi.
Qu’est-ce que l’amour?
C’est la question qui hante l’humanité, c’est sûr. Je ne sais pas ce que c’est, pas vraiment, je ne peux pas le définir. Ce qui s’en rapproche le plus, pour moi, c’est ce que je ressens pour ma fille.
Seriez-vous prête à laisser condamner un innocent pour sauver un ami coupable?
J’espère que non. Une des choses qui me déçoit le plus, c’est lorsque des gens défendent des amis alors que l’on sait tous qu’ils sont coupables. C’est vraiment d’une inélégance et d’une ingratitude totale, comme on l’a vu récemment sur la place publique à titre posthume. C’est un signe de privilège, aussi, de pouvoir faire cela.
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin, sans autres considérations?
C’est une pente dangereuse… Ça mérite des années de réflexion, et discussions.
Croyez-vous que Bertrand Cantat devrait pouvoir s’exprimer artistiquement?
Je pense qu’il devrait avoir la décence de ne pas le faire. En tout cas, pas en public. Il peut bien faire ce qu’il veut chez lui.
Un défaut un vrai?
Je suis sûrement impatiente.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Ah ça, je peux pas croire! Tu vas m’envoyer ça avant de le publier, que je m’assure que je n’ai pas dit trop de conneries! Sérieusement, je crois que l’on doit faire ce qu’il faut pour limiter la souffrance humaine. Je n’ai pas de problèmes moraux par rapport à ça.
Estimez-vous que l’humain doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement (ex. par le transhumanisme) ?
On doit lutter contre les grandes entreprises, les grands financiers, tout ce qui fait que notre humanité est en train de frapper un mur. C’est ça qu'il faut attaquer. Je ne crois pas qu’il faille modifier l’humain. On doit plutôt changer la façon dont l’humain fonctionne.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Non.
Avez-vous peur de la mort?
Oui. C’est sûr…
Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
C’est quelque chose qui ne m’inquiète pas. Les langues ont des vies, se modifient, se métamorphosent. Je ne suis pas dans la peur de la disparition des langues.
Sur quoi travaillez-vous ou avez-vous travaillé récemment ?
Maintenant que je suis épuisée de tes 1000 questions pas d’allure, tu me demandes ça? Mon livre « Le boys club » est un essai que j’ai écrit l’été dernier après avoir fait beaucoup de recherches durant plusieurs années sur la question : que font les hommes, ensemble? En 2013, j’ai publié Les filles en série. Je réfléchissais aux femmes, à leur place comme ornement dans notre société. L’image de femmes, toutes semblables, qui bougent ensemble. Les ballerines, les mannequins de mode, les barbies etc. Et comment tout ça a été récupéré par les Femen, les Pussy Riot dans un geste politique. Les hommes aussi sont en série, au nom de l’armée de la religion. Tous en uniforme, tous pareils. Est-ce que c’est la même chose que pour les femmes? Non! La figure des femmes en ligne qui ne se regardent pas, isolées malgré le fait qu’elles sont ensemble... Les hommes, c’est le contraire, ils sont en rond au nom du pouvoir et discutent. Du coup, il se passe des choses. Ça été le point de départ du Boys club.