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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC JEAN-PAUL DAOUST
poète, romancier et essayiste québécois
Est-ce qu’il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Si la passion n'y est pas, ça peut fonctionner. J'appellerais cela de la virtuosité. Mais à la longue, on voit qu'il y a un vide derrière, et ça ne dure pas. Un passionné, peut performer parfois un peu tout croche, mais de façon authentique. La passion est un peu instinctive. Le technicien seul, risque d'être davantage linéaire et répétitif et ça devient de l’anonymat.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?
C'est scandaleux. Je comprends, qu'à un moment donné, cela peut servir de béquille. Mais que ça soit systématique, je considère que l’oeuvre est frelatée. Pour moi, c’est l'équivalent d’une répétition. Et ce n’est pas pour cela que les gens paient. Je suis contre.
Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et votre univers de quoi est-il fait?
Je suis malléable et très ouvert. En partant, j’ai été marginalisé à cause de mon orientation sexuelle. J’étais celui qui est de l’autre côté, différent. Cela m’a amené de l'ouverture , de la tolérance vis-à-vis de l'autre. J'ai été élevé à partir de 11 ans dans un bar de Détroit. J’y ai connu les grandes émeutes raciales. Enfant, arrivant de Vallyfield, ça m’a beaucoup perturbé. Et puis, j’ai été scandalisé par mon oncle que j’aimais beaucoup, qui était raciste et homophobe . Le vrai américain de droite dans sa grosse Lincoln. Mais l’amour est plus fort que tout, car il m’a toujours protégé. Malgré lui il se trouvait à défendre la différence. J’en parle beaucoup dans “Sand bar”.
Est-ce que l’habillement en dit long sur les gens?
Ah, bien oui. Moi, je suis profondément superficiel. (Rire) L’habillement c’est un passeport que l'on prend ou que l’on refuse. Safia Nolin, c´est elle. Non, les vêtements ne sont pas si superficiels que ça. Ce sont des accessoires qui nous définissent. Moi j’aime m’acheter des fringues . Cela m’amuse . Pourquoi ne pas faire comme les oiseaux exotiques? J’allume les rues qui sont grisâtres.
Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Je déteste la confrontation. Je peux être chien, mais une demi-heure après, je vais téléphoner pour m’excuser. Et je suis prêt à envoyer des fleurs. Je ne peux pas vivre avec la confrontation. Cela me mine , me bouleverse. Une colère ne me soulage jamais.
Souffrez-vous de la rage au volant?
Oui. Je sacre contre les imbéciles qui zigzaguent au volant, pour gagner trois chars.
Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service ou qualité de la nourriture?
La qualité de la nourriture. Moi, c'est pas de la gentillesse que je mange.
Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source ou par ceux qui sont plutôt tourmentés ?
J'aime les gens pour qui la vie coule de source, parce que c'est plus facile.Mais s’il y a un freak dans un bar, c’est à moi qu’il va venir parler, parce qu’il sent que je vais être patient . D’ailleurs j'ai un ami schizophrène, de qui je prends soin depuis des années, qui est venu déjeuner ce matin. C'est peut-être parce que j'ai fait des dépressions, et que j'étais bien entouré. Si quelqu'un touche le fond et qu’il n’est pas soutenu, le fond peut défoncer.
Jusqu’où la liberté d’expression selon vous peut-elle aller?
C’est fondamental. Mieux vaut plus que moins. Je fais confiance au jugement populaire. Pour moi, pas question de censure.
Votre but dans la vie est-il d’être heureux?
Évidemment que dans la vie mon but est d'être heureux. En ce sens que je tiens à réaliser mes projets d'écriture, à vivre une vie amoureuse remplie, et sereine, tout en faisant la paix avec mes fantasmes... Mais la question est: est-il possible d'être heureux? Certains moments sont des éclairs de bonheur, mais avec tout ce qui se passe, le bonheur permanent, total quoi,est impossible. Alors si je ne peux vivre heureux, je me souhaite de mourir heureux!
Le dicton ‘’ Le malheur des uns fait le bonheur des autres ou vice versa ’’s’applique-t-il à vous ? En vous comparant ou qu’inévitablement une réussite se fait au détriment de quelqu’un.
Je vais me compter chanceux d’être en santé, si j’entends dire qu’un tel est malade. Mais je ne vais pas souhaiter de malheur à quiconque. Lorsqu’il y a des prix, on est systématiquement confronté à une forme de compétition. J'ai une tribune à Radio-Canada, qui est rarissime pour un poète. Cela peut amener , dans le milieu, une forme de comparaison, que je n’ai pas souhaitée. La compétition ne me stimule pas. Je ne fais pas les choses contre quelqu'un. Je ne suis pas envieux de nature, et on me dit généreux. Je n’ai pas d’amertume, car pour moi c’est se condamner soi-même.
Qu’est-ce que l’amour?
C'est perdre le contrôle. C’est perdre ses repères. Cela fait passion. Mais est-ce qu'il peut y avoir de l'amour sans passion? C'est être sans défense. D’ailleurs , on est très vulnérable en amour. C’est pour cela que l’on “tombe en amour”. Ce n’est pas pour rien qu’Il y a souvent de la mort dans les grandes histoires d'amour.
L’être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
L’humain c'est un animal, plus ou moins intelligent et violent. C'est la survie. Dans un état de crise, mettez tout le monde dans un amphithéâtre, barrez les portes, et après une semaine allez voir ce qui s'est passé. Vous allez constater que les survivants ont bouffé de l'humain. Il y a quand même une partie qui est bonne et qui survit tout le temps. Et cela me rend optimiste. Je pense qu'il y a eu une évolution plus pacifique de l’humain. Et les jeunes voyagent beaucoup et je crois que c'est une partie de la solution.
Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
Non! Absolument pas. Non, non, non. L’ami passerait au cash. Je ne pourrais pas vivre avec cela. Mon ami ne serait plus mon ami .
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
Absolument. C'est une porte de sortie. Quelqu'un qui sollicite le suicide assisté, parce qu'il est trop malheureux, qu’il souffre physiquement ou psychologiquement, et qu’il a épuisé toutes les ressources, que l’on lui donne cette dernière-là. Sinon c'est de la cruauté pour de la cruauté.
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s’exprimer artistiquement?
Oui. Est-ce que l’on aurait interdit à Céline d’écrire parce qu’il était anti juif? A chacun ses monstres. Et si par la création, il peut amadouer sa violence. Il y a une phrase de Denis Vanier, qui est tellement extraordinaire:” j’écris pour ne pas tuer”.
Un défaut un vrai?
Mon pire défaut est l'impatience. Je déteste les gens qui ne sont pas ponctuels, ou qui traînent à faire ce qu'il y a à faire. Les nerfs me pognent vite à ce moment-là.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Si on peut m'offrir un congélateur rempli d'organes, que l'on a régénérés, c'est oui . Pour certains, la science est de la sorcellerie , mais pas pour moi. Plus la science avance mieux on se porte. Je ne revivrais jamais dans le passé ou l’espérance de vie du peuple était de 25 ans, et les chambres de châteaux de vrais donjons. Je choisirais plutôt de renaître en 2017.
Croyez-vous que l’homme doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement?
Je crois en l’évolution. Je suis peut-être amoral , mais selon moi, il faut expérimenter et découvrir le plus de choses possible .
Croyez-vous à une vie après la mort?
Non. Par contre, J’aimerais bien.
Avez-vous peur de la mort?
Non. Je l’ai tellement frôlé souvent. J’ai surtout peur de la façon dont cela va arriver. C’est plutôt une sorte d’inquiétude que d’une peur. Disons que je n’ai pas de panique par rapport à la mort.
Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui. Le français c'est amélioré. Mes grands-parents étaient pratiquement analphabètes. Et la façon dont on parlait : Windshield, Wiper ect. Mais ça prends des lois 101, avec l’ouverture des frontières, et être vigilant pour éviter, comme cela m’est arrivé récemment, de ne pas acheter un parfum $20.00 moins cher parce que le vendeur ne pouvait même pas dire quelques mots de français. Et c’est dans l’éducation que l’état devrait investir le plus.
Sur quoi travaillez-vous présentement?
Je devrais avoir un livre qui va sortir cet automne qui est axé sur la ponctuation. La ponctuation fait partie de l’alphabet, et est un peu l’agent de circulation de la langue. Ce sera un recueil de poèmes : Les îles de la ponctuation.