Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
Catherine Chabot est comédienne, dramaturge, scénariste et metteure en scène. À 29 ans à peine, on la dit déjà essentielle dans la dramaturgie québécoise.
- Est-ce que l’on doit être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Oui. Je pense que oui. Il y a beaucoup plus de technique que l’on croit dans le jeu. Un bon comédien sait quand faire les pauses, quand il doit rebondir.
- Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette, ou qui chantent en playback?
Cela ne m’est jamais arrivé d’y être confrontée. Oui pour de vieux comédiens, dont la mémoire commence à être défaillante. Et si c'est bien camouflé, je n’ai pas de problème avec l’oreillette. Tout dépend du contexte, car normalement, on doit connaître son texte.
- Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence, dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et votre quotidien, de quoi est-il fait?
Je suis quelqu’un de très sociable et curieux. Comme toute ma famille d’ailleurs. Je peux facilement discuter avec mon voisin dans le bus. Le fait d’avoir travaillé dans un bar durant trois ans et demi me facilite aussi le contact. J’aime être confrontée et ouvrir mes horizons sur différentes perspectives. Mais il y a des convictions profondes comme lors de la grève étudiante de 2012, où j’avais plutôt tendance à vouloir envoyer un carré vert au goulag plutôt que d’avoir un débat posé. Une attitude très stalinienne, politico-lyrique. Je ne suis plus comme cela. J’ai compris que c’était un mécanisme d’emballement juvénile.
- Est-ce que l’habillement vous en dit long sur les gens?
Je ne crois pas que les vêtements définissent les gens. Surtout dans une époque aussi conformiste que la nôtre. La contre-culture est toujours ravalée par la culture de masse. Et derrière chaque morceau de vêtement, il y a toujours un être humain qui souffre, peu importe le prix qu'il a payé.
- Êtes-vous plutôt dans l’acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Peut-être qu’en vieillissant je serai dans l’acceptation. Mais présentement, je suis vraiment dans la confrontation. Je suis très intense dans tout le spectre de mes émotions. Il n’y a pas de demi-mesure. Je suis dans un moment de ma vie où il faut frayer le chemin, battre la trail. J’ai tout à construire. Confronter mes peurs, mes défis, l’écriture, les critiques, le vide. Je suis une battante comme le reste de ma famille. Mon chum pourrait dire que je manque de délicatesse des fois... Mais bon, je suis un peu sanguine.
-Souffrez-vous de la rage au volant?
Non, par contre. C’est de l’énergie mal placée.
- Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant: la gentillesse du service, ou la qualité de la nourriture?
La gentillesse du service. J’ai été serveuse dans un bar et restaurant. Si la serveuse me regarde dans les yeux, est sympathique et se démène, je vais donner un bon tip, même si la bouffe n’était pas super.
- Êtes-vous davantage attirée par des gens pour qui la vie coule de source, ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Je vais souvent vers la tourmente. Je trouve que les gens qui souffrent sont la plupart du temps les plus intéressants. J’aime cela aussi, vivre la simplicité d’une soirée entre amis où ça va bien.
- Jusqu’où la liberté d’expression peut-elle aller, selon vous?
Du moment où ça brime la liberté de l’autre. Je n’aime pas la censure. Je ne suis pas pour ça du tout. Mais est-ce que l’on peut tout dire? Les radios X devraient-elles exister? Un homme comme Donald Trump, qui est complètement décomplexé, qui dit des insanités et plein de choses complètements délirantes et débiles, ça influence les gens qui, au nom de la liberté d’expression, vont dire n’importe quelle stupidité. Est-ce que ça devient la norme d’être un imbécile? Il faut être prudent, lorsque l’on brandit le drapeau de la liberté d’expression.
- Votre but dans la vie est-il d’être heureuse?
Oui, oui, oui, oui. Mon but dans la vie c’est d’être heureuse. Oui, oui, oui.
- Le dicton « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » ou vice versa s’applique-t-il à vous ?
Moi, le malheur des autres m'attriste, m'atteint. Oui, lorsque l’on se compare on se console. Je ne suis pas au Sierra Leone en train de me faire décapiter à cause d’une guerre ethnocide. Je ne me réjouis pas si une personne que j’aime plus ou moins souffre. Ni si une pièce de théâtre d’une autre reçoit une mauvaise critique. J’ai appris à avoir de la clémence et de l'acceptation de soi. Toutes ces affaires là. Et le pire mot c’est: comparer. C’est la vanité qui nous fait aspirer à ce que l’autre a et que l’on n’a pas. Tu vois, la popularité pour moi, c’est quelque chose de complètement vide. C'est aspirer au néant. Moi j’ai envie de bâtir une carrière artistique. J’ai envie d’être une artiste qui s’impose dans son milieu comme une artiste. Il n’y a personne qui va me le voler, ça. J’ai envie d’emprunter ma propre voie et celle de personne d’autre. Et puis, se comparer ça rend tellement malheureux.
- Qu’est-ce que l’amour?
La question! Qu’est-ce que l’amour pour moi? Hum! On aime chez l’autre des qualités que l’on n’a pas, que l’on aimerait avoir peut-être. Un est plus fort, lorsque l’autre se sent plus fragile. On se rééquilibre sans cesse sur un fil. L’amour ça te traverse à ton insu. Pour moi, l’amour... Aïe! Je sais pas. C’est des petites affaires. Je peux désirer quelqu’un et ne pas être en amour. C’est un puits sans fond de questionnements, parce que ce n’est pas stable. C’est compliqué. Ce n’est pas figé. C’est une matière mouvante. Pourquoi tu veux être avec l’autre? « On préfère la chasse à la prise ». Lorsque tu sais qu’il est en amour avec toi, que c’est gagné, que tu connais tout de lui, qu’il n’y a plus de mystère, il s’aplatit et ne devient plus intéressant. On doit tenter de trouver la bonne dose. L’amour, c’est une énergie. Une image de soi que l’on se renvoie. Alors, on se confronte, on se polit. C’est alors que l’on peut devenir une meilleure personne à deux. Vraiment très complexe. Mais moi, je sais que j’ai besoin d’admirer pour aimer.
- L’être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Il est foncièrement bon et mauvais. Il est capable du pire comme du meilleur. C’est 50/50. Il y a une somme de trucs, qui fait en sorte que l’on pose un geste. Je ne crois pas que l’on fasse le mal volontairement.
- Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami coupable?
Non. J’ai trop la justice à cœur. Je ne serais pas prête à cela. Je suis trop « en crisse » contre les injustices dans le monde.
- Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin, sans autre considération?
Oui.
- Croyez-vous que Bertrand Cantat doive continuer à s’exprimer artistiquement?
Hum! Ça, c’est une grosse question. Moi, je suis pour que Guy Turcotte refasse sa vie. Je suis pour que Bertrand Cantat refasse sa vie. Ce sont des êtres humains malgré tout. La souffrance, ils la vivent. Je suis trop fascinée par le fait d'essayer de comprendre pourquoi on agit, comme on agit pour condamner. J’ai de la difficulté avec le tribunal populaire qui condamne, qui condamne, qui condamne. Mais expliquer, ce n’est pas excuser le geste. Tuer ses deux enfants, tabarnak ça choque. Mais je trouve que c’est plus intéressant d’expliquer que de condamner. Je veux être clair: expliquer ne veut pas dire gracier.
- Un défaut, un vrai?
Un vrai défaut que j’ai: je crois que je suis parfois impétueuse. Je peux me choquer pour rien.
- Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Je suis en faveur. En plus, mon père a dû vivre avec un cœur mécanique durant un an, à se brancher sur Hydro-Québec en attendant un donneur.
- Estimez-vous que l’homme doive continuer de protéger la biosphère, ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
C’est intéressant, car je participe à une nouvelle émission pour adolescents qui s’appelle « ALT, Actualité Légèrement Tordue ». Et j’ai parlé du transhumanisme la dernière fois que j’y suis allée. C’est certain qu’il va y avoir un flou éthique incroyable avec ces nouvelles avancées. Se faire mettre de nouveaux yeux pour voir dans le noir. On va pouvoir faire des modifications corporelles « de débile » dans les prochaines années. Il faut essayer de comprendre, car c’est en train de se passer. Google développe sa division Calico. En fait, c’est le pape du transhumanisme Ray Kursweil, qui est à la tête de cette division. Il refuse la maladie, la souffrance et la mort. Facebook et Apple sont aussi sur le coup. Quant à tenter de protéger la biosphère afin de sauver l’humain, on ne peut être contre la vertu, mais je ne crois pas que l'on réussira.
- Croyez-vous à une vie après la mort?
Non
- Avez-vous peur de la mort?
Oui
- Est-ce qu’il y a un avenir pour le français au Québec?
Ça me fait peur... Mais on survit depuis si longtemps. Je crois qu’on va continuer à se battre pour exister. En étant un acteur culturel, je dois contribuer au maintien de cette belle langue. On doit la chérir, l’aimer. Donner le goût aux gens d’aller au théâtre, d’écouter des chansons en français. Il faut donner l'envie de la culture québécoise aux Québécois. On doit la revaloriser... Ce qui n’est pas le cas.
- Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
À la télé, j’ai joué dans Unité 9, O' et Victor Lessard. J’ai des projets d’écriture de films. Au théâtre, après Table rase et Dans le champ amoureux, il y a une troisième pièce qui s’en vient. J’ai aussi déjà en tête mes quatrième et cinquième pièce.