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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC JAMES HYNDMAN
Acteur québécois.
Est-ce qu'il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Il y a sûrement de bons techniciens qui travaillent. Mais je ne connais pas beaucoup d’acteurs qui ne sont pas passionnés. On ne peut faire cela en touriste, je dirais. Il y a des acteurs qui disent qu'ils ont une distance par rapport au métier. On pourrait les envier, si on les croyait sur parole. Mais je ne pense pas que cela soit vrai. Cela prend un puissant moteur pour être mobilisé.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?
On est dans un métier où ce qui compte c'est le résultat. Les moyens on s'en fout pas mal. Si je suis spectateur, ce qui est important pour moi, c'est d'être touché. Mais en tant que partenaire de jeu, cela va me gêner. Je considère que c'est un manque d'égard. C'est un manque de respect pour tes collègues. Même lorsque c'est avec
Marlon Brando, avec qui cela m'est arrivé, dans un film d’Yves Simoneau. Je ne trouve pas ça gentil. Je trouve que cela n'est pas bien. Il ne faut pas travailler seulement pour soi, mais aussi pour les autres.
Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en général? Et le monde vers quoi devrait-il tendre selon vous?
Je crois qu'il y a certaines valeurs qui doivent être communes. Il y a des valeurs qui doivent être universelles au-delà des frontières culturelles, des différences. Des valeurs presque sacrées. La vie humaine, le respect. Ne pas faire aux autres ce que l’on ne veut pas que l’on te fasse. Un minimum de tolérance. C'est important que l'on élève nos enfants avec ces valeurs-là. Sinon, on voit ce qui se passe. Cela ne veut pas dire que l’on doit être pareil ou différent, mais d’avoir un certain sens commun de la dignité humaine.
Est-ce que l'habillement en dit long sur les gens?
On est tous sensibles à ça. C’est tout ce que l'on a pour se faire une première impression. Si je vois un groupe d’homme cravaté, qui me semblent être de professions libérales ou un groupe de granola pur et dur, je ne me sens pas particulièrement d’affinités naturelles avec ces gens-là. Mais il faut aller au-delà de ça.
Êtes-vous plutôt dans l'acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Je peux être envieux du succès des autres. Je peux être jaloux, méchant à l’intérieur de moi. Je peux être insécure et vivre toutes sortes de sentiments désagréables.
J'accepte cela. Mais je me réjouis aussi du succès des autres. Et c'est tout aussi sincère. Ça m'enthousiasme toujours de voir du talent à l’œuvre. Cela me nourrit. Tout est là. Je suis confronté à mes limites, à mes paresses. Ais-je fais tout ce qu'il faut pour mettre en place, tout ce dont j’ai besoin pour être heureux? Tout est là. Tout cohabite.
Ceci dit, je ne cherche pas la bagarre. Je choisis mes combats. Je ne vais pas m'épuiser avec des gens à la table d'à côté, qui disent des conneries. Si c'est quelqu'un de proche, avec qui j'ai une relation intime et qu’il y a un différend, il va falloir y faire face. Également avec un réalisateur, si on aime pas la façon dont les choses se passent, c’est pas toujours facile, mais on doit parfois purifier l'air pour pouvoir bien travailler.
Souffrez-vous de la rage au volant?
Oui. Il y a tellement de raisons de l'avoir aujourd'hui, que ça ne vaut plus la peine de l’avoir. Montréal, avec les travaux, avec les bouchons, je te dirais l'incivisme qui est partout. Je ne veux pas avoir l’air réac. En disant cela, mais c’est une vieille valeur la civilité. Ici dans le quartier, il y a personne qui observe le code de la route : ni les voitures, ni les piétons, ni les cyclistes. Il y a plein d’échauffourées. Cela fait un pacte social qui est fragilisé. C'est dur de ne pas avoir la rage. Tu t'engages dans un virage et il y a un cycliste qui passe sur le stop. Ça arrive tout le temps. C'est vraiment chiant. Il faudrait apprendre à vivre mieux, parce que c'est pénible en ce moment. Et en plus on accepte pas d’être enguirlandé lorsque l'on fait une connerie. On montre plutôt le poing. Les gens sont hyper sensibles. On est une société de dépendants affectifs On a besoin d'être aimé. Et si les gens ne nous aiment pas, bien on ne le prend pas.
Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service où qualité de la nourriture?
J'aime mieux bien manger et mal servi, que mal manger et être servi avec gentillesse. Mal manger, cela me déprime.
Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Ce sont des choses qui bougent beaucoup dans une vie. À mes débuts, j'étais attiré par des gens tourmentés, car j’étais tourmenté. Aujourd'hui je n'ai pas arrêté d'être tourmenté complètement, mais je recherche la compagnie de gens avec qui c'est facile, agréable, avec qui on a des choses intéressantes à discuter, à partager. J'ai aussi un enfant et cela change beaucoup de choses.
Jusqu'où la liberté d'expression selon vous peut- elle aller?
Avec le négationnisme, je crois qu'il faut être sans pitié. Il ne faut pas désinformer. Il ne faudrait pas qu'un jour, la moitié d’une génération croie que l’holocauste n'est jamais arrivé. C’est délicat la censure. Je trouve aussi que le mot censure est dévoyé.
L'histoire du gala des Oliviers m’a fait un peu tiquer. C'est un assureur un peu frileux, et c'est comme si toute une société avait basculé dans la censure. J'ai trouvé cela un peu exagéré. Avec les réseaux sociaux on réagit tellement rapidement. Mais je crois que la censure doit quand même exister.
Votre but dans la vie est-il d'être heureux?
Oui. À tout le moins, de transmettre les outils à mon enfant, pour qu’il puisse œuvrer à créer ce qu’il faut pour mettre en place son propre bonheur. On cherche, on fait des tris, on fait du ménage, on avance, on souffre, on traverse des choses pour en arriver à une certaine paix avec soi et avec les autres.
Est-ce que votre bonheur est relié à la comparaison aux autres?
Oui il est relié d'une façon très simple. Si je me compare aux autres, il n'y a plus de bonheur possible. Il y en a toujours qui ont l'air de si, qui ont l'air de ça. Ça fait cliché, mais la boussole est à l'intérieur de soi. Ceci dit, je ne suis pas inconscient de la chance que j’ai d’être à Montréal au lieu d’être en Syrie. Mais idéalement pour moi c’est d’arriver à ne pas trop me comparer.
Qu'est-ce que l'amour?
Si j’avais une réponse, cela se saurait. Cela fait trois mille ans que l’on en parle sous toutes ses formes. Les chanteurs, les poètes, les écrivains, les cinéastes. Il y a tellement de différents types d'amour. En tout cas, je crois que dans l’amour, il y a un geste qui est irrationnel, qui vient éveiller la meilleure part de soi.
L'être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Autant l'un que l'autre. On ne peut pas être un acteur, et penser que les gens sont foncièrement bons. On passe notre temps à travailler sur la psyché humaine. Tous les mouvements qui se cognent qui s’entrechoquent. Le désir de tuer, le désir d’écraser, la jalousie, la possessivité. On travaille tout ça avec les personnages. Tout ce qui est sale, laid, boueux, sanglant, nauséabonde. Autant que ce qui est lumineux, beau, etc. On est tout ça. On est un tas de merde avec une fleur dessus.
Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
Ça ce sont des questions que je ne comprends pas. Vois pas… Ce sont des questions qui ne se posent tellement pas dans la vie de tous les jours. Mais il y a des gens qui sont confrontés à cela sur la planète. Ce sont des situations impossibles. Quoi que tu fasses tu es perdant.
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
Non. Je crois que le suicide assisté est une bonne chose pour des gens… Imagine s'il fallait que l’on dise aux gens suicidaires, parce qu’ils sont dépressifs, dont plusieurs jeunes dans les communautés inuites : « On peut vous fournir tout ce que vous avez besoin pour vous faciliter la tâche, parce que nous respectons votre désir de disparaître. » On est dans la folie pure et simple! Mais pour des gens qui souffrent de maladies dégénératives que l’on ne peut soulager, et qui font le choix en toute lucidité : ça oui. Le cas de figure que tu soulèves, du couple âgé, qui veut partir en amoureux, je le comprends. Mais est-ce que l'État devrait l'autoriser? Ce sont des dossiers très complexes. Il faudrait que je me penche davantage sur la question.
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s'exprimer artistiquement? Iriez-vous le voir si son art vous intéressait?
Bien sûr. Il n'y a pas de demi-mesure avec la loi. C'est un principe fondamental. On est tous égaux devant la loi. Il a purgé sa peine. Il est libre. Il est mon égal et ton égal devant la loi. Les gens peuvent aller ou non le voir. Mais je ne crois pas que l’on puisse lui retirer son droit d’écrire et de chanter. Mais je respecte le fait qu'il y a eu un profond malaise concernant son passage au TNM. Et que des gens aient manifesté pour que la pièce soit retirée de l'affiche.
Un défaut, un vrai?
J'ai tous les défauts. Le péché d’orgueil, l’envie, l’intolérance, le manque de sagesse, dur, fermé. Je pouvais autrefois être arrogant. Je crois que je le suis beaucoup moins, aujourd’hui. Je crois que plus on les voit, nos défauts, plus on est capable de mettre des mots dessus, moins ils ont d’emprise sur nous.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Tout ce qui concerne, sauver des vies, guérir des maladies, On doit absolument encourager tout ce travail-là. Mais il faut que cela soit rigoureusement encadrer.
Croyez-vous que l'homme doit continuer à protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
Ça m'inquiète énormément. Je suis terrifié. Il n'y a pas d'autres mots. Hier je lisais qu’un milliardaire chinois disait que l'on était prêt à cloner des êtres humains, mais que l'opinion publique n'était pas encore prête. J'espère qu’elle ne le sera jamais. C'est même plus de la science-fiction. Toutes ces mutations dont on ne connaît pas les effets à court, à moyen, et à long terme, c'est terrorisant. Et j'invite tout le monde à être terrorisé.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Je ne me pose pas la question.
Avez-vous peur de la mort?
J’y pense pas. Pas beaucoup. Pas trop. Pas pour l'instant.
Est-ce qu'il y a un avenir pour le français au Québec?
Sûrement. Aucun doute là-dessus.
Sur quoi travaillez-vous présentement?
J'ai une nouvelle saison de lecture au Quat'sous en septembre, qui va être doublée d'une saison à Québec au Musée des Beaux-Arts. On nous a invités, Stéphane Lépine et moi, à faire une série de trois spectacles. C'est un travail que j'aime, et j’y consacre beaucoup de temps. Ça permet de découvrir de grands écrivains autrement. Et j'écris en ce moment. C’est surtout à cela que je me consacre. J’écris des articles littéraires sur le sport, pour le magazine Tennis-mag depuis plusieurs mois. Oui je joue au tennis. Et je suis sur une courbe ascendante très lente, car il faudrait que je joue un peu plus souvent. J’écris aussi un roman et autre chose qui pourrait devenir du théâtre.