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Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC LOURY
Frédéric Loury est directeur général et commissaire d'Art souterrain
Est-ce qu'il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Un bon technicien peut bien performer selon les domaines. Mais l’existence doit pouvoir se nourrir d’un intérêt qui nous dépasse, qui nous tire vers le haut. Cet intérêt-là se transforme et se modèle avec le temps pour être identifiable comme une passion. Il y a quelque chose d’irrationnel dans la passion qui amène des individus à découvrir de nouvelles avenues et à laisser une trace.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?
Pour moi ce qui compte c’est le résultat. Avoir accès à l’émotion. Si l’oreillette permet à un comédien de sublimer son jeu, c’est tout à fait utile.
Recherchez-vous davantage la ressemblance ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en générale? Et le monde vers quoi devrait-il tendre selon vous?
Moi, je veux les deux. J’aime avoir des repères. On peut avoir une ressemblance humaine. De rencontrer un individu et avoir le plaisir de déjà vu. Mais cette ressemblance aura toujours une particularité, une singularité. On est jamais en présence d’une copie parfaite. Il y a toujours une distinction à faire, que ça soit dans la nature humaine, dans une oeuvre, dans une peinture, dans une chanson. L’art n’est fait que de différences, et c’est cette différence qui nous la fait cultiver, sublimer, même si l’on s’appuie continuellement sur des mouvements, sur des écoles. Je crois que c’est dans la différence que l’on évolue.
Est-ce que l'habillement en dit long sur les gens?
C’est notre première image d’un individu. C’est un peu comme une carte de visite. Notre premier rapport visuel est vestimentaire ensuite relié à la physionomie. Mais je crois que l’on est souvent trompé par le vêtement qui est un apparat.
Êtes-vous plutôt dans l'acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Les deux aussi. Il faut choisir ses combats. Chaque individu peut avoir une qualité de spécialiste, et faire une différence dans une communauté et la société, par certains gestes, pour que la notion de progrès puisse incorporer davantage d’humanité, et un peu plus d’harmonie entre les individus. Et dans ces cas là il faut y tenir.
Souffrez-vous de la rage au volant?
Je suis pas automobiliste. Je suis cycliste. Mais je ne crois pas que ça fasse partie de ma personnalité. J’essaie d’utiliser mes énergies aux bons endroits.
Croyez-vous que les gens sont plus intéressants dans un bar fumeur et alcool que dans un bar non-fumeur sans alcool?
Je ne ferais pas de généralité. Plus tu sens un individu dans un contexte agréable, qui n’est pas brimé sur ses libertés, moins encadré par des lois, des restrictions, plus cette personne là va vivre un épanouissement. Et si c’est le cas, ce sera davantage un échange riche et nourri. On va sentir dans l’ambiance du lieu plus de débordements, de collégialité, de sympathie, de vie. Donc mon choix serait fait.
Jusqu'où la liberté d'expression selon vous peut- elle aller?
La liberté d’expression est un concept qui est infini. Il y a de plus en plus de moyens de s’exprimer, dont les médias sociaux. Tant et si bien, qu’il peut y avoir une communauté d’individus qui peut avoir intérêt à nous lire. On a tous une responsabilité dans notre façon de livrer les informations. Il est important de se documenter. Le jour où on ne peut plus s’exprimer librement et évoquer tous les sujets, parce qu’il y a un risque de mort où d’être réprimé, comme dans les Emirats arabes, pour moi, il y a la fin d’une liberté d’expression. Maintenant, on peut avoir ce privilège d’expression, mais qui n’est pas là pour faire gratuitement du mal à des individus. Moi je pars du principe qu’il doit toujours avoir une construction qui doit nous amener à réfléchir, en respectant des valeurs humanistes. On devrait avoir moins l’occasion de s’intéresser à des individus qui vont vers des extrêmes, qui poussent à la violence, au sexisme, à l’homophobie. Des gens que l’on met sur un piédestal, comme c’est le cas présentement en France avec Dieudonné et certain philosophe, penseurs. Car ces personnes là, ne peuvent pas enrichir de leur réflexion, les communautés culturelles et diverses que l’on retrouvent dans les pays occidentaux. Donc c’est une notion qui est très complexe.
Votre but dans la vie est-il d'être heureux?
Le bonheur est associé à toutes les étapes qui me mènent au résultat qui lui est une petite mort. Pour moi, le processus doit continuellement est associé à du plaisir, à du bonheur. Dès le matin, on doit se poser la question, si nos choix nous rendent heureux. Le bonheur ne doit pas être une quête. C’est plutôt une réflexion. Est-ce que l’on pose les bons gestes dans notre entourage? Est-ce que l’on a choisi le bon métier?
Est-ce que le bonheur est relié au malheur des autres?
Je ne tire aucun plaisir du malheur des autres. C’est même le contraire. C’est le bonheur des autres qui m’encourage à reconsidérer mon propre patrimoine. Ils peuvent devenir mes modèles par leur humanité ou autre. Plus on s’entoure de personnes heureuses, plus notre environnement et ce que nous sommes peut s’harmoniser, s’élever, nous amener à ce bonheur.
Qu'est-ce que l'amour?
J’ai eu la chance d’avoir été beaucoup aimé de mes parents. Et si on manque cet amour des parents, la première chose que l’on ressent, c’est un vide qui peut se transformer en une quête, qui peut devenir maladive. Cette quête pourrait être aussi souvent liée à un dérèglement. Un amour est total lorsqu’il est réciproque. L’amour doit s’appuyer sur la conscience que ça existe. C’est une chose qui doit s’alimenter pour continuer à l’offrir. Donc, cela demande un effort. Sinon cela reste un idéal volatil.
L'être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
L’être humain souffre. Souvent dans la comparaison. Et à partir de ce moment là, si cette comparaison n’est pas équilibrée, analysée dans sa juste valeur, avec discernement, avec amour pour l’humanité, l’individu devient méchant. S’il a reçu suffisamment de témoignages, a été bien entouré enfant, sait alimenter ses relations et choisir ses bons combats, cette personne là a des chances de faire le bien dans la société. Mais il faut faire l’effort. Et la planète ne s’en porterait que mieux.
Croyez-vous que vous seriez prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
Non je ne serais pas prêt. Et si je le faisais ma vie perdrait son fondement.
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
Oui. Surtout si ces personnes ont fait l’effort de rencontrer le corps médical. Je ne suis pas en droit de m’y opposer.
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s'exprimer artistiquement? Iriez-vous le voir si son art vous intéressait?
J’ai été le premier à condamner ses gestes. Je crois que ça été un deuil généralisé. Tout le monde a souffert de la situation. A partir du moment où il a payé sa dette, il a le droit d’expression comme n’importe quel citoyen.
Un défaut un vrai?
Ma volonté de créer de nouveaux projets. Cela peut sembler anodin, mais ça a un impact très fort dans ma vie. Mes disponibilités. La façon dont je nourri mes doutes, mon anxiété. Ma capacité à mener de front les anciens projets et les nouveaux. C’est mon pire meilleur ami.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Toute approche scientifique à l’origine est louable. Il ne faut pas perdre de vue, une meilleure santé pour la collectivité
Croyez-vous que l'homme doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
La mutation de l’être humain, elle s’opère depuis déjà plusieurs millénaires. Que l’être humain ne soit plus composé de tissus sanguin, etc., ne m’effraie pas. Ce qui m’effraie c’est son espérance de vie. La capacité de consommation d’un individu par le nombre versus les ressources disponibles. L’être humain doit s’adapter à son environnement et non le contraire. Sinon, il ne le mérite pas. Pensons à la disparition de l’abeille qui pourrait signifier la fin de la chaîne alimentaire.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Oui. Je suis entouré de fantôme. Je ne suis pas un adepte du paranormal, mais j’ai été témoin de tellement de manifestations. J’ai senti des effleurements, le souffle sur mes cheveux, des objets déplacés, ... Je suis persuadé, que nous sommes entourés d’êtres peut-être sans âme, mais des êtres.
Avez-vous peur de la mort?
Par période. Lorsque je regarde mes enfants, j’ai peur de la mort. J'ai peur de ne pas être capable de leur assurer assez rapidement un équilibre et une autonomie qui me permettrait de disparaître. Dans l’absolu non. J’ai côtoyé la mort de nombreuses fois. J’ai été presque mort artificiellement lors d’une sortie en plongée, chute en escalade, ...
Est-ce qu'il y a un avenir pour le français au Québec?
Il y a 50% d’allophone à Montréal et j’encourage la diversité et la mixité. Pour moi une langue ne doit jamais mourir mais elle doit évoluer. Je ne vais pas juger quelqu’un qui emprunte des mots à l’anglais. Il faut s’approprier la langue. Mais il faut avoir des références, comprendre son histoire, la cultiver. Et si les anglophones la sente vivante, ils vont vouloir à leur façon y avoir accès.
Sur quoi travaillez-vous présentement?
Il y en a un projet qui va être facilement identifiable au prochain festival Art souterrain à compter du 27 février. Pour la première fois , on va commencer à introduire des oeuvres de grands maîtres Québécois et aussi des artistes de renommée nationale toujours Québécois, issues de collections publiques et privées. Je vais pour la première fois travailler et collaborer avec La collection Loto Québec, la collection de la banque d’oeuvre du conseil des arts du Canada et la collection de l’Arsenal. Nous souhaitons éventuellement présenter ces oeuvres et d’autres à l’année.