Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Dans la série d'entrevues Questions réflexions, Charles Moquin rencontre des personnalités de la scène culturelle et les interroge sur leurs valeurs, leurs principes individuels ou sociaux, leur vision du monde, sur des questions de société ou des sujets philosophiques.
ENTRETIEN AVEC FRANÇOIS DELISLE
Réalisateur, scénariste, producteur et acteur québécois.
Est-ce qu'il faut être passionné pour bien performer? Un bon technicien non passionné peut-il y arriver aussi?
Je n’aime pas le terme "performer". Une chose certaine, il faut être obstiné. Dans mon cas, c’est une vocation. Mon fils est né dans le cinéma. Toute ma vie gravite autour de mes films. On en a parlé beaucoup récemment, de séparer la vie de l’oeuvre. Pour moi ça n'a ni queue ni tête. Tout ça est tissé serré et c’est tant mieux. C’est ce qui crée une voix singulière et l’intérêt de faire de l’art , des films.
Que pensez-vous des gens qui jouent avec une oreillette ou qui chantent en playback?
Cela m’embête. Ils font du rattrapage. Ils n’incarnent pas le personnage. Cela devient une sorte de robot.
Recherchez-vous davantage la ressemble ou la différence dans vos relations personnelles et dans votre vie en générale? Et le monde vers quoi devrait-il tendre selon vous?
Moi je pense que l’on est tous pareils. Je suis peut-être naïf, mais je crois franchement à une civilisation qui serait basée sur la fraternité. La fraternité est un des premiers articles des droits de l’homme. Si l'on vivait dans un monde plus égalitaire, je ne crois pas que Daesh existerait. Internet et tous ces gadgets, c’est une illusion de civilisation. Je veux aller vers l’autre et le cinéma est peut-être une façon d’y arriver.
Est-ce que l'habillement en dit long sur les gens?
C’est un reflet de ce que l’on est . Cela dit toujours quelque chose. Mais de lire une personne à partir de son habillement, je crois que l’on se fait jouer des tours la plupart du temps. Ceci dit, j’aime bien les vêtements.
Êtes-vous plutôt dans l'acceptation ou la confrontation aux gens, au temps, aux insuccès?
Je crois qu’il y a des valeurs auxquelles on tient, et c’est bien de les exprimer et surtout de les respecter soi-même. Collectivement, il faut être très bien positionné à cet égard. Quant aux échecs personnels , il y a toujours quelque chose à retirer de tout cela. D’ailleurs pour mon film ‘’Chorus’’ j’avais en tête que vivre c’est apprendre à perdre pour finalement apprendre à gagner. Mais il y a cet équilibre difficile à atteindre entre nos valeurs collectives et individuelles. Je crois aussi aux échanges de points de vue.
Souffrez-vous de la rage au volant?
Non. Non. rire
Qu’est-ce qui prime pour vous au restaurant, la gentillesse du service où qualité de la nourriture?
La gentillesse. On dit que l’on va manger à l’extérieur. C’est pour avoir un rapport avecle monde extérieur et c’est important qu’il soit cordial.
Êtes-vous davantage attiré par des gens pour qui la vie coule de source ou par ceux qui sont davantage tourmentés ?
Je crois qu’il n’y a personne pour qui la vie coule de source. Et moi je n’ai pas de pudeur par rapport à cela.
Jusqu'où la liberté d'expression selon vous peut- elle aller?
Au Québec, on est très chanceux. On jouit d’une très grande liberté d’expression. Lorsque j’ai présenté Chorus au festival de Sundance, les gens étaient étonnés que j’aie pu obtenir de l’argent aussi facilement pour un sujet pareil. Ailleurs il y a plus de pressions politiques , économiques , sociales. Mais je ne veux pas dire que tout va très bien, madame la marquise.
Votre but dans la vie est-il d'être heureux?
Oui, dans la mesure du possible et pour moi ça passe beaucoup dans le rapport à l’autre.
Est-ce que votre bonheur est relié à la comparaison aux autres?
Je suis très privilégié de vivre la vie que je vis; soit celle d’artiste dans un pays en paix sans trop de contraintes. Et je m’investis tellement qu’il n’y a pas de place pour cette perspective-là.
Qu'est-ce que l'amour?
Quand tu as un enfant en bas âge et c’est gratuit et gratifiant. Je ne suis pas enmanque de cela. Je suis plutôt chanceux en amour.
L'être humain est-il foncièrement bon ou mauvais?
Il est un peu des deux. L’être humain est assez simple finalement. Il fonctionne d’une façon très primitive. Et c’est étonnant qu’il ne puisse surmonter cela. Ce qui va contre lui. Plutôt aller vers quelque chose de plus collectif, plus fédérateur, plus harmonieux.
Seriez-vous prêt à faire condamner un innocent pour sauver un ami?
Drôle de question. J’aime pas cette question-là. Je crois que mon ami cesserait d’être mon ami à partir de ce moment-là et deviendrait un complice.
Est-ce que le suicide assisté devrait être accessible à qui en ressent le besoin sans autres considérations?
Je ne suis pas pour cela. J’ai un rapport à la vie qui n’est pas si accessoire que cela.
Croyez-vous que Bertrand Cantat peut continuer à s'exprimer artistiquement? Iriez-vous le voir si son art vous intéressait?
J’écoute toujours "Noir désir". Et la musique qu’il a composée pour la pièce de Wajdi Mouawad est extraordinaire. De là à aller le voir en spectacle, il y a une marge. Je me sentirais mal à l’aise. Mais je comprends le besoin vital qu’il a de s’exprimer.
Un défaut un vrai?
C’est ‘’rough’’. Ça m’arrive d’éviter la confrontation pour régler un problème.
Que pensez-vous de la recherche sur les cellules souches?
Je crois que c’est une bonne chose, car cela va régler beaucoup de problèmes de santé.
Croyez-vous que l'homme doit continuer de protéger la biosphère ou se modifier pour vivre dans un nouvel environnement ?
Modifier l’être humain pour qu’il devienne potentiellement immortel, personnellement cela ne m’intéresse pas. Ce qui fait le dynamisme de l’humain, c’est d’avoir un début, un milieu, et une fin. Et je te dis qu’au milieu on travaille fort pour avoir une vie bien remplie.
Croyez-vous à une vie après la mort?
Non
Avez-vous peur de la mort?
Pas du tout. Mes deux enfants sont nés dans mes mains. Mon père est mort dans mes bras. Et j’ai trouvé que c’était deux moments un peu semblables au niveau de l’énergie, de la douceur. Et ça m'a rassuré qu’il n’y avait rien de grave là-dedans.
Est-ce qu'il y a un avenir pour le français au Québec?
Oui. Je pense que oui. Je ne me berce pas d’illusions quand même. C’est un combat pour une richesse incroyable. Ce qui est grave, il y a 49% d’analphabète fonctionnel au Québec, et on n’en parle pas. C’est comme une maladie honteuse. Pourtant l’avenir du Québec est dans ces 49%; l’économie, la culture, les arts, tout. On regarde cela et on ne bouge pas. On devrait investir dans l’éducation, même avant la culture.
Sur quoi travaillez-vous présentement?
Je travaille sur mon prochain film, à l’adaptation d’un roman, sur un projet original et à la production d’un film d’un jeune réalisateur.
Toute l’oeuvre de François Delisle est à découvrir. Elle est une des plus fortes de notre cinéma .