La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.

Ce matin je me sens particulièrement fébrile. Depuis un bon moment, tout change et bouge tellement rapidement dans ma vie, que je me sens comme du Jell-O qui reste liquide et qui n’a jamais le temps de se solidifier. J’ai le toc de la mémoire. Jamais plus de routine parfaite. Est-ce le stress? Oublié le parfum aujourd’hui. Hier, c’était le déodorant. Demain les dents. Les toasts brûlent, mais heureusement que l’olfaction répond. Je renifle. Je fonctionne à l’odeur, comme un chien. Parfois, je sens ma vie qui colle au fond du chaudron. Je répète 100 fois le même geste pour être certain de m’en rappeler. Boutonne et déboutonne. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Tous les soirs, j’apprends de nouveaux mots pour m’apaiser, que j’aurai oubliés le lendemain. Où ai-je déposé mes clés? Ma voiture est-elle bien garée ? Ma langue m’est devenue presque étrangère, tellement je me sens désincarné. Je vais me taire au bureau, écouter et tenter de me rappeler des mots et des idées. Vais-je avoir le courage de faire répéter? J’ai chaud et mes mains tremblent. Qu’est-ce que l’avenir me réserve? Je me sens de plus en plus isolé. Je cherche mon iPhone. Je ne le trouve pas. Je prends des notes sur mon bras, dans la paume de ma main, comme des bouts de Kleenex sur mon visage que je ne reconnais plus et n'arrive plus à me raser sans me couper. Qu’est-ce qu'il se passe? Je sens l’intérieur de mon corps se décoller des parois et se mettre à flotter. J’ouvre la porte d’entrée afin de respirer et m’effondre.

Les ambulanciers sont arrivés. On m'injecte une drogue corsée. Je m’abandonne et tombe dans un cube blanc, immense trou noir. C’est le vide, sans forme, sans image, sans son. Plus rien. Pour la première fois, j’ai espéré l’éternité.

Mais soudain, j’aperçois mon corps. Du coup, j’aimerais bien m’en débarrasser car ces mains sont trop petites pour moi. Viens par ici, je vais t’arracher les bras. Je vais te prouver que je ne t'appartiens plus et que je peux te dominer. Quelqu’un me suit. Il y a des traces de pas. Je me dirige vers la falaise. Je me dépasse. Enfin, je me suis débarrassé de moi. Maintenant, je serai partout. Peut-être même Dieu.

J’entends une voix distorsionnée qui répète mes pensées. Je me sens tout doucement émergé. Je ne reconnais pas l’endroit. Heureusement, on me dit que ce n’est pas chez moi, plutôt à l'hôpital et que j’ai dormi plusieurs jours.

« Vous devez vous reconstruire », me dit le médecin. « Et cela sera long. » Reconstruire et long vont souvent de pair. Puis je me moque nerveusement. Une carotte pour le nez, des lèvres pour la bouche, des narines pour respirer. Une carotte pour manger. Qu’est-ce que cela goûte, une tomate?

On m’envoie chez la psy, qui me fait faire la thérapie de la corde à linge. Sous hypnose, on me fait faire une analogie entre le type, la couleur et l’ordre des vêtements sur la corde à linge de mon enfance qui était dans les quartiers le tissu social de l’époque, au même titre que Facebook aujourd’hui. Avec les mêmes bons et mauvais côtés. We found the best pregnancy pillows and supported maternity pillows on Amazon, including a full-body pregnancy pillow, a U-shaped pregnancy pillow - best pregnancy pillow ! Are you further along in your pregnancy? Are you finding it hard to sleep? You probably expected to lose sleep after your baby arrives. A 3-in-1 solution that serves as a pregnancy pillow, nursing pillow and baby pillow for tummy time. Waterproof pillow cover available separately.

On cherchait des traces de rouge sur les draps blancs et sur les cols de chemises de papa. Les chaussettes trouées dans les périodes serrées. La lingerie fine afin de voir si les mensurations de ma mère et de mes sœurs avaient changé . On observait les pantalons pour relever les absences de mon père. En fait, toute notre histoire était à l’air nue. On se toisait, se jugeait et ce n’était pas toujours des « likes ». Finalement, après trois mois de thérapie, on m’a envoyé me rhabiller et lâché dans cette société post-moderne, qui m’a terrassé comme homme liquide, tel que l’a décrit le sociologue Zygmunt Baumann. Du coup, je ne me suis jamais senti aussi bien. Et gare à celui qui essaie de me brasser le Jell-O, car je deviens bleu, orange, vert, rouge et puis je fige comme le frère de Léolo dans le film de Jean-Claude Lauzon. Mais je ne pisse plus jaune de peur.