Le 15 octobre courant verra la sortie officielle d’un livre qui fera date et qui s’intitule Un opéra en 3 actes mettant en vedette Gino Quilico. L’autrice en est Connie Guzzo-McParland et il traite de la dynastie des Quilico, une famille montréalaise – trésor national québécois et canadien – qui s’est superbement illustrée à l’international dans le merveilleux monde de l’opéra.

Il s’agit de la biographie du famoso baryton Gino Quilico et de feus ses parents, la pianiste Lina Pizzolongo et le célébrissime baryton québécois Louis Quilico, surnommé Monsieur Rigoletto, à juste titre, tellement il a su s’imposer dans ce rôle principal (de l’opéra Rigoletto de Verdi), se l’approprier et l’incarner mieux que quiconque.

On doit à Athala Bissonnette une soigneuse traduction française – du texte original anglais – qui se lit aussi aisément qu’un roman. Le style est direct, pas du tout ampoulé, et la syntaxe, la grammaire et le vocabulaire français sont indubitablement à la hauteur, hormis quelques petites peccadilles qui ne valent pas la peine d’être étalées ici.

Le livre, abondamment illustré, se décline en trois volets distincts, d’où son titre. En effet, sur un total de 259 pages, 51 sont d’abord consacrées à maman Lina Pizzolongo, suivies de 42 à papa Louis et, tout seigneur tout honneur, 143 à fiston Gino. La page couverture met en vedette un Gino intense et séducteur dans son rôle fétiche de Don Giovanni, de l’opéra éponyme de Mozart.

Tel que stipulé en page 2, « Ce livre est une œuvre de non-fiction créative. Il est basé sur les événements réels de la vie et de la carrière de Lina, Louis et Gino Quilico. Tout en demeurant fidèle aux faits tels qui lui ont été relatés par divers membres de la famille au cours d’entretiens, l’autrice s’est donné la liberté artistique de dramatiser certaines scènes et d’en imaginer les dialogues. »

L’autrice n’ayant pas personnellement connu feus Lina et Louis, et n’ayant donc pas pu les interviewer, j’ai demandé à Gino si ses « mises en scène » reflétaient fidèlement la réalité, et sa réponse a été un retentissant oui! Il s’agit donc de « non-fiction créative » en laquelle Gino reconnaît bien ses parents et à laquelle il donne volontiers son aval.

Les sentiments occupent une place prépondérante dans le récit. D’ailleurs, comme l’affirme l’autrice en page xi, elle s’est « ...plutôt concentrée sur les émotions personnelles, éminemment humaines qui se cachent derrière les masques, les maquillages et les costumes fastueux des principaux héros de l’histoire. Puisque Gino est celui qui a fourni l’information, c’est surtout vers lui que s’oriente le regard posé par ce livre. »

C’est d’abord une artiste admirable que l’on découvre en la personne de Lina Pizzolongo, épouse aimante et dévouée qui a sacrifié sa propre carrière, de pianiste concertiste virtuose, au profit de celle de Louis, son mari. Elle a été sa muse, sa répétitrice-accompagnatrice, son professeure de solfège et d’italien, et son coach vocal. Elle a peaufiné son style et sa gestuelle en plus de lui prodiguer soutien et encouragement continus pour mieux le propulser vers les sommets de son art et la renommée mondiale. Sans son inestimable contribution, Louis ne se serait certainement pas rendu aussi loin.

Les quelques chapitres suivants nous révèlent un Louis qui a réussi à faire une très prestigieuse carrière malgré le manque total de support et d’encouragement de la part de Luigi son père, dont l’univers se résumait essentiellement à son commerce de bicyclettes. Le paternel aurait tant voulu que Louis développe une passion pour le vélo plutôt que pour l’opéra, et qu’il tienne éventuellement les rênes du commerce familial. Mais le surdoué chanteur caressait un autre rêve et il s’est attelé à le réaliser avec une inébranlable détermination. La grande chance de Louis a sans nul doute été son union durable avec une épouse qui lui a tout donné.

La majeure partie du livre donne la parole à Gino. Il en a long à raconter sur son parcours personnel, bien sûr, mais également sur sa relation avec Louis, son père, idole, professeur, conseiller, et guide. Sans oublier l’irremplaçable Lina qui, par sa polyvalence, ses enseignements et son indéfectible support, a tant fait pour que son fils s’épanouisse et que sa carrière florisse.

Le récit met en évidence les nombreuses et incontournables exigences du métier en matière de technique vocale, d’apprentissage des langues, de connaissance musicale, de jeu théâtral, de danse, et même d’occasionnelles acrobaties. La formation d’un chanteur d’opéra exige des années d’études et de labeur assidu. Ambition, courage, détermination, discipline de fer et, bien sûr, talent inné, sont d’indispensables prérequis.

On assiste impuissant au tiraillement continuel vécu par un chanteur qui jongle du mieux qu’il peut, sur la montagne russe des émotions, déchiré entre les exigences de son couple et de sa vie familiale – qu’il a parfaitement conscience de négliger – et les impératifs de sa vie professionnelle, jusqu’à ce que l’euphorie de ses triomphes cède la place à la morosité, sinon à la dépression, suite à une trahison, une séparation ou un divorce. Le vedettariat comporte donc son enviable lot d’avantages et de sérieux inconvénients.

La renommée et le succès tant convoités exigent - pour question de survie dans le domaine hautement compétitif de l’opéra - que l’égo du chanteur soit surdimensionné et survitaminé, et donc terrain fertile en conflits interpersonnels !

Un nécessaire égocentrisme, alimenté par un constant souci de perfection doublé d’une dévorante ambition de succès, peut aisément conduire à reléguer la vie familiale au second plan, au détriment du couple, et notamment des enfants qui ne reçoivent pas toute l’attention parentale dont ils devraient bénéficier, et qui se retrouvent « ballottés et traînés comme les bagages », dixit Lina Pizzolongo. Car une carrière internationale implique de nombreux déplacements, voyages, et même déménagements d’un pays à l’autre, avec les déracinements successifs et les efforts d’adaptation qui en résultent.

On découvre des relations toxiques au sein de couples qui, en partant, n’auraient pas dû se former et encore moins durer. Entre autres choses, le livre révèle aussi la recette parfaite pour créer, par belle-mère interposée, une brouille aussi regrettable que durable entre un père et son fils.

On réalise quelle épreuve ou adversité peut pousser un individu à s’abandonner aux plaisirs éphémères qu’offrent les drogues, l’alcool et le batifolage sexuel. Ces paradis artificiels qui remplissent momentanément un vide, réconfortent et consolent, mais ne règlent finalement aucun problème.

Enfin, on apprend quel tragique événement s’est avéré être un puissant wake-up call (réveil) qui a incité Gino à revoir ses priorités et à réorienter sa carrière.

C’est sciemment que je me suis interdit de multiplier les divulgâcheurs (spoilers), tout comme je ne vous révélerais pas la chute d’un roman ou d’un film pour ne pas gâcher votre plaisir de la découverte. Vous devez donc vous procurer le bouquin pour y dénicher touts les détails croustillants et les anecdotes savoureuses dont il regorge, et toutes les précisions nécessaires pour satisfaire votre curiosité.

Je recommande vivement cette prenante lecture à laquelle il est difficile de s’arracher tellement on a hâte de connaître tous les rebondissements dont la vie des Quilico a été surabondamment remplie.

Gino Quilico est actif sur Facebook où il vous convie, et il vous invite cordialement à visiter son site internet principal où vous pourrez en apprendre davantage à son sujet, consulter le calendrier de ses prochains spectacles et vous procurer des billets. Gino donne également des cours de chant privés : rendez-vous sur son second site internet, Voix de Montréal, si cela vous intéresse.