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À l’orée de la cinquantaine, Stéphan La Roche a une feuille de route impressionnante. De la direction du Palais Montcalm à celle de la délégation du Québec à Paris, en passant par le Conseil des arts et des lettres du Québec, innovateur en gestion de la culture, il reçoit des offres de postes de direction sans se questionner sur ses ambitions, puisque ponctuellement d’autres perçoivent ses compétences et son expertise. On le voit de nouveau au Musée de la civilisation où il insuffle sa vision afin de transformer cette institution en un lieu d’ébullition créatif et de démocratie culturelle, tout en veillant à le placer au cœur de la collectivité et de la vie des Québécois.
Natif de Charny, les expériences théâtrales le destinent dès l’adolescence vers le métier de comédien. Ses implications au journal et au théâtre étudiants confirment son amour pour la culture, mais la promesse de choisir d’abord une profession libérale transforme ses aspirations. S’inspirant du cheminement du comédien Rémy Girard, il fait d’abord son cursus en droit à l’Université Laval. Conquis par l’aspect de la justice où la mise en scène, le développement de l’argumentaire, les contacts humains, la stratégie de négociation et plus encore sont prépondérants, il devient avocat.
Reliant ses forces et ses passions pour la culture, la gestion, le droit du travail, les relations publiques et humaines, c’est au Ministère de la Culture que de 1995 à 1997 Stéphan La Roche affine ses désirs et forge une à une ses compétences. En 1996, son travail de coordination des travaux et de la rédaction de la Politique de diffusion des arts de la scène, Remettre l’art au monde, témoigne de la qualité de cette importante éclosion.
« J’ai ainsi commencé ma vocation culturelle un peu par le hasard du destin. »
De 1995 à 1997, il assume d’abord les postes de Secrétaire du Conseil des Arts et lettres du Québec (CALQ) ainsi que de directeur de la planification et de la coordination. Quelques années plus tard, soit en 2008, il revient au CALQ pour œuvrer comme directeur de la musique et de la danse, de même qu’au poste de directeur de l'action territoriale, regroupant la coordination des activités internationales et des interventions régionales du CALQ.
Entre temps, il assume tour à tour les postes de directeur général du Bureau de la Capitale nationale de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) de 1998 à 2000, et c’est à ce moment qu’on lui offre de devenir directeur des Services culturels de la Délégation générale du Québec à Paris, poste qu’il assumera avec bonheur de 2001 à 2004.
Maison du Québec à Paris
« Difficile de refuser une offre telle que Directeur des Services culturels de la Délégation générale du Québec à Paris, et d’avoir comme tâche de promouvoir la culture québécoise. Une expérience stimulante, enrichissante qui transforme une vie. »
Ponctuellement, il reçoit une proposition sur la table qui le motive à changer de travail. « Je me demande alors : est-ce que je peux passer à côté de ça? J’ai été très chanceux dans ma vie en général et dans mon travail en particulier. En fait, j’ai juste saisi des occasions au moment où elles se sont présentées. Comme on le dit : Carpe diem ».
Ensuite, durant son dernier mandat au CALQ, il est nommé Président Directeur général, poste qu’il assume de 2013 à 2015. Principal subventionnaire des arts au Québec, ce poste au CALQ le comble, car il lui permet de déployer à la fois ses passions et ses forces. Cet amoureux des arts et de la culture y est vraiment heureux lorsqu’une nouvelle proposition lui est soumise.
C’est ainsi qu’à mi-mandat à la direction générale du CALQ, on lui offre celle des Musées de la civilisation à Québec. Comme son prédécesseur Michel Côté prend sa retraite, cette offre surprenante comporte plusieurs éléments affectifs déterminants qui le relient aux musées.
D’abord, elle lui permet de revenir vivre à Québec dans sa ville. Aussi, lorsqu’il est étudiant au Petit séminaire de Québec, c’est sur les bancs d’école qu’il acquiert ses premières connaissances des classiques au cœur même des riches collections de livres antiques qui, en 1995, ont été offertes au Musée de l’Amérique francophone et sont aujourd’hui sous la direction générale des Musées de la civilisation.
Roland Arpin
De plus, étonnement, le premier emploi qu’il occupe durant ses études et qui le marque beaucoup, est celui de guide-animateur au Musée de la civilisation. Présent dès son ouverture en 1988, il y vit les premières grandes expositions qui marquent beaucoup l’imaginaire des visiteurs de l’époque. Vingt-huit ans plus tard, on lui offre de devenir le président-directeur général des Musées de la civilisation en lieu et place de Roland Arpin qu’il admire. Cet érudit qui a reçu deux doctorats honorifiques, a été décoré de pas moins de cinq prix et nominations d’officier et de chevalier de divers ordres nationaux, fonde et dirige le musée de 1988 à 2001 durant son emploi d’animateur. Cette proposition surprend et touche d’autant plus Stéphan La Roche.
En outre, de 1984 à 1985, son frère archéologue, Daniel La Roche, a eu le mandat des fouilles sur le site même du musée avant sa construction. Il y découvre le quai et les barques dont une est actuellement exposée dans le grand hall du musée.
La barque dans le grand hall du musée ©AB
Son amour pour la capitale, son premier emploi, son lien avec le Petit Séminaire de Québec, les réalisations de son frère, le travail à la direction d’une institution phare et unique dans le domaine de la muséologie mondiale le séduisent et confirment l’importance que ce poste représente pour lui!
Ainsi que l'affirme l’adage au théâtre: « le rôle a trouvé son acteur! ».
Au moment de son embauche, le comité de sélection confirme son choix en ces termes: « Le comité souhaitait nommer à la direction générale de l'institution un visionnaire créatif issu du milieu de la culture, un leader inspirant et mobilisateur, un gestionnaire chevronné, un entrepreneur culturel doté d'un excellent sens des communications. Il a trouvé toutes ces qualités en la personne de monsieur La Roche qui a consacré sa carrière au milieu culturel ».
Premier du nom en Nouvelle-France, son ancêtre Michel Rognon dit La Roche serait fier de ses accomplissements et de ses engagements face au patrimoine culturel.
Stéphan La Roche est un homme qui démocratise le travail des équipes où il passe. On l’a constaté au CALQ pendant plusieurs années, il a d’abord questionné ses pairs et le milieu culturel pour connaître les besoins, développer une vision précise de ceux-ci, cibler des actions et mieux répondre aux exigences de ses fonctions.
Le Musée de la civilisation
Aguerri en consultation, il est conscient du génie et de l’expertise de chacun et sait en faire bénéficier l’œuvre commune. Maintenant à la direction du musée, tout ce qui a inspiré chacun des employés depuis le début de leur carrière dans cette institution sera mis à profit.
En bon père de famille qui veille sur chacun de ses enfants, il sait rassembler ses collaborateurs de tout acabit afin que chacun sente l’importance de sa contribution personnelle, autant dans le processus et les expositions que dans le déploiement des musées. Du guichetier aux chefs de service, tous ont le privilège d’influencer la programmation et même, de nourrir d’idées les futures expositions. Dans cette forme de gestion démocratique, de la programmation des activités et des expositions des musées, Stéphan La Roche innove et dans la même foulée, il guide le public ainsi que ses collaborateurs dans de nouvelles sphères d’expérience où la réflexion, la connaissance et l’émerveillement contribuent à enrichir chaque individu qui fréquente les Musées de la civilisation.
Stéphan La Roche sait tirer le meilleur d’une situation pour innover et apporter ce qui contribuera à la rendre incontournable. Ses débuts prometteurs au musée en témoignent, et sont garants de grands espoirs innovateurs…
Amoureux des arts, de la culture et doté de la compétence indiscutée à tisser des liens, son talent est de mettre en valeur le travail des autres et de faire rencontrer une œuvre et un artiste avec des publics. Stéphan La Roche s’évertue à faire rayonner l’art et la culture qu’il sert, là où il se trouve.
Vous me direz qu'avec une telle feuille de route cet homme doit avoir de grands rêves et d’incroyables ambitions… En effet, je me suis également posé la question et la lui ai posée… Sa réponse qui a tardé à venir m’a beaucoup séduite : d’abord parce qu’il n’y a jamais songé et finalement parce qu’il n’en a pas. Le seul désir de ce visionnaire est de se mettre au service de la collectivité afin de tisser des liens entre les artistes, le public et les œuvres. Et c’est cet ultime désir qui guide ses choix.
Son leitmotiv est tout simple : « L’important est d’avancer! ».
Pour souligner son engagement exemplaire à faire rayonner les arts et à consolider les relations culturelles entre le Québec et la France, il recevra le titre d’Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française le 11 mai prochain à Québec.
J’ai le sentiment que Stéphan La Roche est le genre de personne qui contribue à faire de notre société un monde meilleur.
Cerveau à la folie
Ne manquez pas la prochaine exposition qui débutera le 17 mai: « Cerveau à la folie ». Car comme le dit si bien son directeur : « Le Musée de la civilisation est celui de tous les Québécois! ».