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Alexandra Boilard-Lefebvre n’a jamais connu sa grand-mère paternelle. Thérèse Lefebvre, née Larin, est décédée à l’âge de 27 ans, en 1970, et plus personne n’a jamais reparlé de tout ça. Résultat d’une longue enquête de 4 ans, Une histoire silencieuse donne un corps littéraire à cette femme, sans toutefois lui donner d’étiquette.
Pour son premier roman, Alexandra Boilard-Lefebvre, auteure et travailleuse culturelle, a mené quatre ans de recherche, d’enquête et d’écriture.
« Thérèse, c'est quand même une figure omniprésente dans ma vie depuis longtemps. C’est une histoire qui m’interpelle depuis mon enfance. Comment raconter cette absence-là ? Comment raconter l'histoire d'une disparition, puis comment raconter aussi l'impact de cette absence-là », explique-t-elle lors de notre entrevue.
Alexandra Boilard-Lefebvre, comme son père qui avait deux ans au moment des faits, n’a jamais connu Thérèse Lefebvre, sa grand-mère.
« J'ai quand même rencontré, interviewé mon père, si on veut, mon oncle, ma tante, mon grand-père, ma grand-mère, puisque mon grand-père s'est remarié après [son décès], mais aussi des voisines, les frères de Thérèse », énumère-t-elle.
En dehors des entretiens, elle explique avoir continué ses recherches dans les archives publiques, privées et familiales, sans oublier les échanges qu’elle a eus avec des archivistes et des coronaires.
Une histoire silencieuse est un roman qui nous permet de suivre une histoire, « qui est à la fois l'histoire de Thérèse telle qu'on me la raconte, mais aussi l'histoire de ces recherches-là, puis l'histoire à travers cette famille-là », confie-t-elle.
Plus profondément, c’est aussi la vie de ces femmes qui, pour Alexandra, sont des histoires silencieuses, mais celle aussi d'une époque et d'une société.
Cependant, elle précise ne pas vouloir prétendre faire un portrait historique de la société, mais elle pense que son œuvre peut toucher des personnes ayant vécu cette époque, ainsi que leurs enfants et petits-enfants.
« C'est sûr que ça parle d'une histoire tragique. [...] mais reste que l'objectif, ce n'est pas d'appuyer sur cette ligne-là […] je pense qu'on voit là-dedans qu'il y a plein de vie, on rencontre une femme qui a une attitude face au monde, qui a une indépendance d'esprit », avance-t-elle.
« De Thérèse, on n’en parlait pas beaucoup chez moi. J'ai toujours eu l'impression de savoir qu'elle avait existé, mais je ne me rappelle pas vraiment le moment où j'ai entendu son nom, [...] mais c'est vrai que les petits moments où on entendait [parler d’elle], c'était juste pour réduire un peu sa vie à cette mort-là », raconte Alexandra Boilard-Lefebvre, qui établit un parallèle avec Delphine Horvilleur, auteure du livre Vivre avec nos morts (2021). Dans celui-ci, Delphine Horvilleur explique « comment les morts, souvent tragiques, les morts jeunes d'accidents ou de suicides sont racontées juste par la finalité. »
« Je dis ça dans ce livre, ce n'est pas un reproche, mais c'est vraiment une réflexion de me dire, oui, on parle de sa mort, mais qu'est-ce qu'il y a d'autre à raconter ? Qu'est-ce qu'il y a d'autre à comprendre de cette femme-là ? », se demande-t-elle.
L’auteure avance que plus elle avançait dans ses recherches, plus la vie de Thérèse se dessinait, et que dans son livre, le lecteur et la lectrice suivent la temporalité de l'enquête, et vieillissent en même temps que sa grand-mère.
« On voit qu’il y a une partie qui est plus axée sur son mariage, mais il y a une partie qui est plus axée sur sa vie de femme, sa vie de jeune fille. »
Toutefois, Alexandra Boilard-Lefebvre insiste sur le fait que nous ne sommes ni dans l’anecdote ni dans la conclusion. Une histoire silencieuse n’est pas non plus une compilation de témoignages ni un album de famille.
« J'essaie de ne pas fermer des sens, j'essaie vraiment d'être témoin. J'ai écrit ce livre-là avec beaucoup d'affection et de respect pour Thérèse, pour les gens que j'ai rencontrés. Je pense que j'ai réussi à transmettre ce rapport de respect, d'accueil, d'ouverture. »
L’un des points forts du livre est qu'il ne lui donne pas d’étiquette précise. L'auteure propose plutôt des pistes et des souvenirs que les gens ont retenus d'elle.
« Quand je récoltais les paroles, ça a toujours été important pour moi de ne pas me mettre en surplomb, de ne pas me dire que c'est moi qui ai le dernier mot, de ne pas être dans le jugement. Mais pour moi, c'était très évocateur de voir comment les gens formulaient l'histoire, comment ça se complémentait, comment ça se contredisait. »
« On peut se faire un portrait de Thérèse, un portrait un peu impressionniste, mais il y a tellement de trous, il y a tellement de manques », développe-t-elle. « J'avais quand même l'impression qu'il y avait une certaine boucle, qu'il y avait une histoire, mais qu'on se terminait en se disant “je ne sais pas exactement c'était qui Thérèse” »
Alexandra reconnaît également que le fait d’avoir assez de matière pour donner un corps littéraire à cette femme, tout comme de permettre aux lecteurs et lectrices de combler les trous et de projeter leurs propres histoires, a été une belle réalisation pour elle.
« Finalement, les retours que j'ai commencé à avoir, c'est beaucoup de gens qui reconnaissent leur famille, qui ont l'impression de reconnaître Thérèse, de reconnaître d'autres membres de ma famille, pas personnellement, mais de vraiment comprendre le parcours de cette femme-là », affirme-t-elle.
Une histoire silencieuse est disponible dès le 15 janvier 2025 aux Éditions La Peuplade.