Du 10 au 12 avril à l’Agora de la danse, la danseuse et chorégraphe basée à Toronto Heidi Strauss présente between me and you, un solo interdépendant entre elle et les spectateurs et spectatrices. Sur scène, elle reproduit la réalité fragmentaire et la dérive que l’on subit à cause de la perte de mémoire et appelle le public a vivre sa propre expérience.

«L’inspiration est venue en grande partie du fait d’essayer de comprendre une sorte de comportement et de moments dans la vie où ils [certaines personnes] perdent la mémoire», nous explique-t-elle lors d’une entrevue accordée à atuvu.ca.

Plus qu’un solo, between me and you est aussi pour la chorégraphe et danseuse une ode sur l’importance d’être à l’écoute de soi et d’autrui, en plus d’aborder la perte de mémoire, un sujet qui la touche particulièrement et qui l’a amené petit à petit à la création de sa pièce.

«Ma mère était en train de perdre la mémoire et c’était une façon de penser aux archives du corps. Une façon de considérer un parallèle avec les archives de l’esprit pour que nous soyons porteurs de l’expérience», ajoute-t-elle.

Avec between me and you, il faut s’attendre à voir théâtre, danse, performance s'entremêler avec musique, lumières et textes. Et selon la chorégraphe, «tout le monde a un point de vue différent sur n’importe quel type de spectacle [...] mais je pense qu’il y a un certain degré d’humour dans le spectacle, une part de réflexion, une part de perte et une part d’ouverture.»

Comprendre la perte de mémoire

Heidi Strauss a l’habitude dans ses pièces d’examiner le comportement humain sous différentes perspectives et cette pièce n’y échappe pas.

Pour traverser la perte de mémoire, elle explique faire appel à des structures d’improvisation. «L’un des aspects de la perte de mémoire, c’est que c’est quelque chose que vous ne pouvez pas contrôler. [...] C’est une improvisation qu’ils [les personnes atteintes de pertes de mémoires] font chaque jour pour naviguer dans le monde».

Sur scène, Heidi Strauss navigue à sa façon «j’essaie de la reproduire d’une certaine manière, j’essaie de comprendre pour moi-même ce que l’expérience peut faire ressentir», conclue-t-elle.

Pour expliquer sa démarche de comprendre la perte de mémoire par le corps, elle explique que si elle devait raconter à quelqu’un sa pièce, elle commencerait par lui demander ce qu’elle porte et d’où cela vient, quelle est l’histoire derrière ce que cette personne porte. 

«Non seulement nos vêtements ont des histoires, mais nos corps ont aussi des histoires, nos esprits ont des histoires», histoires qu’elle s’apprête à explorer, mais pas en étant seule.

Une interaction directe et indirecte avec le public

La chorégraphe est unanime, dans la pièce, il n'est pas seulement question de son histoire, on y retrouve aussi «un espace ouvert à la réflexion sur des choses qui nous sont arrivées, qu’elles soient bonnes ou mauvaises». between me and you, c’est aussi est une pièce interdépendante avec les spectateurs et spectatrices.

Ce solo veut donner de l’espace au public pour qu’il puisse avoir ses propres souvenirs. 

«Je pense que l’ouverture c’est l’espace qui existe pour que les gens, je l’espère, sentent qu’ils peuvent faire le lien entre ce qu’ils vivent et eux-mêmes», explique-t-elle.

Pour elle, c’est «une réalité fragmentaire et changeante qui existe dans l’instant présent pour chacun d’entre nous à différents moments de nos vies».

between me and you parcourt les archives corporelles et fluctue entre les incertitudes et l’ouverture. Heidi Strauss tente par ce solo de traduire par le corps ce qui ne pourra jamais être exprimé de manière cohérente par des mots, tout en laissant une place aux expériences du public. Pour réserver des billets ou pour plus d'informations, cliquez ici.