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Vendetta : Storie di Mafia, ballet contemporain d’Annabelle Lopez Ochoa, dansé par les Grands Ballets Canadiens est présenté jusqu’au 13 avril à la Place des Arts de Montréal. J’avais hâte d’y assister, car j’aime les ballets narratifs. Quelle soirée captivante à travers les méandres du pouvoir, de la passion et de la vengeance dans l’univers des clans mafieux !
Dès les premières minutes, j’ai été happée par l’ampleur de la production. Ce ballet en deux actes est une véritable épopée chorégraphique.
Annabelle Lopez Ochoa, dont le talent est salué internationalement, transporte le public dans les années 1950, des sombres ruelles de Chicago aux néons scintillants des casinos de Las Vegas.
Dès le prologue, le ton est établi : dans une salle de la capitale mondiale du jeu, un crooner peaufine son futur spectacle. Apparaissent quatre Anges de la Mort qui le menacent ; il leur promet de raconter une histoire de vengeance.
Par un changement rapide de décor, on se retrouve à Chicago, à la rencontre des trois familles qui règnent sur le monde interlope de la ville — les Carbone, les Bartoni et les Trassi.
Le mariage entre Rosalia Carbone et Stefano Bartoni, fils d’un clan rival, avait pour mission de sceller une paix fragile, mais l’assassinat sanglant du fils Carbone déclenche une vendetta impitoyable. Cette spirale de violence modifiera le cours de la vie de plusieurs membres de ces familles rivales.
Le père Carbone, victime à son tour, cédera la tête de son clan à sa fille Rosalia. Ayant une volonté de fer, elle deviendra une souveraine impitoyable, gouvernant avec stratégie et par la terreur.
Annabelle Lopez Ochoa, autrice du scénario, s’est inspirée de documentaires sur la mafia et de modèles de femmes fortes pour explorer les thèmes de la vengeance, de la trahison et de l’émancipation féminine.
La chorégraphe belgo-colombienne fusionne avec brio la rigueur du ballet classique, la danse contemporaine, l’expressivité théâtrale tout en évoquant les ombres des films West Side Story et Le Parrain.
Les moments de combat, justes et précis, contrastent magnifiquement avec les valses vertigineuses des moments de célébration et les tangos passionnés.
Les 28 scènes du ballet se déroulent dans un décor ingénieux à deux étages, représentant à la fois les intérieurs feutrés des familles mafieuses et les extérieurs nocturnes urbains.
Les projections en arrière-scène ajoutent une profondeur visuelle nous plongeant dans des atmosphères tantôt glauques, tantôt vibrantes. On est littéralement transporté dans un univers obscur. D’ailleurs, c’est impressionnant à quel point, la lumière, ou son absence, deviennent un personnage à part entière, soulignant les contrastes entre le pouvoir et l’ombre, la vérité et l’illusion.
À quelques moments, j’ai même eu une pensée pour les tableaux de Magritte, avec ces jeux d’ombres combinés aux costumes sombres des hommes avec leur chapeau Fedora.
Dans ce ballet, les couleurs des costumes traduisent bien l’univers et les émotions : les hommes, avec leurs costumes noirs, leurs chemises rouges et leurs cravates, évoquent les figures emblématiques du Parrain. Les femmes, avec leurs robes rouges virevoltantes, ne sont pas en reste. Lorsque Rosalia devient cheffe de clan, elle porte alors le pantalon rouge, probablement un symbole fort de son accession au pouvoir.
La musique de Vendetta est éclectique et puissante : on y retrouve entre autres des accents de blues avec le saxophone, des tangos passionnés à l’accordéon, des tarentelles entraînantes au tambourin et des chanteurs italiens qui ajoutent une dimension lyrique au récit.
Un savant mélange des œuvres de Mancini, Piazzolla, Pergolisi et Bach s’unit aux compositions originales de Peter Salem dans cette fresque sonore qui souligne les tensions dramatiques et amplifie l’impact émotionnel des scènes cruciales.
La technique des danseurs et des danseuses, sur pointes, est tout simplement remarquable. Leur force, leur précision et leur fluidité sont à couper le souffle. Mention spéciale aux hommes particulièrement dans la hauteur de leurs sauts. Les pas de deux sont d’une beauté exceptionnelle, les couples semblant ne faire qu’un dans des mouvements d’une grande intensité dramatique.
Mais au-delà de la prouesse technique, leur capacité à incarner leurs personnages est marquante ; ils jouent la comédie avec une conviction et une expressivité qui nous transmettent toute une gamme d’émotions : la joie, l’amour, la passion, l’inquiétude, le suspense, la crainte, l’hypocrisie, la trahison, la mort…
Créé initialement en 2018, ce ballet marque un tournant dans le répertoire des Grands Ballets Canadiens. La reprise de 2025 conserve toute la puissance de l’original, témoignant de la vision artistique durable d’Ivan Cavallari, directeur artistique de la compagnie.
Certains puristes pourraient trouver que des tableaux ou des scènes démontrent une violence explicite ; peut-être, mais n’oublions pas dans quel univers on est invité. L’audace de Lopez Ochoa, abordant les thèmes universels de la loyauté, de la trahison et du prix du pouvoir, fait la force de Vendetta.
Si je devais émettre une réserve, ce serait sur quelques passages qui à mon sens, pourraient être raccourcis ou supprimés sans nuire à la compréhension de l’histoire. Cela dit, ces rares longueurs n’ont ni gâché mon plaisir, ni rendu le spectacle ennuyeux.
Vendetta : Storie di Mafia est une œuvre audacieuse et captivante qui nous plonge au cœur des passions humaines dans un univers fascinant et dangereux. Avec ce ballet, Annabelle Lopez Ochoa confirme sa place parmi les chorégraphes importants de notre époque.
Les émotions et les images de ce spectacle, d’une durée totale de 2h20 minutes incluant un entracte, ont continué de m’habiter longtemps après les derniers applaudissements. Le sepctacle est présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jusqu’au 13 avril, à 14 h et 20 h.