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Le concert de clôture du festival Suoni Per Il Popolo avait lieu le lundi 30 juin dernier à l’église du Sacré-Cœur-de-Jésus de Montréal. La soirée était présentée en collaboration avec Les Vespérales, No Hay Banda et New Feeling. Les artistes Kara-Lis Coverdale, Noam Bierstone, Daniel Áñez et le groupe Beast prenaient part à l’événement.
L’atmosphère s’est graduellement remplie de petits bruits métalliques, s’élevant doucement dans les allées de l’église. Le percussionniste Noam Bierstone et le pianiste Daniel Áñez cognaient à l’aide de vieux clous les énormes cloches qui étaient exposées près du public. Les bruits tourbillonnaient dans l’espace et nous faisaient frissonner. On pouvait percevoir le chant des oiseaux escortant la tombée du jour, à l’extérieur de la porte principale restée ouverte.
Bierstone usait de toutes sortes d’objets sur sa grande caisse de résonance sur pieds, passant du maillet géant à la brosse de bambou, puis au diapason, pour fabriquer d’impressionnantes tonalités. Le musicien faisait glisser un archet sur la tranche d’une cymbale posée sur le tambour. Une machine fixée sous la peau de ce dernier a ensuite été activée, déclenchant des vibrations. Bierstone me confiait après le spectacle que l’appareil fonctionnait à l’aide d’aimants. Il l’avait réglé à la même fréquence que les vibrations de la Super Ball qu’il traînait sur le haut de la caisse.
Les étranges grondements étaient accompagnés du jeu d’Áñez aux ondes Martenot, l’un des plus anciens instruments de musique électronique, datant de la fin des années 20. Chaque artiste était flanqué d’une table d’harmonie de piano, placée à la verticale. Les impressionnantes constructions étaient rouées de petits coups, sur les cordes, puis sur la carcasse de bois, venant bonifier les textures de drones en arrière-plan.
Sans interruption, la formation Beast a pris le relais. Composée de Katelyn Clark (orgue) et Ben Grossman (vielle à roue), le duo a entamé une prestation immersive du haut du balcon. La musique venait alors de l’arrière de la salle et flottait au-dessus de nos têtes avant d’aller se perdre dans la voûte. Les yeux mi-clos, je percevais les anges gravés au mur, surplombés d’une lumière diffuse. La scène était assortie de grésillements, comme ceux d’une ligne à haute tension, sur fond de longues notes d’orgue.
L’ensemble nous transportait dans un état d’engourdissement apaisant, parfois troublé par d’insolites lamentations sonores. L’attention de l’audience était exceptionnelle. Les représentations des figures divines nous entourant semblaient aussi absorbées par le spectacle.
La fin de la performance a laissé planer un silence ouaté, précédant les applaudissements. Je discutais pendant l’entracte avec les deux musiciens. Grossman me racontait que pour lui, le bâtiment était en fait l’instrument, et que le jeu du duo servait finalement à activer l’espace.
La compositrice Kara-Lis Coverdale a livré un solo d’orgue comme dernière prestation. L'artiste de renommée internationale a joué longtemps. Les sons de l’orgue magistral se transformaient par moment en étincelles fabriquées évoquant le synthétiseur.
Certaines portions me rappelaient le travail de la pionnière de la musique électronique, Laurie Spiegel. Puis une lourde musique se rependait dans l’église, quelque chose d’oppressant qui aurait pu flotter en boucle derrière les portes closes d’un confessionnal. Cette soirée à l’église du Sacré-Cœur-de-Jésus de Montréal aura permis à notre communauté informelle avide de grâce de vivre ensemble une intimité spirituelle, un sacrement sonore.
Retrouvez la couverture de Suoni Per Il Popolo ici.