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Vicky Mettler, la guitariste et productrice derrière Kee Avil, lançait son plus récent album Spine au centre PHI le 30 mai dernier. Nadège Grebmeier Forget, pierre angulaire du monde de la performance montréalaise, a offert un numéro d’ouverture unique comme elle seule sait le faire.
Permettez-moi d'admettre d'emblée que j'ai un parti pris pour les deux artistes qui étaient présentes au centre PHI jeudi dernier. Le travail de Kee Avil possède toutes les caractéristiques susceptibles de me plaire. Active depuis de nombreuses années au sein de la scène locale expérimentale, Mettler a pris part à plusieurs projets avant de donner naissance à Kee Avil avec la parution d’un EP en 2018. C’est en 2022 que la musicienne sortira son premier album Crease sur l’étiquette indépendante montréalaise Constellation.
Dès lors, Kee Avil apposera sa marque empreinte d’une force particulière, contagieuse, imprévisible, parfois inconfortable. Son premier opus a récolté une nomination aux prix Juno ainsi que de nombreuses critiques élogieuses, en plus d’être sélectionné comme Album du jour par Bandcamp et de faire partie de la sélection des Albums de l'année de la plateforme de musique en ligne. L'EP Crease Remixed est sorti en 2023 et inclut des versions remixées de Gone again par Pelada et I too, bury par Claire Rousay.
Sur son nouvel album Spine, les chants de Mettler nous ensorcellent tels ceux d’une sirène affligée, côtoyant toutes sortes de bruits insolites. Chuchotements, râles et complaintes créent une sorte d’incantation lourde et fracturée, assortie de guitare et de textures électros dissonantes. La pièce Gelatin débute avec les paroles Like a puppet with no strings, quelques mots représentant plutôt bien le côté flasque et désarticulé du disque. La couverture de ce dernier nous offre d’ailleurs le visage de la musicienne (responsable de la direction artistique du projet), tête en bas, couvert de matières organiques et de moisissures bleutées.
La soirée de lancement de Kee Avil a débuté avec une performance de l’artiste interdisciplinaire Nadège Grebmeier Forget. Cette dernière nous a présenté un «reenactment» de sa pièce CREAMY DELUXE datant de 2013. Les beignes au sucre en poudre, le pot de crémage Betty Crocker et le papier cellophane étaient toujours au rendez-vous, alors que la robe blanche de l’époque était remplacée par une robe sombre et scintillante.
Il y a onze ans, j’assistais au spectacle de Grebmeier Forget, entourée de perruques et de plantes au sol, munie de sa webcam et de son langage visuel si caractéristique. L’air embaumait le sucre blanc. L’odeur combinée aux actions plutôt gênantes de l’artiste avait généré chez moi un malaise synesthésique. La version 2.0 de CREAMY DELUXE proposée au centre PHI la semaine dernière, mettait en scène une Nadège plus mature mais toujours aussi avide de déjouer les codes. Opulente camgirl, provoquant l’auditoire en dévoilant son corps objet rendu public, Grebmeier Forget nous a tenu en haleine jusqu’au bout. Après avoir léché des paillettes, offert son derrière comme socle précaire à une fleur coupée dans une coupe pleine d’eau, inséré des beignets dans ses collants résille enduits de crémage, puis enrobés de plusieurs couches de papier cellophane, l’artiste a salué la foule, tirant sur le bas de sa tenue comme pour faire disparaître les traces de sa troublante représentation.
Mettler est arrivée sur scène vêtue d’un petit ensemble noir agencé à une paire de collants et d’escarpins à talons de la même couleur, un ruban rose enserrant son ventre. Accompagnée de Kyle Hutchins derrière ses percussions et instruments divers, et des époustouflantes projections en direct de Myriam Bleau, Kee Avil a conquis le public avec sa voix envoûtante, son jeu de guitare franc et ses mouvements curieusement suaves. La musicienne ayant entre autres partagé la scène avec SUUNS, Stephen O'Malley, Xiu Xiu et Klô Pelgag, semblait à son aise au centre des projecteurs. Telle une puissante reine post-punk dotée d’un étrange magnétisme.
L'album Spine de Kee Avil est disponible sur Bandcamp. Photos par Mlynello Art Mlynello.