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Entre roman, humour, souvenirs et musique, Marco D’Agostin nous livre Gli Anni, une œuvre qu’il a créée pour sa meilleure amie, Marta Ciappina, qui mène ce solo. Cette pièce, présentée à l’Agora de la danse jusqu’au 14 mars, plonge profondément dans les souvenirs de l’interprète, tout en faisant, intérieurement, appel à ceux du public. L’histoire est aussi et surtout celle de Marta, marquée par la mort de son père, un avocat italien assassiné par la mafia. Retour sur une création qui étonne, comme un bon roman.
Le public n’est pas encore installé que le spectacle semble avoir déjà commencé. Marta écrit dans un livre, le repose, danse et effectue des mouvements, comme si elle réfléchissait, avant de recommencer à écrire. Elle se déplace silencieusement sur la scène, s’engouffrant dans des mouvements répétitifs. Puis, soudain, lorsque tout le monde est en place, le livre s’ouvre et l’histoire débute.
Des objets sont posés ici et là : une petite table, une bouteille, un cahier et un tableau flottant dans les airs.
« Je m’appelle Marta Ciappina et aujourd’hui je suis allée au marché et j’ai acheté 1 citron, 2 citrons, 3 citrons… » C’est avec cette phrase, cette énumération qui nous suivra tout au long de la pièce, que Gli Anni débute véritablement.
L'auteur en danse Marco D’Agostin, passionné de littérature, surprend par sa mise en scène romanesque.
Du début à la fin, le spectateur est confronté à des codes livresques, rappelés par le petit tableau suspendu, sur lequel sont projetées des paroles, des images, mais aussi des éléments typiques d’un livre : l’épigraphe, une dédicace, et même une « page » achevée d’imprimer à la fin.
Le roman ne nous quitte jamais, allant jusque dans les inspirations de Gli Anni, qui inclut Les Années, roman d’Annie Ernaux, comme l’a expliqué Marco D’Agostin lors d’une entrevue.
Dans la pièce, Marta évolue comme au fil des pages, saisissant des objets avec soin, les déposant délicatement avant d'y apposer une pancarte numérotée, lançant ainsi le puzzle d’une « scène de crime » en construction.
Gli Anni est composé de deux parties, et si vous vous êtes informés à son sujet avant de la voir, certaines bribes vont vous rappeler certains éléments.
Parfois, on observe Marta évoluer sur scène, sous la musique, tout en se souvenant, sans que nous puissions comprendre ce qui se passe exactement. L’intégration d’une playlist pop-rock et de sons nous aide néanmoins à percevoir l’intensité de la situation.
Même si l’on ne comprend pas tout, comme dans un bon roman policier, et que l’on est légèrement frustré, impatient de voir le dénouement, en tant que spectateur, ou plutôt, de lecteur, il faut faire preuve de patience. Car même la première phrase et l’énumération des citrons, qui paraissent d’abord énigmatiques, finiront par prendre tout leur sens.
Gli Anni consiste aussi à prendre le temps de se laisser emporter par Marta, de scruter ses gestes et mimiques, de profiter du temps présent. On assiste à des enchaînements tantôt dynamiques, tantôt gracieux. Puis, lorsque tout éclate, c’est le moment de faire marche arrière. Marta se libère, raconte son histoire à travers des images d’archives de sa famille, s’approprie le récit après avoir laissé le public imaginer et réfléchir.
« On a dû mal à croire, que, dans la cour de cette belle villa ils ont tué un avocat »
L’interprète réexécute ses mouvements, chante parfois silencieusement en remuant les lèvres et le temps de la patiente est révolu. Le spectateur a juste à se laisser transporter pour percer les secrets qui le travaillaient.
Gli Anni est assurément une pièce nostalgique. Triste ? Cela dépend de vous. La pièce évoque plutôt un côté émouvant, poignant, qui va de pair avec la nostalgie.
Heureusement, pour alléger cette histoire lourde en raison de son caractère dramatique, Marco D’Agostin fait appel à l’humour pour détendre l’atmosphère, et cela fonctionne. Des situations décalées, parfois un peu absurdes, qui viennent alléger nos cœurs.
Et encore ici, Marco D’Agostin laisse sa trace en truffant ces passages de références littéraires ou culturelles. Marta cite Harry Potter, Madame de Bovary, Sailor Moon ou encore 8 1/2 du réalisateur Fellini : des noms, références, qui sont parfois lâchées, comme ça, avec simplicité, mais qui font leur effet.
On peut aussi penser à d’autres moments, par exemple, quand Marta sort un (faux) petit chien de son sac. Un geste simple et banal qui a su faire sourire quelques personnes dans la salle. Des éléments qui contrastent avec le sérieux de la pièce, afin d’éviter que l’on sombre dans une nostalgie trop profonde.
En bref, Marta Ciappina et Marco D’Agostin nous livrent une œuvre qui sort de l’ordinaire. Elle nous captive, nous questionne, nous attendrit et nous fait rire à petite dose. C’est une œuvre imprégnée de nombreuses références, qui ravira toute personne passionnée de littérature et de culture.