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«Il est désormais impératif d’agir avec bienveillance. Coûte que coûte.» Seulement, est-ce humainement possible de le faire? C’est l’une des questions sur lesquelles se penche avec humour Faire le bien, première pièce de la saison 2024-2025 du Théâtre du Rideau Vert.
La prémisse est captivante. Poser un regard multicouche sur la rectitude contemporaine en ciblant les paradoxes et lignes floues du politically correct promet. Le tout à travers une mise en scène de Claude Poissant somme toute simple, laissant la place aux textes de François Archambault et Gabrielle Chapdelaine.
La distribution est excellente. Il s’agit de la deuxième édition d’une collaboration entre le Théâtre du Rideau Vert et le Théâtre français du Centre national des arts (CNA), qui permet de faire monter sur scène des finissants d’écoles professionnelles de théâtre.
Accompagnés d’Eve Landry, les jeunes comédiens sont tous très solides. Xavier Bergeron, Anaelle Boily Talbot, Mehdi Boumalki, Simon Champagne, Christophe Levac, Elizabeth Mageren, Charlotte Richer et Léa Roy livrent des performances sans faux pas, avec une justesse comique impressionnante.
En une vingtaine de tableaux, la troupe aborde une multitude de thématiques : « Premier baiser », « Parole impeccable », « Superallié », « Faire le bien », « Faire encore mieux », etc. Des scènes qui, malgré une proposition intéressante, auraient parfois mérité un traitement plus en profondeur, ou même de pousser leur caricature encore plus à l’extrême.
Plusieurs vignettes sur les relations amoureuses sont efficaces. On présente avec humour les discussions importantes qui amènent une conscientisation de l’importance du consentement. Décrire avec précision les gestes que l’on compte poser importe, mais amène une perte de spontanéité qui, poussée de manière humoristique, donne un résultat comique.
Mais certains autres traitements des enjeux liés aux relations amoureuses fonctionnent moins bien. Un partenaire jaloux et possessif revient à plusieurs reprises faire des monologues sur son amour (toxique, ce qu’on comprend au fil de son texte qui laisse deviner une certaine violence de manière graduelle), alors que son amoureuse est en retrait, au fond de la scène. La chute survient quand elle prend à son tour la parole, chantant les raisons pour lesquelles les femmes aiment autant les podcasts de style true crime.
Les deux concepts sont liés au même thème, soit à la violence dont sont victimes les femmes, mais des liens plus directs entre les deux semblent manquer. Oui, nombre de femmes sont captivées par le true crime parce qu’elles peuvent se voir à travers ces horreurs ou parce qu’elles sentent que leur écoute leur apprend à se protéger; une réflexion intéressante à mettre en scène. Cependant, cette chanson en guise de chute ouvre une autre branche de réflexion sur la violence envers les femmes plutôt que de clore celle qui était déjà entamée.
Le numéro sur la guerre détonne du lot. Des propos proguerre atroces sont dits, laissant la salle muette (ce qui a été assez rare durant la première du 29 août, qui avait un public particulièrement réceptif), jusqu’à ce qu’Eve Landry lance au public que certaines réalités ne devraient pas avoir leur place sur scène, même au nom de l’art.
Il s’agit probablement d’une des seules scènes qui invite vraiment à réfléchir (ce qui est assez étonnant avec la prémisse du spectacle), mais que dénonce-t-on concrètement ici? La rhétorique pro-guerre en soi ou la représentation insensible de la guerre à travers l’art? Malgré ce flou, ce moment est saisissant, bien interprété par Xavier Bergeron et Eve Landry, en plus de tenter une profondeur rafraîchissante.
Faire du bien donne envie de creuser davantage les sujets présentés, peut-être en coupant certaines longueurs (dont le numéro sur le congédiement d’employés qui est long et qui tourne en rond, considérant que la chute est rapidement prévisible), mais aussi en variant les perspectives par les textes.
La variété dans les comédiens, amenant des interprétations nouvelles, donnait envie à ce que les textes fassent de même; qu’on nous présente des propositions différentes dans le jeu, mais aussi dans les textes.
Cela étant dit, il faut insister sur le fait que la salle comble d’un public bien garni d’artistes UDA a beaucoup ri lors de la première. Peut-être le manque de nuances perçu ici découle du décalage en âge avec le public, plus réceptif à l’approche des textes de Gabrielle Chapdelaine et François Archambault.
Faire le bien, mis en scène par Claude Poissant, est présenté au Théâtre du Rideau Vert du 27 août au 14 septembre.