Mercredi 21 mai, à l'Olympia de Montréal, se tenait la première médiatique d’En Feu, le premier spectacle solo de l’humoriste Silvi Tourigny qui n’a pas manqué de souligner que c’était sa 1^re première. Et ce ne sera sûrement pas sa dernière si j’en juge par la réception enthousiaste que lui a réservée la foule.

Comme l’aurait jadis exprimé Jacques de La Palice, on jamais une 2^e chance de faire une 1^re bonne impression. Heureusement pour Silvi, elle a fait très forte impression. Un flot ininterrompu de sourires, rires et fous rires a généreusement déferlé durant toute la durée de sa prestation survoltée dont le prélude a possiblement consisté en l’ingestion de quelques boissons survitaminées : elle bouge et se déhanche beaucoup la  Silvi — et la Carole ne donne pas sa place non plus - de façon intentionnellement gauche, mais loufoquement adroite.

À 42 ans, cette humoriste et maman d’un enfant de 10 ans en est maintenant rendue à sa 16^e année d’une carrière qu’elle a embrassée à l’âge de 25 ans. Graduée de l’École de l’humour en 2009, elle a notamment assuré la 1^re partie du spectacle de son amie et complice Cathy Gauthier durant huit ans. Au départ elle a émergé sur la scène de l’humour grâce à son mémorable personnage fétiche de Carole, son alter ego, experte et conseillère en tout, mannequin par excellence du sexy col roulé beige comme sa personnalité à l’air volontairement bête, c’est-à-dire souffrant en permanence d'un rictus interruptus.

Tout comme 90% des spectacles auxquels j’assiste, celui-ci a commencé en retard (de quelque 15 minutes), tradition oblige, je présume, pour se terminer presque 90 minutes plus tard, sans entracte, dans l’allégresse de la foule (qui comptait son lot de célébrités du milieu artistique) et les longs remerciements teintés de gratitude de Silvi envers Pierre, Jean, Jacques et tutti quanti.

Le spectacle d’humour d’un ou d'une monologuiste comique, c’est d’abord et avant tout une enfilade de blagues, où « une ligne, un punch » est la règle d’or à observer. Silvi excelle à cet exercice qu’elle exécute à un rythme soutenu, presque qu’étourdissant.

Je ne divulgâcherai aucune de ses blagues en vous la racontant et en ruinant ainsi l’effet surprise responsable de tant de nos rires les plus spontanés. Mais je peux très certainement vous révéler le déroulement du spectacle.

C’est d’abord l’omnisciente conseillère Carole qui s’amène sur scène et nous dilate la rate pour les 10 à 15 premières minutes avant de s’éclipser pour laisser toute la place à Silvi qui, sporadiquement, laisse tout de même ressurgir la Carole qui l’habite.

Les sujets qu’aborde la verbomotrice Silvi sont, entre autres : la famille et l’éducation d’un enfant à la maison en temps de COVID, sa passion des animaux et de la moto, les étranges pratiques et pratiquants de la danse qu’elle aime bien observer, les passe-temps de ses parents Georgette et Ti-Pit, les hommes et la vasectomie, les clubs échangistes et les clubs de danseuses nues.

Si le spectacle de Silvi était présenté sur film à la télé, il serait précédé d’un avertissement prévenant les parents qu'il s’adresse à un public de 16+ ans parce qu’il contient des gestes et du langage vulgaires. D’où mon choix de titre pour cette critique.

En effet, il se démarque, comme beaucoup (trop?) de spectacles d’humour de nos jours, par l’usage abondant de sacres, de propos scatologiques et sexuels, de gestes évocateurs non équivoques, que je ne vais pas me bâdrer de vous décrire ou énumérer tellement ce sont des lieux communs, que vous pouvez aisément imaginer puisqu'ils sont couramment banalisés et prisés par certain(e)s humoristes. Silvi est donc membre à part entière du club des sans-gêne pour lesquels rien n’est tabou et pour qui l’usage d’un langage cru est naturel, autant encouragé que justifié par les rires et applaudissements qu’il génère. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens?

La volubile, dynamique et articulée Silvi est redoutablement efficace, et se donne entièrement pour un public appréciatif de son genre plutôt populo populaire d’humour. Si le paragraphe ci-dessus a suscité votre intérêt et vous a même persuadé d’assister à ce spectacle fort bien rodé qui se déroule au quart de tour, alors que grand bien vous fasse si la grivoiserie est votre tasse de thé!

Ce spectacle m’a permis de découvrir un théâtre que je n’avais jamais fréquenté auparavant. Bien que j’aie assisté à plus de 300 spectacles au cours des 9 dernières années, le hasard ne m’avait pas encore conduit dans cette magnifique salle. Voilà qui est maintenant fait. Je compte bien récidiver.

L'enflammée Silvi Tourigny, alias Carole, a de nombreuses dates à vous proposer pour une prochaine représentation un partout en province, avec escale d’un soir, le samedi 31 mai, au Cabaret du Casino Montréal. Procurez-vous des billets en accédant dès maintenant à son site internet.