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La Fonderie Darling accueille jusqu’au 7 février 2025 Dépaysement : les eaux intimes, une expérience performative créée par Marie-Hélène Bellavance et Georges-Nicolas Tremblay, en collaboration avec Corpuscule Danse et Danse Cité. Les interventions des artistes et des spectateurs dans l’espace participent à la métamorphose en continu de l’exposition. Retour sur le soir de première qui avait lieu le 16 janvier dernier.
Marie-Hélène Bellavance porte de nombreux chapeaux. Artiste visuelle, actrice et danseuse issue de la diversité corporelle, cette dernière est interprète depuis 2004 pour Corpuscule Danse, première compagnie professionnelle de création en danse inclusive au Canada. L’entreprise a été fondée en 2000 par l’artiste en situation de handicap, France Geoffroy, ainsi que Martine Lusignan et Isaac Savoie. Suivant le décès de Geoffroy (surnommée « la danseuse à roulettes ») en 2021, Bellavance codirige et partage maintenant la direction de création de Corpuscule Danse aux côtés de Georges-Nicolas Tremblay.
Le public entrait petit à petit dans la Fonderie Darling jeudi soir dernier. On nous suggérait de laisser nos bottes couvertes de neige près de la porte, et d’enfiler une paire de pantoufles colorées en phentex. Après avoir accroché notre manteau sur les supports déjà débordants d’habits d’hiver, nous étions prêts à traverser vers la salle d’exposition dans laquelle l’atmosphère étrangement familière promettait de nous réchauffer l’âme.
De l’autre côté de la porte se trouvait une station de ravitaillement garnie de gourmandises et de thés offerts aux visiteurs. Une multitude de sons rencontraient nos oreilles : enregistrements de terrain parsemés d’oiseaux, vinyles d’époque grésillants, drones sourds et lointains, etc.
L’énorme espace industriel était rempli de trouvailles d’un autre temps : meubles antiques, bobines de fils de toutes les couleurs, vêtements et souliers divers, artéfacts disparates ravivant une mémoire commune empreinte d’anecdotes et de souvenirs.
Les performances des interprètes Ariane Boulet, Anthony Dolbec, Simon Renaud, Alexandra Templier, Georges-Nicolas Tremblay, Marie-Hélène Bellavance ainsi que sa fille Romane Lavigne, se déroulaient simultanément de 19 h 30 à 21 h. L’espace principal était divisé en plusieurs sections permettant au public de passer d’un tableau à l’autre en traçant sa propre route, à la frontière du rêve et de la réalité.
Les artistes déambulaient solennellement dans le lieu, changeant de costumes et établissant de délicats contacts avec l’audience. Le tout était entrecoupé de moments chorégraphiques plus dirigés : une danse insolite partagée avec un canapé de velours vert, une valse légère puis frénétique de mains près du visage, illuminé par les reflets de l’eau d’un bassin recueillant des larmes de glace, un exercice de haute voltige effectué sur le toit d’un cube blanc de la taille d’une petite maison, au rythme d’une musique donnant envie de se trémousser.
Trois scènes m’ont particulièrement ému, éveillant en moi une profonde sympathie. Bellavance et Renaud ont partagé un moment de grande vulnérabilité, dansant ensemble comme si leurs vies en dépendaient. Usant d’un fin mélange de force et de délicatesse, les deux interprètes enlacés semblaient prisonniers d’une lutte passionnelle.
Un rideau de plantes séchées laissait entrevoir une chaise sur laquelle Bellavance s’est assise. La danseuse a enlevé ses jambes prothétiques pour les remplir de fleurs. Ses collègues l’ont accompagné dans cette action poétique, allant jusqu’à insérer des herbes sous le col de son chandail. L’éclairage est passé au rouge. Bellavance, immobile sur son trône, s’est retrouvée seule au cœur de cette nature à la fois morte et vivante.
De grands morceaux de textiles rouges étaient suspendus au plafond de la Fonderie, évoquant de douces tripes de tissus. Les artistes féminines ont pris place autour de l’installation. Romane Lavigne a entonné, avec sa petite voix, la chanson Une sorcière comme les autres de Pauline Julien. L’enfant possédait un troublant magnétisme, une fragilité qui a désarçonné les spectateurs. Les femmes chantaient au centre de cette splendide fresque visuelle et sonore. Elles étaient posées les unes près des autres, se nouant les cheveux, prenant part à la création d’un rituel multigénérationnel commun.
La soirée s’est clôturée avec un numéro collaboratif mettant en scène la quasi-totalité de l’équipe sur un tapis de jeu. Lavigne et Tremblay ont plutôt choisi de prendre place sur le toit du cube blanc, pour profiter de la vue. Les danseurs présents au sol ont offert une prestation pleine d’une lourdeur maîtrisée, comme consumés par la fatigue. Chancelants, ils ont esquissé un dernier tableau empreint d’émotions.
Consultez le calendrier des activités, en cours jusqu'au 7 février 2025.