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C’est durant l’écriture de son long-métrage L’Affaire SK1, en 2014, que Frédéric Tellier s’intéresse au monde agricole et à l’usage des pesticides, principalement le glyphosate. Après être tombé sur un recueil qui attire son attention, il décide de se lancer dans une enquête qui durera plus de 5 ans pour pouvoir écrire le scénario de Goliath, où l’on suit trois destins atteints à différents niveaux par ce géant de l’agrochimie.
France, professeure de sport le jour, ouvrière la nuit, qui milite activement contre l’usage des pesticides suite à une accumulation de décès et une hausse des cancers et des naissances avec malformations dans sa région. Patrick, obscur et solitaire avocat parisien, spécialiste en droit environnemental. Puis Mathias, lobbyiste brillant, tout aussi véreux que fascinant, qui défend les intérêts d’un géant de l’agrochimie. Suite à l’acte radical d’une anonyme, ces trois destins, qui n’auraient jamais dû se croiser, vont se bousculer, s’entrechoquer et s’embraser.
Alors que le premier tiers du film peine à nous convaincre, étant à la fois très documentarisant —en allant dans la veine du cinéma de Stéphane Brizé— et tirant rapidement vers le pathos, Tellier réussit finalement à offrir un long-métrage captivant au rythme dynamique, sur un sujet encore trop tabou. Rappelons que Goliath s’inspire de faits réels se basant sur le scandale phytosanitaire du glyphosate, un herbicide très controversé, accusé d’être toxique. Aujourd’hui, ce pesticide est encore autorisé et fortement utilisé en Europe. En France, sa consommation s’élevait à plus de 8 500 tonnes en 2020 alors qu’Emmanuel Macron avait donné sa « parole présidentielle » en 2017, assurant qu’il serait interdit dans les trois ans suivant son élection. Cette promesse —évidemment— n’a jamais été tenue.
Tellier s’entoure d’un casting cinq étoiles pour conter ce drame environnemental. Pierre Niney campe un publiciste sournois, égoïste et manipulateur. Son interprétation est extrêmement juste. Tout aussi charismatique que détestable, son personnage s’éloigne de ses précédents rôles et vient étoffer son panel de jeu, là où nous le connaissions moins. À ses côtés, Gilles Lellouche et Emmanuelle Bercot réussissent à s’emparer de nos émotions et livrent également deux très belles interprétations. Laurent Stocker, de la Comédie Française, et Jacques Perrin s’ajoutent à la distribution et livrent des performances réussies, sincères et sensibles.
Le montage, entrecoupant ces trois histoires qui se mêlent, est haletant. Montées en parallèles, les séquences viennent de plus en plus se confronter pour nous faire passer d’une trame narrative à une autre. La bande originale, subtile, composée par Bertrand Blessing, accentue l’aspect saisissant du film, sans en faire de trop.
Mettant en avant assez de faits réels pour alerter ses spectateurs tout en laissant la magie du cinéma opérer, Goliath s’ajoute à la liste des films à effets-chocs tel qu’Erin Brockovich et Dark Waters, pour ne nommer qu’eux. Nous ressortons du cinéma en faisant le constat accablant et bien triste, que les leaders de cette industrie, une belle brochette d’hommes blancs, feront tout pour continuer de gagner leur pactole. Mais, comme le dit le personnage de France « Je n’ai pas trouvé la fronde contre ce Goliath là, mais je sais que tous ensemble nous allons continuer à nous battre, jusqu’à ce qu’on obtienne, un jour j’espère, des lois justes. […] Est ce qu’il existerait un jour un monde sans tout ça ? Je veux croire que oui. Je veux croire qu’il y a un autre monde possible. Plus honnête et plus humain. »