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Animée par Patrick Fabre, qui a livré un discours stupéfiant et touchant avec un mash-up de tous les titres des films présentés lors de cette 27e édition du festival, la cérémonie a permis de remettre plusieurs prix officiels. Se sont vus récompensés les films Freda de Gessica Généus, Petite nature de Samuel Theis, Lingui les liens sacrés de Mahamat-Saleh Haroun et Memory Box de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas. Leur Algérie de Lina Soualem a gagné le prix du meilleur documentaire et 407 Jou le prix du meilleur court-métrage.
Suite à la remise de prix, qui était assez émotive après l’année pandémique passée, s’en est suivi le film de clôture, Illusions Perdues de Xavier Giannoli (à qui l’on doit également les films L’apparition, À l’origine ou encore Marguerite), nouvelle adaptation du roman de Balzac. On y suit Lucien de Rubempré, dans les années 1800, un jeune poète inconnu qui quitte sa province natale pour tenter sa chance à Paris en suivant sa maîtresse, une femme plus âgée et de pouvoir. Livré à lui-même, il découvre les coulisses d'un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Une comédie humaine où tout s'achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes. Il va aimer, souffrir, et survivre à ses illusions.
Présenté en compétition officielle lors de la 78e Mostra de Venise, Illusions Perdues nous plonge dans le classique d’Honoré de Balzac où l’adaptation y est ici somptueuse, colorée et épicurienne. Le casting est exceptionnel. Le jeune Benjamin Voisin qu’on avait découvert dans Été 85 (présenté au Festival Cinémania l’an passé) est particulièrement incroyable et confirme ici son talent. À ses côtés, une panoplie d’acteurs français lui donnent la réplique: le talentueux Vincent Lacoste, surprenant dans le rôle d’Etienne Lousteau, l’incroyable Gérard Depardieu, cocasse à souhait en éditeur analphabète, Jeanne Balibar, toujours aussi impressionnante et Cécile de France, qui nous convainc dans ce rôle plus éloigné de ce qu’elle fait à son habitude. Également, Salomé Dewaels, qui incarne Coralie, la conjointe de De Rubempré, est une jolie révélation. Puis, Xavier Dolan prend ici l’accent français pour interpréter Nathan d’Anastazio, un romancier royaliste, à la diction aiguisée. Le rôle lui va à ravir et il est impeccable dans sa performance. On notera également la dernière apparition de l’acteur Jean-François Stévenin, qui nous a quittés peu après le tournage de ce film. Bien que les personnages soient multiples et que le casting y est éclatant, nous notons l’importance des personnages féminins qui sont les personnages forts de cette narration, en contrôle de leurs destins.
Le film est étonnement actuel. La critique de la presse, des journalistes achetables, des papiers vendus aux plus offrant, de l’importance de la publicité ou encore de l’achat des applaudissements ou des huées: toutes ces actions restent très présentes encore aujourd’hui dans notre quotidien et rappellent fortement le poids qu’ont les réseaux sociaux dans la société occidentale. Le journal pour lequel se met à écrire notre héros, le Corsaire-Satan, rappelle également un certain Canard enchaîné français et les débats abordés durant le film rejoignent les questionnements autour de la liberté d’expression. Illusions Perdues n’aura jamais aussi bien modernisé Balzac tout en restant dans la temporalité initiale du roman.
La mise en scène est léchée et les répliques fusent. Le réalisateur accorde une importance accrue à la lumière, aux décors et aux costumes, qui sont excellents, et qui permettent une immersion des plus agréables dans ce XIXe siècle parisien. L’omniprésence d’une narration en voix-off est ici pertinente et permet de créer un lien encore plus concret avec l’oeuvre littéraire. Bien que le film soit dense, il restitue dans les moindres détails le cadre spatio-temporel balzacien. Illusions perdues est une tragédie aux répliques cinglantes qui offre une peinture brillante de l’arrivisme dans une société rongée par la corruption.